RDC/Anniversaire de la mort de Tshisekedi : « Tshisekedi c'est mon papa » dit Déo Bizibu Balola( témoignage) | La PrunelleRDC

Déo Bizibu Balola est président fédéral honoraire de la fédération de Bukavu de l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS. Depuis plus d’un an, il refuse de se confier aux médias, et ne se confient aux journalistes que quand on lui demande de témoigner sur son ami, celui qu’il appelle « papa ». Il s’agit d’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, président de l’UDPS jusqu’en fin Janvier 2017 avant de décéder à Bruxelles le 1er février de la même année. Laprunellerdc.info le rencontre à la permanence de son parti politique en face de la mairie de Bukavu prêt à participer à la matinée politique organisée pour commémorer le premier anniversaire de la mort de celui qu’on appelait « sphinx de Limeté » ou encore Ya Tshitshi.

Il accepte de se livrer à nous. Voici l’intégralité de l’entretien. (Témoignage)

Le président Tshisekedi dont nous célébrons aujourd’hui l’an un depuis qu’il est décédé, je dois dire qu’il a été pour moi un formateur mais je l’appelais papa.
Tshisekedi, je l’ai rencontré la première fois un certain 15 mars 1997 exactement le jour où Kisangani tombait dans les mains de l’AFDL. Je l’ai rencontré à Kinshasa. Moi venant du Bas-Congo, pour le compte de la Fédération de l’UDPS Boma-Mwanda de l’époque. J’étais encore à l’époque à la ligue des jeunes de L’Udps qu’on appelait JUDPS .

« Je le voyais régulièrement et j’ai appris à le connaître ».

Il me recevait pour la première fois le 15 mars 1997 et il se peut que quand l’FDL prend le pouvoir en ce moment là, je suis à la ligue des jeunes de l’UDPS. Tout le comité fédéral de l’UDPS Boma- Mwanda adhère à l’Afdl à l’époque ; l’Afdl qui avait dissous tous les partis. Disait-elle, tous les partis politiques au frigo. Activités politiques interdites, à l’époque. Nous nous sommes retrouvés nous ligue des jeunes propulsés au niveau fédéral directement. Nous on pas connu de transition.
Après 1997, il se peut que je monte à Kinshasa pour les études universitaires. Et là j’étais entrain de faire la liaison entre la fédération de Boma et la direction politique nationale à Kinshasa. J’étais pratiquement dans la cours et j’étais chargé de l’information. Tous les vendredis je me rendais au cabinet du président Tshisekedi pour récolter tous les journaux parce qu’à l’époque et même avant sa mort, tous les journaux paraissant à Kinshasa envoient un numéro au président Tshisekedi et à la fin je venais prendre tous ces journaux là qu’il avait déjà lu , je les mettais dans différents paquets et j’expédiais de Kasangulu jusqu’à Muanda à l’océan Atlantique et donc à Banana. Ça me permettait dejà de côtoyer la cours. Par la suite, j’ai été au comité national de l’UDPS, la fédération de Boma-Mwanda m’a envoyé la représenter au comité national et j’étais le collaborateur de l’ancien secrétaire général, Remy Massamba qui est un natif du Congo central et donc avec tout ce travail que je faisais j’étais dans la cour du président Tshisekedi, je le voyais régulièrement et j’ai appris à le connaître.

« Il était modeste et consommait généralement Congolais »

Tshisekedi c’était d’abord la modestie. Je vous donne une anecdote : en 2002, je conduis l’association des illettrés du Bas-Congo, de Kisantu qui voudraient voir le président Tshisekedi après avoir pris rendez-vous avec le cabinet du président et nous nous retrouvons au niveau du croisement 10ième rue petit boulevard ; nous rencontrons le cuisinier du président Tshisekedi dont son surnom était Machette et voici cet homme qui portait un panier dans lequel il y avait des amarantes et quand je dis au délégué de l’association des illettrés de Kisantu, que c’était le cuisinier du président il n’en revenait pas. Il m’a dit : « non non non ce n’est pas vrai ». On a marché derrière le cuisinier à pieds parce que là ça demande entre 150 et 200m jusqu’à la résidence du président Tshisekedi , nous pénétrons avec lui dans l’enclos et pendant que nous sommes assis dans la grande paillote attendant qu’ils soient reçus, ils voient maintenant, le cuisinier vers la cuisine entrain de laver ses amarantes. C’est là qu’ils m’ont cru que c’était le cuisinier du président Tshisekedi. Eux pensaient que Tshisekedi était un homme qui devait manger seulement quelque chose qui devait venir de l’Europe et consorts mais c’était vraiment un homme qui avait avec lui la modestie. C’était un homme simple, il n’était pas comme d’autres hautes personnalités qui prenaient des choses venant de l’Europe. Il était vraiment modeste et consommait généralement Congolais. C’est ce qui m’a d’abord frappé.

