Accès Humanitaire

    Le député provincial Prince Kihangi, alerte sur la baisse du niveau de l’éducation dans la province éducationnelle du Nord-Kivu 3, et craint sur les conséquences y relatives pour l’avenir de la RDC.




    Dans une correspondance adressée au Directeur provincial de l’enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) Nord-Kivu 3, l’élu de Walikale dit avoir regretté la façon dont les enfants sont enseignés dans les écoles secondaires.

    Pour lui, les enfants les plus affectés par cette baisse de l’éducation, sont notamment des territoires de Walikale et Masisi, en province du Nord-Kivu.

    « Nombreux parmi nos enfants terminent le cycle secondaire, et parfois le niveau supérieur, avec des lacunes énormes et des difficultés incommensurables à pouvoir lire, écrire et exprimer leurs pensées. Les diplômes qu’ils obtiennent ne sont pas utiles à eux-mêmes. Nos cadets ont de la peine à apporter des réponses aux besoins communautaires et des solutions aux problèmes de société à la hauteur de la valeur de leurs diplômes et des attentes de leurs parents et du Territoire de Walikale. Il suffit de suivre certains de leurs échanges dans les réseaux sociaux, la forme et le contenu de leurs lettres, leurs agissements, attitudes et réactions ainsi que la qualité de leurs discussions. Ils rencontrent des obstacles sérieux qui ne leur permettent pas de s’exprimer clairement et visiblement. Certains parmi eux ne peuvent s’engager dans la compétition pour éviter le ridicule. Nos fils et filles ne sont pas en mesure de défendre leurs diplômes, en effet. Ils sont devenus une proie facile à des manipulations de tout bord. On enregistre des diplômes en quantité et non en qualité. Cette situation se répercute dans l’enseignement supérieur car la fondation a été mal bâtie. Cela est un coup dur contre le Territoire de WALIKALE qu’il faille prendre urgemment des dispositions. Il vous souviendra, Monsieur le Proved, que, sous la houlette de Madame le Ministre provincial de l’Education de la Province du Nord-Kivu, s’était tenu, à l’hôtel du Gouvernement, en date 16 février 2021, une réunion d’évaluation du fonctionnement de la Province éducationnelle Nord-Kivu 3. Au cours de cette réunion, différents problèmes avaient été identifiés, des résolutions arrêtées, des décisions prises et quelques recommandations formulées pour améliorer le fonctionnement de la Province éducationnelle Nord-Kivu 3 et soutenir la bonne marche des activités en son sein.Cependant, j’ai le regret de constater que les améliorations souhaitées tardent à se faire observer, les résolutions ne sont guère exécutées, les recommandations jetées à la poubelle et les problèmes persistent. Ainsi, l’avenir de Walikale devient incertain. Et, Walikale va, très bientôt, connaitre un déficit en terme de ressources humaines capables de prendre en charge les problèmes de société« , a-t-il écrit.

    Voici quelques causes de la baisse du niveau de l’éducation énumérées par cet élu :

    1. Nombreux animateurs de la province éducationnelle Nord-Kivu 3 et, au plus haut niveau, le Comité provincial de l’EPST NK3 ne veillent guère à la qualité de l’enseignement pour élever le niveau de l’éducation de nos enfants. Il s’observe une faible implication de l’Inspection provinciale principale dans le contrôle, la formation et l’évaluation du travail des inspecteurs et autres agents sous son contrôle ;

    2. La routine est devenue le principe. Nombreux enseignant, si pas tous, lisent rarement ou pas du tout. Ils utilisent les notes d’il y a plus de cinq ans. Ne réalisent pas des recherches pour appréhender le sens des enjeux de l’ère. Les matières enseignées ne sont pas actualisées pour permettre à nos enfants de s’adapter aux réalités évolutives de la science et de la nouvelle technologie ;

    3. La rétention, par certains responsables de l’EPST NK3 et gestionnaires des écoles, du premier salaire des écoles nouvellement payées à titre de prémices, soutiennent-ils ;

    4. Des diplômés d’Etat (D6) continuent de donner cours dans les classes terminales au secondaire dans les mêmes écoles où ils ont obtenu leurs diplômes dans les mêmes conditions. Se contentant de la qualité d’enseignant, nombreux ont catégoriquement refusé de se faire inscrire dans les institutions d’enseignement supérieur pour poursuivre leur formation. Les conséquences ne peuvent qu’être catastrophiques sur l’éducation des apprenants.

    5. La Dîme est obligatoirement versée ou retenue sur le salaire des enseignants par les responsables des écoles conventionnées. Et pourtant, le salaire de l’enseignant est réputé être un patrimoine qui lui est propre. Aucune transaction ou autre opération (Banque Lambert soit-elle) ne peut y être effectuée sans son consentement libre et préalable ;

    6. Le traitement partial des dossiers disciplinaires des enseignants par certains gestionnaires des écoles en leur infligeant arbitrairement des sanctions ;

    7. L’impunité totale de la pratique de LABO lors des examens d’Etat ;

    8. Recrutements des candidats irréguliers à l’examen d’Etat communément appelés : « oiseau migrateurs » en provenance de Goma ;

    9. L’existence des agents et enseignants fictifs ainsi que le monnayage de certains services réputés gratuits ;

    10. Violation, par certains gestionnaires des écoles conventionnées, de la législation nationale et textes régissant le secteur de l’enseignement en RDC sous prétexte qu’il s’agit des écoles conventionnées. Ces gestionnaires ont éperdument ignoré que le secteur est régi par les mêmes lois et textes sur toute l’étendue de la République ;

    11. Fixation des frais de passation des examens d’Etat sans une quelconque modération et sans tenir compte et des réalités locales et du pouvoir d’achat des parents des élèves dans la Province éducationnelle EPST NK3 ;

    12. Retard dans l’actualisation des écoles payées et leur localisation, des écoles irrégulièrement délocalisées et les agents irrégulièrement mutés ou déclarés déserteurs. Nombreuses victimes ne sont pas encore rétablies dans leurs droits ;

    13. Une gestion à distance des services par certains responsables de la Province éducationnelle Nord-Kivu III. Ces animateurs sont souvent présents à Goma et dans d’autres villes de la République qu’à leur poste d’attache au siège de la Province éducationnelle à Walikale ;

    14. Tendance accrue vers l’immixtion de la politique dans la gestion de la Province éducationnelle Nord-Kivu3, dans le recrutement des enseignants, des chefs d’établissements et agents. L’appartenance à des formations politiques semble être l’un des critères importants ;

    15. La gestion de certains établissements par des sous-qualifiés ;

    16. La tendance accrue à confier la gestion des établissements aux natifs du lieu de leur implantation. Il s’observe ainsi une gestion avec complaisance et règlement des comptes familiaux ;

    17. Des retards et certaines irrégularités dans le processus de paie des enseignants à travers la CARITAS et la banque ;

    18. Un faible suivi des démarches visant la mécanisation des écoles et enseignants de la province éducationnelle Nord-Kivu 3 ;

    19. Le retard enregistré par le SECOPE dans l’actualisation des fichiers devant permettre le paiement des enseignants entrant en remplacement des déserteurs. Ainsi, des déserteurs continuent à être payés indument ;

    20. Une faible mobilisation des partenaires et personnes de bonne volonté devant appuyer le projet de construction du bâtiment administratif propre à la province éducationnelle à son siège.




    Pour faire face à cette baisse du niveau d’éducation, Prince Kihangi appelle à l’organisation d’une table ronde scientifique pour échanger autour des mécanismes à prendre pour renverser la tendance.

    Magloire Tsongo depuis Goma

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