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    Ce dimanche 5 septembre 2021, le centre de Conakry, la capitale de la Guinée, est le théâtre de tensions. Des tirs d’armes automatiques et des soldats dans les rues. Plusieurs sources évoquent une tentative de coup d’Etat militaire, et les putschistes affirment même avoir « pris » le président Alpha Condé et décidé de « dissoudre » les institutions.

    Sur Twitter, plusieurs photos et vidéos montreraient ce dernier, le visage défait, assis dans un canapé et encerclé.

    «La situation socio-économique et politique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la justice… Nous avons décidé ainsi après avoir pris le président, qui est actuellement avec nous de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions; nous avons décidé aussi de dissoudre le gouvernement et la fermeture des frontières terrestres et aériennes,» a dit un des putschistes en uniforme et en armes, dans cette déclaration qui a aussi abondamment circulé sur les réseaux sociaux, mais qui n’a pas été diffusée à la télévision nationale.

    Celui qui apparaît aujourd’hui comme le chef des putschistes, annonce qu’un Comité national du rassemblement et du développement (CNRD) a pris le pouvoir.

    Le ministère de la Défense cité par AFP dans le même temps, a toutefois affirmé avoir repoussé leur attaque contre la présidence.

    Si, dans un premier temps, aucune explication n’était disponible sur les raisons de ces tensions sur la presqu’île de Kaloum, centre de Conakry où siègent la présidence, les institutions et les bureaux d’affaires, désormais plusieurs voix parlent d’un possible coup d’Etat militaire.

    Selon les informations de Jeune Afrique, cette tentative de coup d’Etat est menée par des membres du Groupement des forces spéciales (GPS), «une unité d’élite de l’armée aussi bien entraînée qu’équipée».  À sa tête, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, un Malinké originaire de la région de Kankan. Ancien légionnaire de l’armée française, il a été rappelé en Guinée pour prendre la tête de ce corps créé en 2018. Ces derniers mois, sa volonté d’autonomiser le GPS par rapport au ministère de la Défense avait suscité la méfiance du pouvoir de Conakry.

    Alors que Mamady Doumbouya et les éléments du GPS font en ce moment face aux soldats de la garde présidentielle, les habitants sont restés terrés chez eux, et les rues de Conakry sont restées désertes. 

    Ce n’est pas la première fois qu’Alpha Condé est confronté à une tentative de putsch. En 2011 notamment, son domicile avait été la cible d’un assaut. Mais, cette fois-ci, la qualité des putschistes rend la situation “sérieuse”, selon des sources sur place.

    L’accès à la presqu’île de Kaloum est restreint du fait de sa géographie. Les forces de sécurité peuvent aisément la bloquer. Depuis des mois, ce pays d’Afrique de l’Ouest, parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables, est en proie à de profondes crises politique et économique, aggravées par la pandémie de Covid-19.

    La candidature du président Alpha Condé à un troisième mandat a provoqué, avant et après l’élection du 18 octobre, des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. L’élection a été précédée et suivie par l’arrestation de dizaines d’opposants.

    Jean-Luc M.

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