« Tshisekedi respectait les compétences et les attributions de chacun »

J’ai connu le président Tshisekedi aussi dans le travail, dans la mesure où c’était quelqu’un qui respectait les compétences et les attributions de chacun. Je me retrouve d’abord au comité national, dès qu’une matière n’était pas sa matière, nous allions chez lui solliciter son arbitrage, à l’époque c’était Valentin Mubake qui dirigeait le comité national et chaque fois le président Tshisekedi nous disait : «  non, ça ce n’est pas de ma compétence. C’est votre attribution, ce sont vos attributions, vous êtes parlementaires du parti » et il ne s’y mêlait pas. Je me suis retrouvé ici à Bukavu comme président fédéral, le président Tshisekedi  vient ici à Bukavu pour le meeting de campagne et d’abord nous sommes à l’aéroport et nous avions un secrétaire national qui venait de Kinshasa. A l’époque c’était Baguma (que son âme repose en paix). Il se précipite d’accueillir le président Tshisekedi au pied de l’avion et Tshisekedi qui le fixe et qui se rend compte que ce n’était pas le président fédéral qui le recevait et devant caméras des journalistes, le président Tshisekedi pose la question : « où est le président Fédéral ? ». Et l’homme devait se pousser pour me laisser place. Et nous nous avions décidé avec le comité fédéral que si le comité Tshisekedi arrivait ici le soir ou la nuit, il n’y a pas de meeting parce qu’il y avait une campagne contre lui qui disait qu’il ne marche plus, il ne sait plus se tenir debout et pour nous un meeting la nuit c’était une contre campagne contre lui et on avait décidé qu’on le reporterait au lendemain. A l’époque, j’ai vu son conseiller politique Valentin Mubake qui lui a soufflé à l’oreille, le président Tshisekedi me fait venir et il me dit : « on me dit qu’on peut travailler maintenant comme la population est là, c’est vous le chef ici qu’est ce que vous en dites ? » et bien j’ai dis au président Tshisekedi que nous au comité fédéral on a décidé que la nuit ce n’est pas bon pour vous et pour nous parce qu’il y a une campagne contre vous ici. Et Tshisekedi a dit : « ah, c’est vous le chef ici, je me soumets à tout ce que vous allez me dire ». Voilà comment le meeting a été reporté. Donc Tshisekedi, en ce qui concerne les compétences d’autrui, il ne s’y mêlait vraiment pas.

Un homme généreux qui savait venir en aide à ses collaborateurs

J’ai aussi gardé du président Tshisekedi que c’est quelqu’un qui, facilement aidait ses collaborateurs qui étaient par moment en difficultés. Serge Mayamba, fût chassé de l’université à l’époque et j’étais témoin personnellement quand le président Tshisekedi intervenait pour qu’il rentre à l’université, qu’il étudie et qu’il finisse ses études. Moi qui vous parle, je ne devais pas vous rappelez que j’ai été victime d’une campagne d’intoxication, de diabolisation quand j’ai eu à faire le maquis mais voici que je sors du maquis et le président Tshisekedi me reçoit pendant que j’ai été diabolisé ; pour dire qu’il ne prenait pas en compte la campagne de diabolisation contre ses collaborateurs. Il me reçoit, il rapatrie ma famille à Bukavu ; il ne m’envoi même pas quelque part pour voir qui que ce soit pour que je sois servis, il me donne lui-même l’argent. De ce côté-là, ça été un homme très généreux.

Il pouvait prédire l’avenir

J’ai retenu du président Tshisekedi aussi que c’est un homme qui était en mesure de prédire par moment l’avenir mystérieusement. Je me retrouve dans le maquis, j’appelle mon épouse à Kinshasa et elle me dit qu’elle a vu Tshisekedi et que le président lui a dit qu’elle verrait son mari pas à Bukavu mais que ce serai plutôt à Kinshasa. Nous sommes en 2012 et lorsque madame me parle de ça, je rigole et je dis Tshisekedi est dépassé ; cette fois ci, il est dépassé. Moi suis dans le maquis contre ce régime ; quitter le maquis quand Kabange est toujours au pouvoir, c’est impensable ça ! Et voici quand je sors du maquis en novembre, il me reçoit au mois de Janvier, exactement le 7 janvier 2014 et la première question qu’il m’a posé c’est celle de savoir si j’avais dis à ma femme que j’étais à Kinshasa parce qu’il se rappelait avoir dit à ma femme qu’elle me verrait à Kinshasa et non à Bukavu. Alors ça me rappelait à ce qui n’était pas évident comme ça pour moi, ça dépassait mon entendement. Et même quand je suis arrivé à Kinshasa, madame savait que Tshisekedi avait tout arrangé pour que je sorte du maquis pourtant il n’y a été pour rien.

Tshisekedi avait des valeurs morales

En fin j’ai noté de cet homme qu’il avait des hautes valeurs morales. Moi je lui dois beaucoup. J’ai fais le maquis, mais je n’ai aucun dossier compromettant. Ça c’est un miracle pour moi. Vous le savez quand on avait volé la victoire du président Tshisekedi en 2011 et avec toute la colère je fais le maquis mais quand j’entre au maquis, j’appelle le président Tshisekedi dans le maquis il me dit : « certainement Kabila a volé notre victoire mais ce n’est pas une raison pour que tu te comportes mal. Tu es déjà là, si tu te comporte mal, ce sera fini pour toi. Je ne t’ai jamais appris à tuer, à voler et tous les maux possibles, fais attention » et tout le temps que j’ai vécu dans le maquis, malgré les conditions très difficiles, ces propos raisonnaient dans ma tête. Le maquis c’est le maquis avec des conditions très très difficile mais j’ai pu les affronter grâce à ces valeurs que le président Tshisekedi a pu inculquer dans moi.

« Je l’appelle papa »

Pour moi Tshisekedi je l’appelle papa. Je ne pleurerai jamais mon père qui m’a engendré comme je pleure le président Tshisekedi.
Je constate que nous les membres de l’UDPS engagés aux côtés du président Tshisekedi, nos parents respectifs nous ont engendré pour leurs familles respectives mais Tshisekedi nous a engendré pour la nation, pour le Congo-Kinshasa. Nous le pleurons, nous allons relever les défis sur la même lignée que le président Tshisekedi nous a laissée.

Propos recueillis par Honneur-David Safari

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