Vital Kamerhe, ancien Directeur de Cabinet du Président Félix Tshisekedi, a bénéficié ce lundi 6 décembre 2021 d’une liberté provisoire, devant la Cour de Cassation. Tard dans la nuit, le Président national de l’UNC a quitté le Centre Nganda où il était interné pour les soins. Dans cette tribune que vous propose Laprunellerdc.info, l’Abbé Jean-Baptiste Kabazane écrit aux juges et aux avocats qui ont pour les uns rendu le droit, et pour les autres défendu Vital Kamerhe pendant ses durs moments.
Tribune
L’actualité récente au Pays et dans les réseaux sociaux a été marquée par des nouvelles faisant écho de la liberté provisoire accordée par la cours de cassation de notre Pays à l’honorable Docteur Vital Kamerhe allié principal , compagnon de lutte et ancien Directeur de cabinet du Chef de l’État Félix Antoine Tshidekedi .La soirée de ce 6 décembre 2021 , est vécue par les Congolais en communion de joie et de prière avec la famille Nkingi, avec Madame Alphonsine Nemberwa M’ Nkingi qui voit lui revenir le fruit de ses entrailles, avec Madame Hamida Kamerhe Chatur, que Vital désignait autrefois » prisonnière avec moi », qui a veillé avec tendresse et tact sur l’aigle de Bulwi.
La nouvelle tombée en début de la soirée de ce lundi constituerait un ouf de soulagement et une sorte de manne venue du Ciel pour un peuple broyé par la souffrance et la révolte depuis le 8/4/2020, début du chemin de croix de l’élu du Kivu. Grande aura été la communion de joie avec les Juges de la cour de cassation, les avocats de Vital Kamerhe pour n’avoir pas renoncé à un combat noble pour le droit et la justice justes qu’ils ont choisis en acceptant de défendre et juger Docteur Vital KAMERHE, Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat. Tout ce labeur aura constitué une recherche ardue des voies tendant à effacer la malédiction portée au Pays par la condamnation de celui que le premier Citoyen appelle « l’homme correct « . C’est donc aussi que le Chef partage la joie de son peuple dont il est d’ailleurs artisan primordial.
Dès lors que Vital KAMERHE a séjourné au camp des blessés de la vie, des petits et des faibles sans défense, c’est trop osé que de penser imaginer l’honneur fait au Pays par les Juges en cassation qui ont tenu à la primauté de la vérité sur les calculs politiciens dans une société qui peine encore à voir naitre un Etat de droit pour lequel le Chef de l’Etat a donné le meilleur de lui-meme. Des gens ont accueilli différemment la nouvelle mais un de gros sentiments partagés est l’estime ou l’admiration des honnêtes gens pour les Juges et les avocats qui font danser et jubiler la République par la rectitude de leur jugement.
Nous nous réjouissons aujourd’hui, non seulement parce que Vital Kamerhe est quelque peu libre, mais surtout à cause de ce début de proclamation solennelle par le droit dans notre Pays du triomphe de la vérité sur le mensonge. C’est un pas franchi pour le triomphe de la vérité et les valeurs nobles. Chers Juges, et toute l’équipe de la défense, votre grandeur réside désormais dans ce courage exceptionnel de risquer tout, et même votre vie, pour sauver un frère, en stigmatisant les circonstances injustes qui rendent son procès nébuleux.
Dès lors, vous êtes tous sur la route de Jéricho, où des blessés par des bandits gisent dans le sang, attendant le secours des passants (Cfr Lc 10, 25-37). Le Congo est Jéricho, Makala est Jéricho, Chaque village de la RDC est Jéricho, l’Est du Pays est Jéricho, l’Ituri est Jéricho, notre monde est Jéricho. On y voit un prévenu Kamerhe tombé dans les bras des méchants, et vous osez vous arrêter pour bander justement les plaies et tailler une pierre d’espérance dans une montagne de désespoir.
Témoins attitrés, avec le peuple, de la souffrance injuste de Vital, la question pour vous est : « qu’arrivera-t-il aux générations montantes si nous ne disons pas le droit, quelle leçon si nous n’agissons pas objectivement ? ». Trop souvent nous n’agissons pas sur la route de Jéricho, car inquiets de ce qui nous arrivera à cause de notre prise de position ou de notre foi. La corruption gangrène l’appareil et les plus jeunes ont la nausée de la carrière qui met pourtant débout un pays. Merci, car s’il y a des faiseurs de pluie d’injustice, vous êtes de ces faiseurs de beau temps du droit quoique bafoué !
