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    Dans une déclaration rendue publique à Bukavu, le Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu demande que cessent des tentatives tendant à étouffer les démarches parlementaires; qui visent selon lui à contrôler des actions du Gouvernement provincial. Il demande également au Gouverneur Théo Ngwabidje Kasi à apporter des réponses aux griefs contenus dans la récente motion de défiance contre lui. Et la Société Civile dit être prête à mobiliser toutes les forces sociales et politiques, afin de s’assurer que les autorités travaillent pour le bien être de la population.

    « Le Sud-Kivu dans la tempête et la démocratie à l’hôtel du sacrifice» 

    DECLARATION DE LA SOCIETE CIVILE DU SUD-KIVU FACE A LA SITUATION POLIYIQUE ACTUELLE EN PROVINCE

    La Société Civile du Sud-Kivu suit avec inquiétude et de près la situation socio politique, économique et sécuritaire dans la province.

    En effet depuis plus de deux ans la province avait connu l’installation des animateurs de deux institutions provinciales à l’issue de dernières élections de décembre 2018 qui ont consacré une alternance démocratique.

    Les espoirs étaient bien permis et tous les sud-kivutiens attendaient un réel décollage de la province, après plusieurs décennies de blocage dans la gestion de la chose publique.

    Mais malheureusement, les mêmes causes produisant les même effets, les espoirs s’emballent du jour au lendemain, et les inquiétudes ne font qu’accroitre. La misère est perceptible et la population a l’impression, et c’est ne pas faux, que les préoccupations des dirigeants sont ailleurs. Les signaux sont au rouge dans tous les secteurs de la vie et ceux qui sont censés rectifier les tirs, semblent préoccupés à nous produire du spectacle.

    La Société Civile a fait un diagnostic sans complaisance dans sa dernière conférence de presse du 18 janvier dernier, pour éveiller les consciences, mais hélas, aucune réaction positive n’as suivi.

    Inquiète de cette situation malheureuse la société civile du sud kivu s’est réunie en urgence ce mardi 06 avril 2021, a fin de jouer son rôle traditionnel conformément à sa charte en vue de porter haut la voix des plus faibles.

    Au cours de cette rencontre les acteurs de la société civile ont passé en revue la situation générale de la province

    A titre illustratif

    La Société Civile note que sur le plan socio-économique, la situation empire davantage. Les infrastructures routières ses détériorent à tel enseigne que les mouvements entre le chef-lieu de la province et les territoires deviennent pratiquement impossible. Le dernier cas en date est celui de la situation de la route national numéros 5 au niveau des escarpements de Ngomo. A ceci s’ajoute la situation de Mwenga, Kalehe, Shabunda et ailleurs. Qu’en est-il de l’accès à l’eau, l’électricité, l’habitat et tous les autres besoins sociaux de base ?

    Par ailleurs les maisons de l’Etat continuent à être spoliées sous l’œil complice des autorités provinciales; et avec les mêmes motifs de partenariat public-privé. Que pensons-nous de notre progéniture ? Qu’avons-nous légué à générations futures?

    L’insécurité bat son plein sur toute l’étendue de la province du sud kivu et les motifs ne sont jamais mis que dans la rubrique des faits divers. Les groupes armés et le tribalisme ne s’arrêtent pas au vu et au su de tous les dirigeants. Les infiltrations en masse dans le sud de la province et les défections de militaires, des combats à Bunyakiri et à Kalonge etc.. Pouvons-nous parler de la complicité ou de l’incapacité  à protéger les citoyens ?

    Que dire de l’environnement et des ressources naturelles ? Dans ce secteur on a l’impression que nos autorités ont pratiquement cessé d’exister. Les arbres sont abattus en désordre avec toutes les conséquences sur le changement climatique. L’insalubrité bat son plein dans toutes les entités et les dirigeant ne sont pas pressés à agir. Quel avenir pour nos lacs, nos rivières et tous les autres               d’eau victime des pollutions perpétuelles ? Quelle politique pour les secteurs minier en province ? Les fraudes minières se portent à merveille sans que personne ne pose la question. On est en droit de croire que les autorités y sont pour quelques chose.

    Par rapport aux droit de l’homme et aux libertés individuelles : il s’observe une montée vertigineuse  de l’intolérance dans la province du Sud-Kivu. Tous ceux qui tentent de critiquer les dirigeants actuels sont soit insultés, soit considérés comme des personnes à abattre. Des manifestations, symbole de la vigueur de la démocratie au Sud-Kivu sont continuellement étouffées, surtout quand les manifestants mettent en cause la gouvernance actuelle. Les prisonniers continuent de crever dans les prisons et autres lieux carcéraux par manque de soins et de la nourriture; les journalistes et medias ne partageant pas la vision et les informations favorables aux autorités provinciales sont inquiétés et intimidés. La liberté de  la presse est menacée. Journalistes et défenseurs des droits de l’homme et opposant enfermés pour leurs opinions. Bref la situation est sombre.

