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    Les affaires en justice des hautes personnalités de la politique congolaise dévoile-t-elle les dérives et interférences de la politique dans les affaires judiciaires ? Les dossiers en justice de Patient Sayiba, Lobota Bamaros ou encore Vital Kamerhe font la Une.

    Si une partie du Cap pour le Changement (CACH) a laissé un de ses pionniers être entendu et incarcéré sans se mêler dans un dossier judiciaire, le Front Commun pour le Congo (FCC) donne l’image qu’il ne veut voir aucun de ses dignitaires derrière la barre.

    Une seule raison,  commente un acteur politique: plusieurs cadavres seraient dans leurs placards. Ils ne sont visiblement pas prêts à laisser qui que ce soit les découvrir.

    Tout est parti de l’invitation adressée à un grand dignitaire du FCC, Patient Sayiba, Directeur Général de l’Office Général de Fret Maritime, (OGEFREM) au parquet près la cour de cassation dans le cadre des enquêtes en rapport avec le programme de 100 jours du président de la République.

    Sans ambages, le ministre de la justice et garde des sceaux, Célestin Tunda s’invite dans la danse et veut clairement voir clair dans ces affaires Judiciaires.

    Celui-ci, membre du FCC comme Sayiba Patient ne veut pas voir un de leur incarcéré.

    Si par «imprudence », Bamaros, un autre dignitaire, Directeur Général du Fonds National d’Entretien Routier, (FONER), a été incarcéré, ça ne sera peut-être pas le cas pour Patient Sayiba de l’OGEFREM.

    Entendue comme une simple rumeur, l’interférence politique dans l’affaire Sayiba devient-elle de plus en plus une réalité?

    Des documents du ministre de la justice, s’adressant au Procureur Général près la Cour de Cassation sur cette affaire ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Ils sont bien authentiques.

    Le ministre s’adresse au PG près la Cour de cassation lui rappelant que Patient Sayiba n’est pas justiciable à sa juridiction. Il lui demande donc de respecter la loi par rapport à l’instruction des dossiers par le parquet général près la Cour de cassation, son office.

    Celui-ci rétorque en rappelant aussi que le dossier n’est jusque-là pas en instruction. Son office a juste ouvert un dossier de supervision à la suite d’une plainte lui déposée contre le susmentionné.

    «L’enquête en cours au niveau de l’officier de police Judiciaire à charge du directeur de l’OGEFREM n’a pas vocation à être relayée par mon office étant entendu que les procès-verbaux qu’aura dressés ledit OPJ, seront en principe dirigés devant l’officier du ministère public près la juridiction compétente à savoir la Cour d’appel pour instruction et clôturer le dossier», écrit-il.

    Le FCC a-t-il refusé de livrer ses membres et faire obstruction à la justice?

    Cette hypothèse n’a pas tardé à se confirmer avec cette intervention du ministre de la Justice.

    Lui-même membre du FCC, ne veut pas voir ses camarades être incarcérés et ceux qui le seraient déjà devraient vite être libérés de peur, peut-être de trouver plusieurs cadavres laissés dans le placard par l’ancien régime, commente un internaute.

    Il faut à tout prix protéger les siens et ainsi espérer se protéger contre une justice qui semble très déterminée à redresser l’Etat. Déterminée, peut-être à «fouiner dans le passé ».

    Tout porte à croire que la justice qui se veut indépendante et impartiale fait face à plusieurs pressions venant du camp de Joseph Kabila, l’ancien Président de la République.

    De déport des membres de la composition dans l’affaire du DG de FONER

    A part la question en justice de Sayiba, à la base d’une grande discordance entre le ministre de la justice et le magistrat, on se trouve en face d’un autre dossier très sensible.

    C’est l’affaire du DG du Fonds national pour l’entretien routier, FONER. 

    L’Affaire Bamaros Lobota qui pourrait impliquer des proches de Kabila semble avoir des tournures politiques inquiétantes et on ne voudrait pas l’approfondir de peur d’éclabousser les dignitaires.

    2 des 3 juges de la composition ont demandé le déport dans cette affaire.

    Curieux, ils s’en prennent tous au premier président mais pas à leur chef hiérarchique qu’est le président.

    Cette attitude laisse transparaître un problème au sein de cette composition.

    Tout tourne autour de la demande d’une liberté provisoire à accorder oui ou non à l’inculpé qu’est Bamaros.

    Est-ce une manière, pour ces juges de se dédouaner vis à vis de celui à qui ils voulaient accorder une liberté provisoire mais qu’ils n’ont pas pu? Puisque effectivement, le tribunal est en impossibilité de siéger pour statuer sur ce cas, étant donné que le quorum n’est plus atteint.

     Et où est donc la justice en tout ça ?

    Si le Ministre de la justice s’est préoccupé du sort de ses camarades pour savoir si la procédure et la loi a été respectée dans les dossiers de ses camardes du regroupement, le sort de Vital Kamerhe le préoccupe moins. Voudrait-il le voir toujours incarcéré ? C’est la question des partisans du Président de l’UNC.

    Vous vous souviendrez que le ministre Célestin Tunda ya Kasende avait déclaré sur Top Congo FM, qu’il n’y aura aucune liberté provisoire pour des personnes arrêtées dans le cadre des enquêtes liées au programme de 100 jours.

    Et pourtant, des proches du président de l’UNC dénonçaient déjà dès le jour de son arrestation une influence politique qui pesait sur le magistrat instructeur.

    Selon aussi ses avocats, après l’audition de leur client, le Procureur est sorti parler au téléphone pendant 30 minutes, un peu comme pour recevoir l’ordre d’arrêter «abusivement » leur client, Vital Kamerhe.

    Jusqu’où les magistrats sont-ils prêts à aller dans cette affaire qui vaut tout son pesant d’or?

    Pour nombreux, c’est le moment de redorer le blason de la justice congolaise longtemps remise en cause par ses animateurs et surtout de l’inféodation de la politique sur celle-ci. Mais pour y arriver, il va falloir qu’elle soit une justice pour tous et non sélective. L’Etat de droit et le processus démocratique y gagneraient.

    Gracieuse Wany S.

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