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    Le Professeur Bily Bolakonga se dit inquiet par la dégradation de la situation socio économique de la République Démocratique du Congo, en cette période où le pays fait face à la pandémie du coronavirus.

    Dans cette tribune que vous propose Laprunellerdc.info, Bily Bolakonga dit avoir l’impression de vivre un véritable « flash-back » des années 1990, avec notamment l’hyper-inflation galopante.

    « La dégradation quotidienne de la situation socio-économique du pays devient un lot commun.

    Chaque jour qui passe conforte l’impression que ce pays n’est pas gouverné ! La dépréciation du franc congolais face à la monnaie de référence, le dollar américain épouse une tendance inquiétante. Aujourd’hui, il faut compter 2020 FC pour s’adjuger 1 seul dollar.

    La quasi-totalité des indicateurs socio-économiques virent au rouge, éloignant davantage, ne serait-ce que l’illusion d’un changement positif tant espéré et clamé dans des discours qui se révèlent finalement être pires qu’une démagogie classique.

    Le salaire déjà minable des fonctionnaires de l’État est, depuis un certain temps, payé largement en retard. De nombreux fonctionnaires s’inquiètent déjà d’une éventuelle disparition des mois entiers de salaire, au regard de l’évolution du rythme bégayant des paies.

    Ceux du secteur privé et les gagne-petit sont tels des  » left-over  » d’un système social quasi-inexistant particulièrement en cette période de crise où le pays accuse une carence criante en planification avec aucun plan de déconfinement si d’ailleurs un plan de confinement avait existé !

    On dirait que le gouvernement, désinvolte, y prend plaisir alors même que son train de vie – ponctué des scandales multiples et récurrents, des choix sulfureux et autres  voyages aux apparences touristiques,  dubitablement rentables pour le pays – ne cesse de croître (notons que les réserves de changes de la RDC sont actuellement incapables de couvrir un mois d’importation).

    Reparlant du salaire des fonctionnaires, il importe de remarquer qu’il s’est amenuisé sous prétexte du retrait de l’IPR, ce qui constitue, en soi, un bafouement des avantages sociaux acquis.

    Par ailleurs, le pouvoir d’achat de la population s’érode et s’effondre au quotidien, infligeant au passage un coup dur aux paniers des consommateurs qui deviennent de plus en plus légers, négativement sélectifs en termes de qualité, fragilisant ainsi davantage la sécurité alimentaire …

    Nous avons l’impression de vivre-en live-un véritable flash-back cauchemardesque des années 1990 avec l’hyper inflation galopante. A titre illustratif, une enquête de terrain nous a permis de constater une majoration des prix des denrées agroalimentaires les plus consommés (fluctuant entre + 33,8 et + 52%) sur différents marchés depuis la mi-février.

    Si le social charrié par le slogan charmeur  » le peuple d’abord  » reste encore le fer de lance du Président, la réalité socio-économique prend le contre-pied, révélant un grand hiatus entre la redondance d’un discours d’autosatisfaction relayé par certains sbires aveuglés et la factualité du vécu quotidien des congolais ordinaires : la misère enfle dangereusement!

    Au même moment, les factures d’électricité et d’eau ont quasiment doublé, apparemment pour récupérer les sommes non encaissées pendant la gratuité décrétée, décision visiblement prise hasardeusement sans mesures compensatoires en faveur des sociétés concernées, comme ce fut d’ailleurs le cas d’une autre décision pourtant proclamée solennellement et pompeusement au sujet de la non retenue de l’IPR pendant un trimestre; ce qui regarnit le cimetière des décisions sociales jamais appliquées.

    En guise de « compensation », le peuple a plutôt droit à des conflits réels et/ou apparents entre acteurs de la même coalition, à des détournements en millions de dollar… La conséquence logique est la déception très perceptible d’un peuple déchanté et dégoutté d’une politique de l’enrichissement rapide et éhonté.

    A cette allure et au regard de la météorologie sociopolitique et économique, les mauvais jours sont à venir. Cependant, le peuple congolais aspire enfin planter sa lourde croix au terme d’un aussi long et éprouvant chemin de la croix qu’il avait faussement cru achever le 30 décembre 2018. C’était sans compter que la crucifixion n’avait pas encore eu lieu, quand d’ailleurs sa résurrection devient fort hypothétique pour 2023!

    Au finish, on a l’étrange impression que la RDC, visiblement liquéfiée par une gestion chaotique sur plusieurs registres, coule ou est coulée sous un béton relativement mal préparé et surtout mal posé.

    Professeur Bily Bolakonga,

    Professeur à l’Institut Facultaire des sciences agronomiques de Yangambi, et Spécialiste en politique agricole »

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    4 commentaires

    1. Pour un homme à la trampe d’un Professeur d’université, le lecteur s’attend à des pistes de solutions après la problématique.
      Disons qu’on reste sur notre faim…

    2. Dr Dieudonné Tshishi on

      Prof, merci pour votre appréciation qui ne voit que le point tout blanc sur un grand tableau noir. L’honnêteté devrait vous pousser même à effleurer des propositions pour l’amélioration de la situation. Vous n’avez fait que vous plaindre alors que vous êtes censé faire partie de la crème intellectuelle du pays, celle qui doit prophétiser le bonheur du Congo en présentant les conditions. Vous avez le devoir de voir ce que le « Beton mal posé » est en train de faire pour bien se poser: la justice! Pensez à publier une autre tribune dans laquelle vous mentionnerez des notes d’espoir même à certaines conditions. Merci.

    3. Alain Bononga on

      Dr Dieudonné, je pense qu’il n’est pas difficile de trouver des recommandations dans l’allocation du Professeur ou qu’il soit nécessaire de porter des lentilles pour voir des propositions dans son langage.
      Bon, je vais t’aider.
      Il faut le lire entre les lignes.
      Il est juste question de positiver ou transformer positivement tout ce que le Prof a reproché, tu auras des réponses A tes soucis.

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