    Sur le plan politique, le constat est amer : les dialogues sont rompus entre le gouvernement provincial et l’assemblée provinciale. La guerre est désormais ouverte et acharnée.

    La Société Civile constate malheureusement que depuis un certain temps, l’exécutif provincial tente de se soustraire à l’exercice de redevabilité devant la représentation provinciale. Au lieu de répondre aux questions pressantes de gestion de la province, la société civile à l’impression que l’actuel Gouverneur à choisit, pour sa survie politique, de chercher des soutiens des hauts dignitaires et de faire des alliances contre nature avec certains élus. Avec quels moyens ? Les finances de la province sont bradées, les gens s’enrichissent et la province s’appauvrit d’avantage.

    Dans le même angle d’idées, certains députés provinciaux ont choisi de brader leur dignité et de se concentrer sur le travail pour lequel ils n’ont pas été élus. Que dire de ces deux années passées dans l’hémicycle provincial. Combien de contrôles parlementaires et pour quels rapports ? Même leur règlement intérieur reste incomplet jusqu’à ce jour. D’autres sont ceux qui ont des contrats appelés partenariat public-privé, souvent en violation de toutes les règles de jeu et des lois de la République.

    Alors que le sud-kivutiens s’attendait à des solutions concrètes leurs problèmes quotidiens, voilà que les deux institutions provinciales, à savoir l’Assemblée provinciale et le gouvernement provincial, se livrent à un spectacle honteux et défiant toute éthique. Le peuple ne peut qu’observer et gémir !  La démocratie est mise à mal.

    Au vu de ce qui précède et considérant toutes les autres alertes et recommandations antérieures, la Société Civile demande :
    1. Que cessent des tentatives tendant à étouffer les démarches parlementaires qui sont du reste, constitutionnelles, en vue de contrôler des actions du Gouvernement provincial et encourager les députés provinciaux à faire leur travail en toute responsabilité. Ces députés sont l’émanation de notre peuple et doivent être protégés dans l’exercice de leurs fonctions
    2. La question du fameux bureau d’Age s’apparente à une tentative de règlement des comptes elle n’a pas de place ni dans la législation de l’Assemblée provinciale, moins encore dans la Constitution de notre pays. L’Assemblée provinciale étant l’organe qui a comme mission de légiférer, ne devrait pas cautionner toute violation des lois et des principes démocratiques. La province ne doit pas être gérée par les humeurs des gens mais par les lois et les principes du pays.
    3. Invitons le gouvernement central à diligenter une mission officielle de l’inspection générale de finance «IGF » pour toute fin utiles et aux différentes autorités morales de cesser de manipuler les institutions provinciales pour qu’elles ses mettent au service du peuple.
    4. Demandons dans l’urgence l’examen de tous les rapports parlementaires qui moisissent dans le tiroir de l’Assemblée provinciale, parmi lesquels le rapport Fiston Bulambo et les autres, et au Bureau permanent de rendre compte de sa gestion aux députés provinciaux et aux sud kivutiens en général. Cela devra se faire au cours de cette session parlementaire en cours. Dans le cas contraire, les forces vives n’hésiteront pas d’agir au bout de quatre mois pour s’assumer comme un peuple.
    5. Encourageons le Gouverneur Théo Ngwabidje Kasi à apporter des réponses aux griefs contenus dans la récente motion de défiance, et d’autres initiatives parlementaires et cela conformément aux textes et lois de la république. Redevabilité et bonne gouvernance obligent. Dans le cas contraire nous considèrerons que toutes les accusations sont vrais, et nous l’encourageons à sauver son honneur notamment en présentant sa démissions toutes autant nécessaire.
    6. La Société Civile demeure vigilante et prête à mobiliser toutes les forces sociales et politiques acquises à la bonne gouvernance et à la démocratie, en vue d’exiger du respect vis-à-vis du peuple et de s’assurer que la démocratie parlementaire est protégée pour le bien de nos populations.

    En fin la Société Civile du Sud-Kivu demande aux uns et aux autres de cesser avec les jeux de distractions et de répondre aux besoins urgents de la population. Le peuple a ras-le-bol des théâtres. Il y a des questions qui attendent urgemment des réponses concrètes: la gratuite, les routes, la sécurité.

    Fait à Bukavu le 06 avril  2021

    Pour la Société Civile

    Adrien Zawadi Lwantunda, Président du Bureau de Coordination

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