L’histoire, en effet, est jonchée d’exemples d’hommes et des femmes qui ont risqué. Martin Luther King évoque deux cas auxquels j’associerai le vôtre :
– Albert SCHWEITZER n’a pas demandé « que deviendrait mon prestige et ma sécurité de professeur d’université, que deviendra mon standing d’organiste spécialiste de Bach, si je travaille avec le peuple d’Afrique ? ». Mais il a plutôt demandé : « qu’arrivera-t-il à ces millions de gens blessés par l’injustice si je ne vais pas vers eux ? ».
– Abraham LINCOLN n’a pas demandé « que m’arrivera-t-il si je proclame l’émancipation et mets fin à l’esclavage ? ». Mais il a plutôt demandé : « qu’arrivera-t-il à l’union et aux millions de Noirs si je ne le fais pas ? ».
– Les Juges en cassation (et toute l’équipe des avocats de Vital) n’ont pas demandé « qu’arrivera-t-il à ma carrière, à ma famille et à ma vie si je ne mors pas aux appâts de mon appartenance familiale ou d’autres tendances politiques ? ». Mais vous vous êtes plutôt sentis provoqués au courage du risque de la parole face à la situation d’un homme d’Etat exclu du jeu politique.
Vous vous êtes, certes dits : « qu’arrivera-t-il à la cause de la paix, de la justice, de la stabilité et du développement du pays, si nous ne risquons pas de défendre l’éminent politique immoler, si nous ne participons pas courageusement à la dynamique de sa libération ? ». Chacun de nous imagine les sentiments qui furent les vôtres.
Chers Juges du Docteur Vital, je voudrais évoquer la noblesse de votre position. Je pense à un proverbe africain qui dit : « Il n’ya pas un village qui manque la poule blanche », pour dire que même quand la corruption et le mal envahissent une Société, il y a toujours des hommes exceptionnels qui défendent les valeurs. Vous êtes tous parmi ces rares « poules blanches » du Village ! Nos respects et notre profonde estime !
Notre Seigneur Jésus-Christ, constatant qu’il vivait au sein d’une génération qui a perdu le bon sens, invita ses disciples à être lumière et sel de la terre : « Vous êtes le sel de la terre, …vous êtes la lumière du monde… que votre lumière brille devant les hommes afin qu’en voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père du Ciel » (Mt 5,13-16). Et il ajoute pour vous et pour les Juges et avocats de Vital, comme pour tout homme : « Sauvez-vous de cette génération perverse » (Lc 7, 18-35 ; Mt 12,38-45).
En effet, Jésus s’adresse à ceux qui cherchent la justice et qui ont pour mission de rendre justice et dire le droit. La Justice est la lumière de Dieu dans la vie de l’homme. Juger avec équité est un signe de cohérence dans la vie d’un homme authentique. Moise, Déborah, Esther, Amos, Isaïe, Salomon, ont lutté pour maintenir cette flamme. Chaque fois qu’une génération se pervertit, Dieu suscite des hommes intègres, car la vie en Société n’est possible que par la justice. Et les justes resplendiront dans le Royaume de leur Père (Mt 13, 43).
La société vit une période de grande confusion où la justice est bafouée. A raison, par moment et par endroit, celui qui a du poids politique, le contrôle des médias et des réseaux sociaux, le clientélisme et le tribalisme se substituent aux arguments et à la présentation des preuves. Vous êtes, chers juges de ces « Poules blanches », rares dans le village, pour faire respecter la RDC, contrairement aux influences et connotations tribales qui se sont introduits dans le procès. Votre persévérance, votre cohérence servent de lumière pour les Congolais, pour les chrétiens, pour ce Pays qui peine à reprendre sa souveraineté. Vous souhaiteriez être pendus pour la loyauté et la fidélité au droit que d’être récompensés pour la trahison ! Quel choix noble !
Rempli d’estime et d’admiration pour vous, Convaincu que notre monde n’est pas une vallée des larmes, et que le Seigneur récompensera vos efforts, sûr que sa lampe ne s’est pas encore éteinte pour vous éclairer davantage afin de dire la parole définitive sur le fils de Constantin et Alphonsine, j’implore sur vous et sur vos familles d’abondantes bénédictions. » Heureux qui pense au pauvre et au faible, le Seigneur le sauve au jour du malheur » (Ps 40,2).
Abbé KABAZANE NSIBULA Jean-Baptiste