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    Le Président Rwandais Paul Kagame a affirmé lors d’une interview accordée à France 24 et RFI la semaine dernière en marge du sommet de Paris, qu’il n’y’a pas eu de massacres à l’Est de la RDC. Mais dans un entretien accordé plus tard à Jeune Afrique, le Président Rwandais a finalement reconnu que plusieurs personnes sont mortes au Congo lors de différents massacres.

    « Il n’y a pas eu de crimes, c’est la théorie du double génocide qui est à l’œuvre », avait dit Paul Kagame; tout en contestant le Rapport Mapping, établi par des experts des Nations unies. Ces propos de Paul Kagame ont suscité colère et indignation auprès de plusieurs Congolais.

    Mais comme pour clarifier une nouvelle fois sa position, Paul Kagame, a peu après contextualisé sa sortie médiatique. 

    «De nombreuses personnes sont mortes au Rwanda et au Congo, il n’y a aucun doute là-dessus. Le fait est que mon pays et la RDC ont beaucoup souffert ensemble. Il y a eu trop de morts» dit-il.

    Il insiste cependant que « là où les experts font plus de politique qu’autre chose, c’est lorsqu’il s’agit de dire qui, quoi et comment » ont été perpétrés ces massacres. Il faut dire que la liste des présumés auteurs des crimes cités dans le Rapport Mapping, n’a jamais été rendue publique.

    Lors de l’interview accordée à RFI et France 24, le Président Rwandais avait nié l’implication de ses troupes dans des crimes commis pendant les guerres à l’Est de la RDC. Il avait même accusé le Docteur Denis Mukwege, qui milite depuis des années pour la mise en œuvre des recommandations du Rapport Mapping, de se faire «manipuler».

    Mais cette fois, il reconnait les bonnes actions que fait le prix Nobel Congolais, en soignant les femmes violées, victimes de ces atrocités. 

    «Ce rapport a vu le jour pour donner de la crédibilité à l’idée du double génocide, une théorie qui transforme les victimes en bourreaux Les gens qui sont derrière tout cela financent Mukwege Ca n’enlève rien aux bonnes choses que le Docteur Mukwege a faites, en soignant les femmes qui ont été violées,» dit-il.

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    Face à la polémique née des propos de Paul Kagame, le Président congolais Félix Tshisekedi avait jugé inapproprié de répondre à son homologue par les médias. Il a promis de lui parler à travers d’autres voies.

    Cependant, contrairement au Président Rwandais, Félix Tshisekedi a reconnu que le Rapport Mapping a été élaboré par des experts indépendants des Nations Unies; et que la RDC continue à croire qu’un jour justice sera faite à toutes les victimes de ces violences à l’Est du pays. Il a également soutenu le travail du Dr Mukwege.

    «Le Président Tshisekedi a droit de croire aux experts de l’ONU, et moi de ne pas leur faire confiance,» a dit Paul Kagame.

    Depuis l’alternance de 2018, les relations entre la RDC et le Rwanda se sont nettement améliorées. Félix Tshisekedi a classé parmi ses alliés dans la lutte contre l’insécurité à l’Est, ce pays pourtant accusé de soutenir plusieurs groupes armés qui perpètrent des massacres dans la région. Selon des experts onusiens, l’armée rwandaise a même signé multiples incursions dans l’Est de la RDC en 2020, pour y mener des opérations.

    Dans cette interview accordée à Jeune Afrique, Paul Kagame a d’ailleurs reconnu qu’il n’avait pas eu de très bonnes relations avec Joseph Kabila.

    «Je crois qu’il n’était pas très difficile de mieux faire qu’à l’époque de la précédente administration congolaise. Nous avons tout fait pour améliorer les choses avec Kabila, ça n’a jamais abouti. Avec lui, ça marchait quelques jours ou quelques semaines, puis au bout d’un mois ou deux, nous avions à nouveau des problèmes. Il en a été ainsi pendant des années. Aujourd’hui, il y a l’espoir de voir la situation s’améliorer sur le terrain,» a-t-il dit.

    Mais depuis lors, la donne a changé. Les FARDC ont dernièrement annoncé que comme avec d’autres pays de la Région, ils comptent renforcer la collaboration avec le Rwanda, afin de venir à bout des violences qui ne cessent d’endeuiller les populations de l’Est du pays depuis deux décennies maintenant. Dans cette perspective, les FARDC ont affirmé privilégier le renforcement de la coopération militaire; les concertations régulières entre les armées de la région ainsi que la mutualisation des efforts et de renseignement.

    Museza Cikuru

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