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    Dans ce 31ème épisode de la chronique « Mon point de vue », le Pasteur Nicolas Kyalangalilwa revient ce 10 avril sur la problématique des incursions armées au Nord-Kivu. Des incursions attribuées au groupe communément dénommé, M23. Quelle analyse faire de cette soudaine résurgence des violence ces derniers mois ? Le M23 renaît-il de ses cendres ?

    Le M23, renaît-il de ses cendres ?

    L’actualité cette première semaine du mois d’Avril 2022, au Nord-Kivu est dominée par les combats entre les éléments du Mouvement du 23 Mars (M23) sur une partie de cette province et FARDC. En réalité ces incursions et affrontements durent depuis la fin de l’année passée.

    La rébellion du M23 ou mutinerie du M23 est née au Nord-Kivu, en Avril 2012 (il y a de cela dix ans) dans le nord-est de la République Démocratique du Congo, des cendres du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), du célèbre commandant Bosco Ntaganda, alias « Terminator ».

    En effet en mars 2009, le CNDP avait signé un traité de paix avec le gouvernement congolais. Il acceptait de devenir un parti politique. En retour le gouvernement s’engageait à relaxer certains de ses membres en prison et à intégrer une partie de ses troupes dans l’armée régulière congolaise. Le M23 est donc constitué des mutins qui considéraient que le gouvernement congolais n’avait pas respecté les modalités de l’accord du 23 Mars 2009 avec le CNDP.

    Des rapports des Nations Unies ainsi que des organisations de la Société civile de monitoring international et local indiquaient que des rebelles du M23 avaient reçu du soutien du Rwanda.

    A la suite d’une guerre de leadership à la tête du mouvement en 2013 entre l’ancien porte-parole Bertrand Bisimwa et Jean-Marie Runiga, et des offensives de l’armée congolaise appuyé par les éléments de la MONUSCO, le 5 novembre 2013, le M23 déclare déposer les armes. Environ 1.500 membres du M23 se rendent aux autorités de l’Ouganda, peu après alors que d’autres éléments (le camps Runiga) seront cantonnés au Rwanda.

    La RDC et le M23 signeront le 12 décembre 2013 à Nairobi un accord de paix qui confirme la dissolution du M23, définit les modalités de la démobilisation et conditionne à l’abandon de la violence la reconnaissance des droits de ses membres.

    C’est l’application de cet accord de Nairobi, que les groupes du M23 qui sont actifs ces derniers jours réclament. Plus de dix ans après, et un changement de régime ce groupe perd sa patience. Ils dénoncent aussi des promesses non-tenues de la part du régime actuel qui sous la médiation de Kigali aurait donné un certain nombre des promesses pour la mise en application de l’accord de Nairobi.

    Mais pour comprendre la complexité des choses, il faut prendre en compte l’évolution politique et sociale en RDC. En ce jour, il s’est élevé un consensus sur la non-réintégration des anciens rebelles au sein des Forces armées de la RDC. Maintenant les postes politiques se partagent sur fond de poids politique tel que peint à l’issue des élections et non plus des accords de paix. Je me demande donc comment on pourra régler le problème du M23 sur fond de l’accord de Nairobi alors que la situation a sensiblement changé.

    Il ne faut pas aussi oublier les interférences régionales entre nos deux voisins (l’Ouganda et le Rwanda). Chacun d’eux héberge et soutien une faction de ce groupe armé. On sait aussi que ces deux pays ne sont pas en très bon terme. Il faudra s’assurer qu’ils ne sont pas en train de se régler les comptes en RDC.

    L’histoire nous renseigne que ce ne serait pas la première fois (et la guerre de Kisangani en 2001 en est une illustration très vivide). On a vu le Président Felix très chaleureux avec son « frère » Paul Kagame, et ces derniers temps on le voit très proches de son autre « frère » Yoweri Museveni.  Ces incursions du M23 seraient-elles des astuces pour s’assurer l’attention du « frère » de Kinshasa par nos deux amis et voisins ?

    Il est plus que certains que si des mesures militaires de dissuasion, des actions diplomatiques en bilatéral, multilatéral et au niveau international ne sont pas initiées dans l’urgence par la RDC, nous risquons de voir renaître le M23 de ses cendres, plus de dix ans après sa dissolution. Et personne ne veut de ce cauchemar !

    Rév. Nicolas Kyalangalilwa
    Acteur de la Société Civile

    A propos de « Mon point de vue » 
    « Mon Point de vue » est une chronique d’analyse de l’actualité provinciale, nationale et régionale animée par Nicolas Kyalangalilwa, célèbre, fervent acteur de la Société Civile et diffusée sur la radio Jambo FM émettant sur 92.0 MHz à Bukavu au Sud-Kivu. Elle est diffusée tous les lundis, jeudis et dimanches à 20 heures 15. La rediffusion de ces épisodes se fait les mardis, vendredi et lundi à 8 heures du matin. LaPrunelleRDC vous les proposera également en écrit et en audio.
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