Vincent Karega, ambassadeur du Rwanda à Kinshasa, a déclaré ce 24 août 2020, que parler de plus de 1000 morts à Kasika alors qu’on ne cite que deux noms, n’est qu’une propagande.
L’ambassadeur du Rwanda à Kinshasa Karega a aussi qualifié de «calomnie» le fait d’avoir dit que ce sont des militaires rwandais qui avaient tué des personnes à Kasika et ailleurs en territoire de Mwenga, il y a de cela 22 ans.
Il l’a dit quand il réagissait à une publication d’un congolais, historien de son état, Benjamin Babunga ce lundi 24 août 2020.
Alors que ce dernier a, comme c’est souvent son habitude, publié un extrait en mémoire des massacres qui se sont déroulés dans plusieurs villages du territoires de Mwenga par des militaires rwandais, en 1998, le représentant de Paul Kagame en RDC n’a pas tardé de rejeter en bloc toutes les actions.
Il n’a pas que rejeté ou réfuté le fait que ce soit les militaires rwandais qui auraient tué, Vincent Karega a aussi, en quelque sorte, nié le fait que plus de 1000 congolais avaient été tués ce jour à Kasika, Kilungutwe….
Selon lui, c’est de la colomnie pure et simple car les villages razziés n’ont pas de nom et que le nombre des personnes mortes non plus n’est pas correct.
https://twitter.com/vincentkarega1/status/1297916005805678592?s=20
Le puissant homme de Kigali a par ailleurs minimisé si pas nié l’existence du rapport mapping qui a aussi documenté sur le massacre de Kasika et sur plusieurs autres crimes à l’Est de la RDC.
Pour lui, ce rapport a été rejeté en draft et n’a jamais été adopté car accusant « abusivement » 5 pays limitrophes.
https://twitter.com/vincentkarega1/status/1297921810596605952?s=20
Colère et indignation en RDC
Cette sortie de l’ambassadeur Karega a suscité une colère bleue dans le chef des activistes et acteurs sociaux congolais.
Pour madame Soraya Aziz, l’ambassadeur de Kigali ne peut pas nier une évidence car les victimes existent bel et bien.
Vous ne pouvez pas nier les évidences. Les victimes existent et ont des noms. Si nous refusons de faire un culte du génocide c'est parceque contrairement à la politique rwandaise de victimisation, nous avons la mort en horreur et préférons célébrer la vie. #MappingReport https://t.co/8a0B9SiZ9X
— 🦋Soraya🐝 (@SORAZIZ) August 24, 2020
De l’autre côté, Bienvenue Matumo, militant de la LUCHA, demande carrément l’expulsion par le gouvernement congolais, de l’ambassadeur du Rwanda en RDC pour négation des massacres commis contre les congolais par les militaires de son pays, le Rwanda.
Le gouvernement congolais devrait expulser l’ambassadeur @vincentkarega1 pour négation des massacres des congolais commis par les militaires rwandais dans le Sud-Kivu. Un ambassadeur étranger ne peut pas oser nier le génocide rwandais à plein Kigali. @SORAZIZ @judith_maroy
— Bienvenu Matumo (@matumo_b) August 24, 2020
Vincent Karega a vite supprimé son tweet après cette colère des internautes congolais face ses propos négationnistes.
Cette sortie de Vincent Karega arrive, seulement quelques jours après la vidéo de chef militaire rwandais, James Kabarebe, devenue virale sur les réseaux sociaux il y a une ou deux semaines.
Celui-ci a, dans une émission sur la Télévision Rwandaise accusé le docteur Mukwege de faire du rapport mapping une propagande.
Ces réactions des officiels rwandais notamment celle de Kabarebe, sur les tueries à Kipupu au Sud-Kivu et celle de Vincent Karega sur le massacre de Kasika ramenéraient à croire que le Rwanda a enfin choisi le négationnisme comme arme afin de rejetter sa responsabilité dans le drame congolais.
Un drame pour lequel des vaillants congolais ont choisi de consacrer la lutte afin de s’assurer de la non-répétition.
Jean-Luc M.