« Que des lamentations…Encore des lamentations », c’est par ces mots que réagit le Professeur Bily Bolakonga à la lettre de Moïse Katumbi, (Président de « Ensemble pour la République ») adressée au Président de la République Démocratique du Congo et son allié Félix Tshisekedi.
En effet, dans cette longue missive, Moïse Katumbi revient essentiellement sur le récent entérinement de l’équipe de la Commission Electorale Nationale Indépendante avec à leur tête, le très contesté Denis Kadima. Il demande clairement à Tshisekedi de ne pas l’investir.
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Mais pour le Professeur Bily Bolakonga, l’un des plus critiques contre la classe politique congolais, Moïse Katumbi, « inspire la pitié ! ».
« Pas bon pour un homme politique qui aspire aux plus hautes fonctions. Cela réduit son aura politique que de paraître comme un quémandeur larmoyant de loyauté. La politique est un jeu des rapports des forces, il faut s’y oser parfois avec témérité, en prenant des risques pour s’affirmer », fait-il remarquer.
Malheureusement, regrette le Professeur Bolakongo, l’homme se caractérise systématiquement par le « manque de courage » et une « indéniable facilité à la servitude volontaire ».
Franchir le rubicon semble ne pas être inscrit dans l’ADN de Moïse Katumbi, tacle le Recteur de l’Université Mariste de Kisangani.
« Son vrai faux ou plutôt son faux vrai allié le sait et joue à volonté et à cœur joie avec cette susceptibilité de l’un de plus pusillanimes politiques du moment », dit-il à LaPrunelleRDC.info.
Il pense que cette lettre digne d’un « chapelet des douleurs coulée dans la vallée des larmes » fait penser à cette célèbre citation d’Alfred de Vigny : » Gémir, pleurer, prier est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche « .
Il devrait quitter la baraque
L’enseignant d’Université estime que tout ce manque de respect envers Moïse Katumbi et à sa famille politique devrait l’amener à quitter l’Union Sacrée. Mais, constate-t-il, il manque de courage de faire l’opposition.
« En réalité, la synthèse de l’homme incapable de faire un chemin franc de l’opposition. La récurrence des signaux de manque de respect à sa personne et à sa famille politique devrait l’obliger, s’il était courageux, disposant d’une pensée autonome, à quitter carrément la barque Union Sacrée de la Nation ».
En définitive, Bily Bolakonga ne s’arrête à condamner les « lamentations » et le manque de courage mais fait une sorte de prédiction.
« Ce qui arrivera, c’est que Katumbi sera poussé honteusement vers la sortie, pendant que bon nombre de ses lieutenants (notamment les ministres et certains députés) y resteront, séduits par l’attrait « irrésistible » du pouvoir, ce qui réduira son poids politique et, par ricochet, son influence. Connaissant le caméléonisme politique et la tendance pathologique à la transhumance des politiques congolais, je vois mal comment il saura garder la majorité de ses cadres dans son Ensemble, cadres du reste, issus d’une base hétéroclite, sans fondement idéologique solide et éprouvée, malgré ses gros moyens financiers ».
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Contexte
Denis Kadima a été entériné par l’Assemblée Nationale de la RDC, comme nouveau Président de la CENI. A ses côtés, plusieurs autres membres du bureau et de la plénière de la CENI. Le prochain Président de la CENI a été choisi par six confessions religieuses, sans l’Eglise Catholique et celle Protestante, qui détiennent pourtant la Présidence et la Vice-Présidence de la plateforme des confessions religieuses.
Ces deux confessions religieuses et plusieurs forces politiques du pays lui reprochent d’être un candidat d’un camp et pensent qu’il n’est pas mieux placé pour diriger cette institution d’appui à la démocratie. C’est dans cet angle a écrit au Président Tshisekedi lui demandant d’user de la sagesse dans le dossier.