Accès Humanitaire

    Dans son Rapport sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC, le Groupe d’Experts des Nations Unie note que le cas de trafic de munitions, entre certains membres des FARDC et des membres de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), rapporté en mars dernier à Beni au Nord-Kivu, a révélé une mauvaise gestion des stocks, et un risque de détournement au profit de groupes armés.

    Le Groupe d’experts a confirmé des saisies en 2021 de 83 boîtes de munitions et d’un sac contenant diverses munitions pour armes automatiques PKM et fusils d’assaut de type AK, qui avaient fait l’objet d’un trafic entre certains membres des FARDC et des écogardes de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) du Parc national de la Garamba.

    Les munitions ont été saisies par la justice militaire congolaise, qui a arrêté cinq officiers et trois soldats des FARDC, quatre écogardes de l’ICCN et un civil, pour vente et trafic de munitions de guerre. Le Groupe d’experts a inspecté les munitions et s’est entretenu avec les officiers des FARDC, les écogardes de l’ICCN et le civil arrêtés, ainsi qu’avec les procureurs militaires, des agents de police et cinq individus qui avaient connaissance du dossier.

    Sur les 83 boîtes de munitions, 5 ont été saisies le 13 mars 2021 à la résidence du Capitaine des FARDC, Zine Boda, de la 32ème brigade de réaction rapide à Mambango, au sud de la ville de Beni. Boda a affirmé que la responsabilité du trafic de munitions relevait d’un écogarde de l’ICCN, Kambale Sharife Idioka.

    Kambale a déclaré au Groupe d’experts que le directeur adjoint de l’ICCN à Garamba, Alhadji Somba, lui avait ordonné d’acheter 85 boîtes de munitions aux FARDC à des fins de formation et de déploiement opérationnel dans le Parc national de la Garamba. Somba a admis avoir été au courant de l’achat de munitions par Kambale.

    Kambale a contacté Boda en vue de l’achat des boîtes de munitions. Boda a contacté, à son tour, son supérieur hiérarchique, le Colonel des FARDC Zima Musiki, chef S4 du 32e bataillon de réaction rapide. Kambale a dit au Groupe d’experts qu’il s’était mis d’accord avec Zima pour l’achat d’au moins 34 boîtes et avait versé de 55 à 60 dollars par boîte23. Kambale, Boda et le sous-lieutenant Deba des FARDC ont confirmé que le marché avait bien été conclu.

    Zima a remis à Boda et à Deba 300 et 200 dollars, respectivement, à partir d’un versement de 2 000 dollars en espèces, reçu de Kambale, qui avait également fait plusieurs transferts par téléphone mobile à Zima pour payer les munitions. Les boîtes de munitions étaient stockées à la résidence de Somba à Beni. Kambale a confirmé que depuis 2018, sa hiérarchie l’avait régulièrement dépêché à Beni pour l’achat de munitions. Plusieurs détenus ont déclaré qu’en 2018 et en 2019, des munitions avaient été achetées notamment auprès de l’unité des FARDC basée à Nyaleke, à l’est de la ville de Beni.

    Le Groupe d’experts a obtenu des documents et des enregistrements audios, indiquant l’approvisionnement régulier de munitions par le Parc national de la Garamba, à travers des filières des FARDC, et la supervision par Somba de ces achats. L’administration du Parc national de la Garamba a expliqué qu’elle n’avait pas autorisé cet achat particulier de munitions ni n’en avait connaissance mais que des achats officieux de munitions avaient été une pratique régulière par le passé, étant donné que les demandes officielles n’étaient pas honorées par les autorités compétentes.

    Cette affaire révèle une mauvaise gestion des stocks de la part les brigades et les unités des FARDC concernées. De plus, les écogardes de l’ICCN ont effectué des achats de munitions qui contournaient les procédures de requêtes officielles de l’ICCN, qui auraient dû être adressées à la Maison militaire de la Présidence. Cela représente un risque significatif de détournement vers des groupes armés. Les munitions qui ont fait l’objet d’un trafic correspondaient à certains types de munitions utilisés par les ADF.

    Le Groupe d’experts n’a cependant pas pu confirmer les allégations selon lesquelles des écogardes de l’ICCN avaient fourni des armes et des munitions aux ADF, ne disposant pas d’élément démontrant que des individus des FARDC ou de l’ICCN impliqués dans cette affaire de trafic avaient des liens quelconques avec les ADF.

    Vous pouvez lire l’intégralité du rapport ici

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