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    Depuis plusieurs semaines, les rebelles du M23 sont visibles sur le sol congolais et plus particulièrement dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo, au Nord-Kivu. Leur résurgence a provoqué une vive tension entre la RDC et le Rwanda, dont les autorités congolaises accusent de soutenir cette rébellion.

    En effet, le Gouvernement congolais n’a pas tardé à prendre plusieurs décisions suite à cette agression rwandaise. Il a durci davantage les sanctions prises contre le pays de Paul Kagame, accusé actuellement avoir déployé ses militaires dans la province du Nord-Kivu.

    Autour du chef de l’Etat Félix Tshisekedi lors d’une réunion du Conseil supérieur de la défense tenue récemment, les responsables de l’armée et des services de sécurité ont pris des décisions pour écarter diplomatiquement le Rwanda.

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    A en croire Patrick Muyaya, Ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement congolais, tous les accords signés avec Kigali ont été suspendus. Félix Tshisekedi a, à l’occasion, appelé le Rwanda à retirer ses troupes sur le sol congolais.

    Ces mesures se sont ajoutées à plusieurs autres prises avant. Il s’agit par exemple de la suspension des vols de Rwandair, une compagnie Rwandaise qui effectue ses activités commerciales en République démocratique du Congo.

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    Au vu de ces sanctions, le Rwanda est-il en position de faiblesse ? Difficile pour l’instant de confirmer l’hypothèse. Toutefois, politiquement et économiquement, le pays de Kagame aura beaucoup perdu. Car depuis le début des affrontements dans le territoire de Rutshuru, plusieurs puissances mondiales ont dit non à toute incursion rwandaise à l’Est de la RDC. Les États-Unis ont à haute voix averti le Président rwandais Paul Kagame dans le conflit qui oppose son pays à la RDC. Le sénat américain a même appelé à une enquête.

    Et sur le plan militaire, même si les M23 ont réussi à occuper spontanément certaines localités du territoire de Rutshuru, la porte de la négociation qu’ils prônaient avant de libérer ces zones leur a été fermée. Le Gouvernement a même déclaré leur mouvement comme « terroriste ». De quoi freiner les ambitions de ce mouvement politico-militaire issu du CNDP et du RCD.

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    En outre, la mission des Nations-Unies en RDC, elle-même attaquée, a réitéré sa détermination d’appuyer les forces armées congolaises dans leur traque des rebelles du M23.

    Économiquement, le Rwanda est tout aussi en position de faiblesse. La suspension des vols de la compagnie rwandaise à destination de la RDC pesait déjà. Position inconfortable renforcée par la suspension des protocoles d’accord et accords signés avec le Rwanda, qui portaient notamment sur l’exploration de l’or dans le Nord-Kivu.

    Même si le Rwanda continue de nier soutenir le M23, des preuves mises au public par l’armée congolaise sont éloquentes. D’abord, deux soldats rwandais avec des munitions avaient été arrêtés dans le territoire de Rutshuru. Ils se battaient aux côtés du M23, selon l’armée congolaise.

    Par ailleurs, une présence des militaires de l’armée rwandaise a été notée lors de la conquête de la cité frontalière de Bunagana par les terroristes du M23 la semaine dernière, en plus du fait que les FARDC avaient fait savoir que l’artillerie dont dispose le M23 ne fait l’ombre d’aucun doute quant à l’appui qu’ils recevraient du Rwanda.

    Jusqu’où le Rwanda est-il prêt à aller ? Le M23 peut-il indéfiniment se battre à l’absence de toute forme de négociation avec le Gouvernement ? Autant de question qui restent jusqu’ici sans réponses, alors que le troisième conclave des chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est (East African community) est convoqué ce lundi 20 juin 2022 à Nairobi au Kenya. La situation sécuritaire à l’Est de la RDC sera au centre de cette réunion à laquelle Félix Tshisekedi prendra part. Il sera question d’évaluer le processus politique de Nairobi depuis le dernier conclave d’avril, et la composition de la force militaire régionale.

    Magloire Tsongo depuis Goma

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