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    L’archevêque de Bukavu, Mgr François-Xavier Maroy suggère aux Églises et écoles d’avoir le temps de parler aux habitants de l’histoire du pays dont le rapport Mapping, qui selon lui fait, partie de l’histoire récente de la République Démocratique du Congo.

    Appel lancé au cours d’un café de presse organisé par la Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP) à l’occasion de la célébration du 11ème anniversaire du rapport Mapping et le début du mois d’octobre.
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    Un mois spécial pour l’Eglise Catholique de Bukavu durant lequel 3 archevêques de la ville de Bukavu sont décédés pour leur engagement pour la vérité, la paix et la bonne gouvernance.

    Dans ces assises, Monseigneur François-Xavier Maroy a appelé les chrétiens et toute la population à suivre l’exemple de Munzihirwa qui a été tué le 29 octobre 1996 quand il aidait les réfugiés.

    Pour Mgr Maroy, l’histoire du Congo ne doit pas être oubliée malgré la ruse des négationnistes. D’ailleurs, il demande tout celui qui a perdu un proche dans la ville de Bukavu ou ailleurs pendant la guerre, de venir témoigner pour constituer l’histoire de la Rdcongo.

    « Nous voulons faire des démarches. Des démarches, des procès. Nous voulons inviter le monde entier à pouvoir bouger mais quand nous regardons localement ce que nous constituons comme bagage pouvant nous permettre de parler à haute voix aux autres, je pense que nous ne sommes pas suffisamment avancés. Je pense que cet élan pris aujourd’hui, le 1er octobre 2021 créé une émulation dans l’ensemble. Dans toutes nos paroisses, on devrait avoir des occasions comme ça où on parle aux gens, aux écoles on devrait avoir des moments comme ça où on parle aux gens, pour que les gens comprennent que nous ne devons pas nous plaindre en dessous de la table mais nous devons nous plaindre en montrant ce que nous même nous sommes et ça nous permettrait d’aller de l’avant, parce que ignorer son histoire c’est déclarer sa propre mort », dit Mgr François-Xavier Maroy.

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    Pour le professeur Arnold Nyaluma qui intervenait dans ce café de presse, les recommandations du rapport Mapping coïncident avec les pensées du Martyr Christophe Munzihirwa, et les démarches du Docteur Denis Mukwege.

    « Mon intervention de ce jour portait sur le rapport mapping et les enseignements qu’on peut tirer de l’action de Christophe Munzihirwa pour la mise en œuvre des recommandations. Il s’agissait d’expliquer au participants comment, à partir d’un campement de la MONUC à l’époque, on a découvert une série d’ossements qui étaient tellement nombreux au point de choquer l’humanité que le haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a mis en place une commission pour enquêter pendant longtemps et finalement on est arrivé sur un document de plus de 500 pages qui reprend plus de 600 cas de violations des droits humains…Dans ce rapport, les sites sont cités, les noms des victimes sont identifiés, qu’il s’agisse de vol, de viol, de pillages. Le cas de l’assassinat de Christophe Munzihirwa est bien répertorié dans le rapport comme les assassinats à l’hôpital de Lemera qui ont été à la base de l’activisme du Docteur Denis Mukwege », dit ce professeur de Droit à l’Université Catholique de Bukavu (UCB).

    Nyaluma rappelle qu’en guise des recommandations, le rapport vise à renforcer les capacités institutionnelles de la RDC pour qu’il ait des réformes internes au sein de l’appareil sécuritaire et la justice Congolaise pour prendre en charge les différents cas. Ce Rapport recommande également de penser à une justice adaptée parce qu’il y a des crimes qui ont été commis par les non congolais et des crimes commis lorsqu’au Congo, il n’y avait pas des lois qui réprimaient les crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

    Comme pour Munzihirwa, la paix ne pourrait venir en RDC et dans la Région des Grands-Lacs, que si on respecte les droits humains, si on assure la justice, la réconciliation et le pardon.

    Arnold Nyaluma insiste que son combat rime avec les recommandations du rapport Mapping et le combat actuel du Dr. Mukwege.

    « Finalement, il y a une sorte de coïncidence entre les recommandations du rapport Mapping, la pensée de Christophe Munzihirwa et l’action du Docteur Mukwege. Une autre coïncidence sur le plan calendrier, tout se cristallise sur le mois d’octobre. Mzee Munzihirwa assassiné en octobre, le Rapport Mapping publié en Octobre, et pour l’Eglise Catholique ce mois est considéré comme le mois de la victoire », atterrit Nyaluma.

    Au cours de ce café de presse, la CDJP a appelé toutes les victimes à donner les noms de leurs proches qui ont péri dans ces atrocités et dénoncé les violences subies durant cette période pour constituer l’histoire du pays.

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    Café de presse a eu lieu dans la salle Concordia de l’archevêché de Bukavu, en Commune d’Ibanda. Il a connu la participation de plusieurs acteurs sociaux, des activistes et du Commissaire Provincial de la Justice. Avant ce café de presse, une messe a été dite à cette occasion à la cathédrale Notre dame de la paix de Bukavu. A cet effet, l’Eglise Catholique a annoncé une série d’activités qui permettra au peuple Congolais de ne pas oublier cette scène macabre vécue durant une vingtaine d’années.

    Jean-Luc M.

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