Accès Humanitaire

    Dans son rapport transmis au Conseil de Sécurité le 10 juin 2021, le Groupe d’experts des Nations Unies sur la RDC a recensé une douzaine de groupes armés Maï-Maï et d’autodéfense, liés aux communautés babembe, bafuliiru, banyindu et bavira, et actifs dans les Hauts-Plateaux. Ces groupes se sont fragmentés et multipliés et ont opéré au sein de plusieurs coalitions fluides depuis des années, y compris avec des groupes armés venant d’en dehors des Hauts-Plateaux.

    Depuis la fin de 2020, Yakutumba et Ebuela ont rassemblé les coalitions des Maï-Maï existantes, notamment la CNPSC, les Forces des patriotes pour la défense du Congo-Mouvement de libération (FPDC-ML), dirigées par Ebuela, et les Forces armées « Biloze Bishambuke » (FABB), dirigées par Assini Mbakani.

    Bien que cette coalition ad hoc plus large n’était pas strictement sous une seule structure de commandement et de contrôle, la nouvelle alliance leur a permis de renforcer les communications, de coordonner leurs actes, de mener des opérations conjointes contre les groupes Twirwaneho et Gumino et d’appuyer mutuellement chaque membre de la coalition en cas d’attaque. Les groupes Maï-Maï impliqués étaient mobiles et pouvaient se regrouper rapidement, ce qui renforçait leurs effectifs et leur force militaire.

    Les groupes Maï-Maï ont également mené, conjointement ou séparément, des attaques contre les civils banyamulenge, souvent pendant des vols de bétail, qui constituaient pour les groupes Maï-Maï une ressource financière clef.

    Les Maï-Maï Yakutumba ont continué de tirer profit de l’abattage, de la taxation et du commerce illégaux du séquoia, notamment par l’intermédiaire de réseaux criminels. Le Groupe d’experts a remonté la trace de séquoia provenant des réserves forestières du Sud-Kivu, qui étaient sous le contrôle des Maï-Maï Yakutumba, et des réseaux criminels dans le sud du territoire d’Irumu et la province du Kongo-Central (anciennement Bas-Congo) jusqu’à la Belgique et la Chine, qui en étaient les destinations finales. Les Maï-Maï Yakutumba ont également tiré profit de l’exploitation minière et de la taxation de sites aurifères dans les zones de Misisi et de Nyange, depuis lesquelles l’or était exporté vers Doubaï et Hong Kong.

     Les groupes armés burundais Résistance pour un État de droit (REDTabara) et le Front national de libération (FNL) ont continué d’occuper des bases arrière dans les Hauts-Plateaux d’Uvira. RED-Tabara a souvent déplacé ses positions pour esquiver les opérations des FARDC. Le FNL a essuyé des pertes en octobre 2020 durant les opérations des FARDC dans les territoires de Mwenga et d’Uvira.

    Les factions Raïa Mutomboki de Hamakombo et Butachibera ont étendu la taxation imposée aux populations locales qui voulaient accéder aux forêts du territoire de Kalehe à la suite d’une collaboration avec les factions Raïa Mutomboki de Lance et Kachamba et ont ainsi doublé les taxes.

    Malgré leur affaiblissement et quelques défections, les Maï-Maï Yakutumba, dirigés par William Amuri Yakutumba, ont continué d’être un des groupes armés les plus actifs dans les provinces du Sud-Kivu, du Maniema et du Tanganyika. Yakutumba a conservé la direction et le contrôle de fait de la Coalition nationale du peuple pour la souveraineté du Congo (CNPSC) et s’est appuyé sur les dirigeants de la Coalition pour conserver le contrôle territorial. La Coalition comprenait des groupes Maï-Maï, dont les Maï-Maï Echilo, les Maï-Maï Réunion, les Maï-Maï René, les Maï-Maï Ngalyabatu, les Maï-Maï Mulumba Marehunu, les Maï-Maï Malaika, les Maï-Maï Napata et les Maï-Maï Apa Na Pale

    Durant la période considérée, il a été estimé que les Maï-Maï Yakutumba comptaient de 400 à 600 combattants armés. Après la scission de l’ancien adjoint Alonda Bita, alias Alida et la défection, le 4 avril 2021, d’un autre adjoint, Hercule Moussa, le commandement de la structure du groupe a changé. Hercule a quitté le groupe avec plusieurs combattants et des armes et tenté d’emmener avec lui d’autres groupes Maï-Maï dont celui d’Alida et de Apa Na Pale. Les combattants Yakutumba n’étaient pas tous armés. Ils avaient des fusils d’assaut de type AK, des armes automatiques PKM, des lance-grenades RPG-7, des mitrailleuses légères, des mortiers de 60 mm et des grenades à main.

    Au début de janvier 2021, Yakutumba a établi un nouveau quartier général à Kongwe, à 5 kilomètres au nord de Kipupu, dans le secteur d’Itombwe, pour se rapprocher des opérations armées contre les groupes armés Banyamulenge dans les Hauts-Plateau, mais a conservé une mobilité active entre ce quartier général, Mayi-Ndombe (secteur de Lulengue), Makol et Magembwe (territoire de Fizi).

    Les Maï-Maï Yakutumba ont continué de générer des revenus financiers des membres de la communauté bembe à l’intérieur et à l’extérieur de la République démocratique du Congo, de l’exploitation du séquoia et de l’or et des taxes sur la pêche.

    Des groupes Maï-Maï et les Twirwaneho se sont renforcés militairement. Ils ont obtenu des armes et des munitions, notamment par des attaques contre des bases et des soldats des FARDC. Ces attaques se sont intensifiées dans les Hauts-Plateaux depuis le début de 2020, coïncidant avec l’arrivée de Makanika dans le secteur.

    Par ailleurs, les groupes Maï-Maï et les Twirwaneho ont renforcé leurs stocks d’armes et de munitions au moyen de trafic dans le pays et du détournement des armes des FARDC. Un procureur militaire a déclaré au Groupe d’experts que 46 membres des FARDC, dont bon nombre appartenaient à la 12e brigade de réaction rapide opérant dans les Hauts-Plateaux, avaient été arrêtés en raison de ce trafic entre la fin de 2019 et la fin de 2020. On trouvera à l’annexe 106 plusieurs exemples de soldats et de commandants des FARDC suspectés de participer au trafic d’armes ou arrêtés pour cette raison.

    Plusieurs membres des FARDC étaient également de connivence avec des groupes Maï-Maï lorsque ces derniers ont attaqué des villages banyamulenge et volé du bétail.

    Six sources des FARDC, des chefs de la société civile, des chefs locaux banyamulenge, des personnes proches de chefs Maï-Maï, des chercheurs et des sources de la MONUSCO ont cité le Général Dieudonné Batenchi Muhima, commandant de la 12e brigade de réaction rapide à Minembwe depuis mars 2020, comme étant un élément déterminant de l’appui apporté par les FARDC à des groupes Maï-Maï. Le Groupe d’experts n’a pas pu joindre Muhima.

    La collusion entre des groupes armés dans les Hauts-Plateaux et certains soldats et commandants des FARDC, notamment l’aide logistique et les armes fournies par des officiers des FARDC aux groupes armés, constitue une violation du régime de sanctions au regard des dispositions du paragraphe 7 de la résolution 2293 (2016) du Conseil de sécurité, telles que reconduites dans sa résolution 2528 (2020), et a contribué à perpétuer et à alimenter le conflit dans la région.

    Vous pouvez lire l’intégralité du rapport ici

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