Le 14 mai 2000, environ 350 personnes sont massacrées à Katogota. 21 ans plus tard, la population locale réclame toujours que justice soit faite.
Des habitants de cette contrée, qui ont commémoré cette journée dans une messe de requiem à la paroisse de Luvungi, disent avoir encore à l’esprit ce désastre; qui avait endeuillé plusieurs familles. Ceux-ci s’inquiètent sinon de voir que les autorités qui se sont succédées au pouvoir; n’ont fourni aucun effort pour que les victimes trouvent justice et réparation.
« C’est une désolation pour nous. Ici, nous avions perdu plus de 375 personnes. Elles ont été massacrées et la plupart jetés dans la rivière Ruzizi. C’est vraiment un très mauvais souvenir pour nous. Nous pensons vraiment que le gouvernement actuel doit s’y mettre afin que la population de Katogota se sente soulagée » dit Kibula François, habitant de Katogota.
La commémoration, un acte de dignité
Le Docteur Denis Mukwege, engagé depuis des années dans la recherche de la vérité et la justice pour les nombreux massacres commis en RDC n’a pas manqué d’adresser un mot aux habitants de Katogota à travers Emery Habamungu de la Fondation Panzi.
Pour le Prix Nobel Congolais, en ces temps où de plus en plus les esprits cèdent à des distractions diverses, « continuer ainsi à honorer nos morts, 21 ans après, est véritablement un acte de courage, de responsabilité et de dignité ».
« Je partage la douleur des rescapés et des familles éprouvées qui depuis deux décennies survivent au prix d’énormes souffrances silencieuses. Leur douleur est l’emblème des blessures que l’impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes ravive », a dit le Docteur Denis Mukwege.
Justice pour Katogota
Raphaël Wakenge, coordinateur de la Coalition Congolaise pour la Justice Transitionnelle (CCJT) et présent à la cérémonie commémorative sur place à Katogota; insiste sur l’installation d’un Tribunal Pénal International pour le Congo. Il rappelle que les victimes ont aussi besoin de réparation.
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« Les victimes ont besoin de la justice. Une justice qui peut être traduite par le renforcement de la justice congolaise elle même; complétée par le Tribunal pénal international pour le Congo et les chambres spécialisées mixtes. Les victimes attendent aussi les réparations » déclare-t-il.
Selon le rapport mapping de l’ONU, le 14 mai 2000, des éléments de l’ANC ont tué plusieurs dizaines de civils dans le village de Katogota, entre Bukavu et Uvira, dans le territoire d’Uvira.
Les militaires sont arrivés à Katogota en camion et ont commencé à tuer les villageois maison par maison.
Certains ont été tués par balle et d’autres sont morts brûlés vifs lorsque les militaires ont incendié leurs maisons.
Le nombre total de victimes est difficile à estimer car les militaires ont interdit l’accès au village pendant plusieurs jours au cours desquels ils ont brûlé et jeté de nombreux corps dans la rivière Ruzizi.
Le massacre a été commis suite à la mort d’un commandant de l’ANC, alors aile milita dans une embuscade attribuée aux éléments du CNDD-FDD.
Judith Maroy