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    Dix jeunes congolais étaient à Ibadan dans l’Etat d’Oyo, au Nigeria, du 4 au 17 décembre 2022 pour apprendre et tirer profit des expériences et expertise de ce pays dans l’exécution des projets d’autonomisation des jeunes dans le secteur agricole. 

    Cette visite s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle approche, dénommée « Brigade des Jeunes pour la Transformation Agricole en RDC». Cette activité fait partie de l’Agenda de Transformation Agricole de la RDC (ATA-RDC), une initiative du Président de la République, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo laquelle est mise en œuvre par le  gouvernement congolais, avec l’assistance technique de l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA) et de l’Institut Africain de Leadership Agricole (AALI) sous la direction du DG Nteranya Sanginga.

    L’ATA-RDC contribue au vaste Programme de développement local des 145 territoires de la RDC du Chef de l’Etat et du gouvernement congolais. Ce programme veut, notamment mettre en route une nouvelle génération des jeunes sur le chemin d’une agriculture modernisée et professionnelle pour assurer la sécurité alimentaire, la création d’emplois et de la richesse et, de ce fait, lutter contre la pauvreté, particulièrement dans les milieux ruraux. 

    Pourquoi le choix d’une visite des jeunes congolais au Nigeria ? 

    La solution de transformation agricole de la RDC trouve ses racines dans l’expérience que l’IITA a réalisée au Nigeria, entre 2011-2015, avec un grand appui de Goodluck Jonathan, alors Président de la République Fédérale du Nigéria et son Ministre de l’Agriculture à l’époque et actuel Président de la Banque Africaine de Développement (BAD), Dr Akinwumi Adesina,  qui a prouvé au monde qu’il est possible d’augmenter rapidement la productivité agricole, lit-on dans le document stratégique de l’ATA/RDC. Ce document renseigne qu’entre 2011 et 2014, la production alimentaire nationale du Nigeria a augmenté de 21 millions de tonnes de denrées alimentaires et a entraîné une forte réduction des importations alimentaires et, toujours au cours de cette période, les emplois agricoles directs ont augmenté de 3,56 millions.

    Le choix du Nigeria pour cette visite des jeunes congolais, n’est donc pas une pure coïncidence, a expliqué le Professeur David Bugeme, Directeur Technique de l’AALI et superviseur de la Brigade des jeunes. Il a indiqué, à ce propos, que le Nigeria dispose de grandes avancées et connaissances en matière d’agriculture et surtout des projets exécutés par des jeunes.

     » La RDC s’intéresse de plus en plus à l’intégration des avancées technologiques et des méthodes visant à améliorer l’activité agricole, la qualité de ses produits et la quantité de ses exportations. Le Nigeria a une grande expérience de ce que nous voulons implémenter en RDC. Ici, les jeunes membres de la brigade vont améliorer leurs connaissances et vont être exposés aux pratiques modernes en matière de production végétale, animale et piscicole, de la valeur ajoutée, de la mécanisation agricole à petite échelle et de l’éducation agricole « , a-t-il déclaré.

    Cette visite de renforcement des capacités vise donc à familiariser, d’une manière intensive, les jeunes congolais avec les stratégies et technologies utilisées dans ce pays pour rendre l’agriculture plus attrayante aux yeux des jeunes générations. Les projets, mis en œuvre par l’IITA dans ce pays, proposent plusieurs moyens de stimuler les jeunes sur la base des pratiques actuelles, dont, entre autres, l’agriculture en tant que business (agribusiness), la promotion de l’agriculture en milieu scolaire ; la présentation de projets et de modèles par des jeunes agriculteurs à d’autres jeunes agriculteurs ; l’encouragement de jeunes champions et la communication proactive des aspects positifs de la profession d’agriculteur ; l’identification et la promotion des technologies agricoles modernes, éprouvées et rentables et des nouvelles opportunités dans l’ensemble de la chaîne de valeur ; et enfin l’utilisation des technologies numériques qui attirent l’intérêt des nouvelles générations. 

    La brigade des jeunes congolais échange des idées avec leurs pairs nigérians

    Aux côtés de l’équipe chargée des jeunes agripreneurs nigérians et encadrés par  l’IITA,  les jeunes congolais qui constituent le noyau de base des « brigades des jeunes pour la transformation de l’agriculture en RDC», ont découvert des nouvelles opportunités qui s’offrent à la nouvelle génération, que ce soit dans les domaines de la production végétale modernisée, de l’élevage et de la pisciculture, de la valeur ajoutée, du suivi et de l’évaluation, de la communication, de l’agriculture numérique et des TIC, de l’enseignement agricole (STEP) et de la mécanisation.

    Chantal Mokoko, membre de la Brigade des jeunes chargée de la communication, est venue de Kinshasa. Pour elle il y a plusieurs pistes de business à explorer dans l’agroalimentaire, particulièrement dans la capitale congolaise.

    « Ici au Nigeria, en plus de leur gari traditionnel, les jeunes transforment le manioc en différents produits, dont des chips, de la farine pour préparer la bouillie, du pain, des gâteaux, des biscuits, etc. Les jeunes font aussi l’élevage des poissons chats, communément appelés à Kinshasa « Ngolo ». Ces différents aliments peuvent se vendre facilement à Kinshasa où il y a plus de 12 millions d’habitants et où la consommation des aliments surgelés importés peut atteindre le 98% », a-t-elle dit.

    Des initiatives menées par les jeunes et soutenues par le gouvernement de l’Etat d’Oyo ont aussi beaucoup inspiré la brigade des jeunes congolais. Celle-ci pense reproduire certains modèles en RDC, dont celui du parc d’incubation des jeunes en agribusiness de Awe. Ce parc est une initiative du gouvernement de l’Etat d’Oyo, en collaboration avec l’IITA. C’est un centre unique pour les jeunes agriculteurs, qui propose des entreprises agroalimentaires pilotes, des formations et des services de conseil. Le parc est situé sur 210 ha de terres arables avec des installations comprenant des bureaux, des salles de formation, des installations de transformation du manioc et de l’huile de palme, un élevage de moutons et de chèvres, des champs d’ignames, de manioc, de piment, de maïs et de soja, des étangs à poissons et des poulaillers.  

    « Si nous mettons un tel parc, par exemple, dans la plaine de la Ruzizi au Sud-Kivu, nous allons créer un pôle de développement agricole dans la zone », a confié Luc Barhalemberwa, un membre de la brigade des jeunes venu du Sud-Kivu et chargé de suivi et évaluation au sein de la brigade. 

    Après ce séjour de 14 jours au Nigéria, les jeunes congolais sont rentrés ce dimanche 18 décembre 2022 en RDC. Ici, ils ont pour mission de contextualiser et transmettre les connaissances acquises, les adapter et appliquer au système que l’AALI, avec le financement du gouvernement congolais, met en place progressivement dans différentes provinces de mise en œuvre du projet ATA-RDC, en commençant par la ville-province de Kinshasa (site de Mongata), le Kasaï oriental (site de Nkuadi) et le Sud-Kivu (site de la plaine de la Ruzizi). Il est également attendu d’eux qu’ils puissent monter leurs propres entreprises pour générer des emplois, servir de modèle et inciter les jeunes à faire carrière dans l’agriculture moderne. 

    Breuil Munganga
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