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    « Mon Point de vue », épisode 30 revient ce sur la cohésion nationale et du nationalisme qui sont mis en mal ces derniers jours en République Démocratique du Congo.  Débat relancé avec notamment les propos de la députée nationale Dominique Munongo.

    https://youtu.be/Eq393cIfzLI

    Elle s’appelle Dominique Munongo Inamizi. Elle est élue députée nationale de la circonscription de Lubudi (Lualaba). Une ancienne activiste de la Société civile, sociologue de formation, elle a aussi été Bourgmestre de la commune de Likasi dans la ville du même nom au Katanga. Surnommée « princesse Yeke », elle est la fille de Mwami Mwenda Shyombeka wa Shalo Munongo Godefroid, un ancien ministre de l’intérieur sous le gouvernement de Moïse Tshombe.

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    Au cours d’une émission télévisée tenue à Kinshasa en date du 27 mars 2022, ses propos ont énervé plus d’un. Ils ont été qualifiés de « désobligeant, racistes, tribalistes, xénophobes et d’incitation à la haine ».

    https://youtu.be/CpwKp9hh8K0

    Ces propos ont relancé le débat sur l’apport de chaque province face au développement de la RDC et malheureusement ont fait resurgir le démon du régionalisme qui, ont doit le reconnaitre, prime sur la réalité du nationalisme.

    Le congolais moyen continue à penser et s’identifier à sa tribu, son ethnie ou sa région dans le meilleur des cas plus qu’il ne le fait à sa nation. On est d’abord Mukongo, Katangais ou Luba avant d’être congolais et non l’inverse. Et cette division et ségrégation se manifestent et s’observent à tous les échelons de la gouvernance (national, provincial, territorial, secteur, etc.). L’accent est mis sur ce qui divise plutôt que sur ce qui unit.

    https://youtu.be/aws_B_Vgv_c

    Ce qui m’intéresse dans ce débat ce n’est pas de rentrer dans la polémique sur la pertinence voire même la factualité des propos de l’honorable Dominique Munongo mais plutôt savoir ce que nous devrions apprendre de ce débat qui s’invite sur la place sociale et peut être aussi penser à des mécanismes pour nous aider à aller de l’avant (et endiguer ce démon de ségrégation qui semble prendre de l’ampleur de jour au jour en RDC).

    1. Il est plus que clair que la RDC n’a pas encore développé un sens élevé de nationalisme et de patriotisme. Le Congo n’est qu’une nation sur papier. En réalité et en pratique, il s’agit d’un amalgame des nations, tribus et ethnies. Pour gouverner en RDC, les leaders s’appuient non pas sur des visions de société ou une idéologie de gouvernance qui unissent mais ils jouent sur des fibres tribalo-ethnico-régionales. Le pouvoir devient donc une alliance des leaders régionaux, tribaux ou ethniques plutôt qu’un mariage d’idée et de vision.

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    La RDC est redevenue comme en 1885 à Berlin, un gâteau que les puissants se partagent selon leur gré et non pas dans l’intérêt du congolais moyen. On l’observe lors des nominations des mandataires publics à tous les niveaux. Ce même phénomène se constate voit dans la cartographie de l’ancrage géographique des partis politiques. Ces cartes sont littéralement calquées sur les distinctions tribalo-ethnico-régionales. Et elles changent selon que les alliances politiques changent.

    https://youtu.be/LI2a9DyoVB0

    2. Il est étonnant que plus de 62 ans après l’indépendance, la RDC ne se soit pas dotée des structures étatiques qui favorisent et promeuvent la cohésion nationale, le vivre ensemble et le patriotisme au-delà des slogans et campagnes politiciennes sporadiques. Ce qui fait la force de beaucoup des grandes puissances du monde, c’est leur patriotisme exprimé au travers un esprit nationaliste et l’acceptation des uns et des autres comme membres d’une seule nation malgré leurs différences cultures et leurs traditions diverses. Et pourtant en RDC, nos conflits (actifs ou latents) sont toujours encrés sur les questions identitaires. Les dirigeants gouvernent comme si nous étions un seul peuple partageant une seule histoire et culture homogène, alors que nous savons tous que nous sommes un amalgame des peuples constitué en un Etat d’une manière arbitraire et un hasard mesquin.

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    Je ne suis pas étonné de voir que les politiques ne soient pas intéressés à changer l’Etat des choses. Après tout c’est plus facile de diriger sur bases des différences et des jeux d’alliances ancrées sur la peur de l’autre que de construire une société.  Ne dit-on pas « diviser pour mieux régner » ? Ce qui surprend est que même au sein de la Société civile dans sa diversité, ce virus de ségrégation a élu domicile.

    https://youtu.be/0LvT8MZbFXI

    Quel que soit ce que vous pensez de la saga Dominique Munongo, elle n’est que le reflet d’un problème plus grand et plus profond. La meilleure réponse n’est pas une loi contre les propos ségrégationnistes et discriminatoires.

    La solution réside dans un changement de paradigme et le développement d’un système qui encouragerait la construction d’un patriotisme et nationalisme à tous les niveaux.

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    Mais sommes-nous prêts à quitter la zone de confort de nos tribus, ethnies et régions pour embrasser l’inconnu d’un patriotisme et nationalisme idéalistes pour ne pas dire utopique ? Au moins la question est sur la place publique.

    Rév. Nicolas Kyalangalilwa
    Acteur de la Société Civile
     A propos de « Mon point de vue » 
    « Mon Point de vue » est une chronique d’analyse de l’actualité provinciale, nationale et régionale animée par Nicolas Kyalangalilwa, célèbre, fervent acteur de la Société Civile et diffusée sur la radio Jambo FM émettant sur 92.0 MHz à Bukavu au Sud-Kivu. Elle est diffusée tous les lundis, jeudis et dimanches à 20 heures 15. La rediffusion de ces épisodes se fait les mardis, vendredi et lundi à 8 heures du matin. LaPrunelleRDC vous les proposera également en écrit et en audio.
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