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    Voici l’autre numéro de votre chronique « Mon point de vue » du jeudi 3 février 2022. Dans ce 15ème épisode, le présentateur, le Pasteur Nicolas Kyalangalilwa revient sur le Programme National de Désarmement, Démobilisation, Relèvement, Communautaire et Stabilisation (PDDRC-S). Plus de 7 mois après sa création, où en sommes-nous ? Toujours rien de concret sur terrain.

    Le P-DDRC-S quel avenir plus de 7 mois après la nomination des animateurs. Toujours rien de concret observé sur terrain.

    Le samedi 07 Août 2021 à la RTNC la Porte-parole adjointe du Président de la République lu l’ordonnance nommant les trois animateurs du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et stabilisation (PNDDRC-S). Cet exercice vient couronner tout un processus sur la question de la sécurité à l’Est de la RDC et compléter la mise en place du Programme DDRC-S, créée par ordonnance présidentiel au mois juillet 2021 (le 05 juillet, c’est-à-dire, un mois plutôt), rendant cette structure opérationnelle.

    Le chemin du processus de désarmement et démobilisation dans la partie Est de la République Démocratique du Congo devient donc effectif après l’instauration de l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri quelques mois plus tôt.

    Il faut dire aussi que ce besoin d’un programme qui prendrait en charge les combattants qui se rendaient et ne voulaient plus continuer à combattre dans les groupes armés, s’imposait, tout le monde le concède. Cependant, tout en soutenant le programme, la Société civile et les mouvements citoyens du Sud-Kivu, du Nord-Kivu ainsi que quelques personnalités de la Société civile nationale soulevèrent des inquiétudes face aux choix et à la sélection des animateurs du P-DDRC-S dont un en particulier : Mr Emmanuel Tommy Tambwe Ushindi, le Coordonnateur National.

    Ces inquiétudes se fondaient sur le passé très marqué du nouveau coordonnateur du P-DDRC-S. La Société civile s’interrogeait comment un ex-chef rebelle, qui pendant les 30 dernières années a participé à tous les conflits armés qui ont déstabilisé la partie Est de la RDC pouvait-il se retrouver à la tête d’une structure qui se veut contribuer à la pacification de la même région ? Quel crédit moral ce dernier aurait-il devant les différents groupes armés dans cette région ? N’est-ce pas une façon de créer un précèdent, encourageant les belligérants à continuer dans leur quête de positionnement et de pouvoir par les armés ? Quel message, ce choix envoie-t-il aux familles des victimes des différentes atrocités commises sous la houlette de ces différents chefs des guerres ?

    Ces organisations recommandaient donc au Président de la République de revoir son ordonnance et de choisir comme coordonnateur du P-DDRC-S, une personne consensuelle d’une grande moralité et expertise avérées. Elles insistent que la composition de la présente équipe n’inspire pas confiance alors que le programme se veut communautaire.

    Cette équipe porte en elle déjà le germe de l’échec de ce processus de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation. Elles ne veulent pas que ce nouveau processus de DDR se solde par un échec comme les programmes précédents.

    De ceux qui soutenaient ce choix, leur argument était principalement axé sur le fait que Mr Tommy Tambwe n’était pas le seul congolais aux affaires à avoir participé dans différentes insurrections armées. Pourquoi s’acharnaient-on uniquement sur son cas alors qu’avant lui plusieurs autres anciens rebelles avaient exercé des fonctions au sein du pays et non pas les moindres.

    Et pourtant, malgré leur demande exprimée par multiples déclarations, un mutisme total s’observera au niveau de la Présidence. La réponse viendra du gouvernement, qui, au cours d’un point de presse, insistera sur le choix du Président et affirmera que ce dossier est clos.

    Et pourtant presque 7 mois plus tard, on ne voit pas les actions de ce nouveau programme. Il était censé venir en appui urgent à l’état de siège pour faciliter le désarmement des groupes armées qui voulaient se rendre. A ce jour, les camps de cantonnement sont encore nombreux, mais le processus de démobilisation n’a pas encore commencé. Comment expliquer cette lenteur pour un processus qui se devait d’être un « prêt à porter » à cause de la situation et des besoins sur terrain ? On rapporte que les animateurs sont encore en train d’affiner leur plan de travail pour un processus réussit. Pendant ce temps, le nombre des groupes armés ne fait qu’augmenter. Assistons-nous encore une fois à un énième tâtonnement ?

    Aussi, depuis le 16 février 2022 dernier Thomas Lubanga et ses compagnons, membres de la «Task Force» dépêchés par la Présidence de la République en Ituri pour sensibiliser les groupes armés, ont été enlevés par une faction de la milice CODECO à Yalala, dans le territoire de Djugu en Ituri. Ils étaient enlevés lors d’une réunion d’échange avec des miliciens CODECO.

    Je suis de ceux qui ont été sceptiques dès le début du processus (et je le suis toujours) et en partie à cause du casting des animateurs. Seul l’avenir nous dira si nous avions tort ou raison mais tous les signaux indiquent que l’équipe ne comprend pas l’ampleur anthropologique du problème et les ramifications sociologiques, politiques, économiques et régionales de la problématique des groupes armées à l’Est de la RDC.

    Elle peine à rassurer les principaux bailleurs des fonds. Et avec raison, déjà les trois processus de DDR précédents avaient vendu du vent et s’étaient soldés par des échecs cuisant (et des enrichissements illicites et inimaginables de leurs animateurs), c’est d’ailleurs la raison pour laquelle on en parle aujourd’hui encore ! Quelles sont les garanties de la non-répétition de ces échecs ?

    Mais en attendant, que le plan du PNDDRC-S soit finalisé dans les salons climatisés à Kinshasa, les combattants qui se sont rendus s’impatientent dans les camps car le PNDDRC-S n’a pas encore finit de définir sa stratégie ! Et des nouveaux groupes armés naissent chaque jour…

    Rév. Nicolas Kyalangalilwa

    Acteur de la Société Civile

    A propos de « Mon point de vue » 

    « Mon Point de vue » est une chronique d’analyse de l’actualité provinciale, nationale et régionale animée par Nicolas Kyalangalilwa, célèbre, fervent acteur de la Société Civile et diffusée sur la radio Jambo FM émettant sur 92.0 MHz à Bukavu au Sud-Kivu. Elle est diffusée tous les lundis, jeudis et dimanches à 20 heures 15. La rediffusion de ces épisodes se fait les mardis, vendredi et lundi à 8 heures du matin. LaPrunelleRDC vous les proposera également en écrit et en audio.

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