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    Le Révérend Pasteur Nicolas Kyalangalilwa est un fervent acteur social dans la Province du Sud-Kivu. Formateur et leader des jeunes, il s’exprime dans cette tribune sur les 23 années depuis le massacre de Kasika dans le territoire de Mwenga au Sud-Kivu. Un massacre odieux qui a vu des femmes enterrées vivantes.  Dans cette tribune que vous propose LaPrunelleRDC.info et intitulée «Kasika: 23 ans après, entre le déni, le silence et l’oubli», le pasteur Kyalangalilwa rappelle que les habitants de Kasika et d’ailleurs victimes des graves crimes ont besoin de justice et réparation. (Tribune).

    «Kasika: 23 ans après, entre le déni, le silence et l’oubli»

    « Et Dieu dit : Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi. Maintenant, tu seras maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de to frère. » Genèse 4 :10-11

    Lire aussi: 23ème anniversaire du massacre de Kasika: «Tôt ou tard, les bourreaux répondront de leurs actes» (Laban Kyalangalilywa)

    Le 24 Août 1998 l’impensable se produisit. Des paisibles citoyens non-armés sont sauvagement massacrés à Kasika. Le récit ne vaut pas la peine d’être peint, tellement il ressemble au pire film d’horreur ! Ce même drame se répètera dans plusieurs endroits du territoire de Mwenga dans les jours et semaines qui suivront. Le bilan est lourd. La blessure profonde.

    Ce qui étonne est que 23 ans plus tard, on n’en parle presque plus. Les bourreaux ont été non seulement récompensés, et continuent à l’être sans être inquiétés. La thèse du déni de ces massacres se défend en pleine capitale (Kinshasa) sous la barbe des dirigeants et cela sans que ces derniers ne bronchent ni n’agissent en faveur de la restauration de la mémoire des victimes.

    Et pourtant on nous chante « le peuple d’abord » à longueur des journées. De quel peuple parle-t-on ? Ceux morts à Kasika ne semblent définitivement pas faire partis de ce peuple. Leur sort ne préoccupe pas les dirigeants : pas même un mot, pas une larme pas un geste en leur faveur. Et pourtant quand le feu Président Dr. Magufuli est mort, on a décrété deux jours de deuil. Quand une bombe a explosé à Paris, on a transmis des mots de condoléances ! On pleure les étrangers, on ne sait même pas pleurer ses propres frères et sœurs ! Quelle malédiction ! Quelle honte !

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    Nicolas Kyalangalilwa, acteur de la Société Civile au Sud-Kivu

    23 ans plus tard, la vérité n’est toujours pas mise au claire, les auteurs et acteurs de ces actes macabres se la coulent douce pendant que les familles des victimes vivent dans la douleur et les âmes de leurs parents errent sans repos.

    Qui aidera ces morts à trouver justice quand les dirigeants « sanctifient » les bourreaux et sacrifient la mémoire des morts à l’autel des intérêts politiques et de « l’éternisation » du pouvoir ? Et cette soi-disant communauté internationale hypocrite qui fait semblant de ne pas voir ni entendre ces voix qui demandent justice depuis 23 ans ! Et même cette force onusienne qui continuant à étendre indéfiniment son séjour dans ce pays, joue à la politique de l’Autriche.

    23 ans après, aucun député (national ou provincial) de ce territoire (Mwenga) n’a osé proposer une loi qui consacre cette journée comme celle commémorant les millions des morts des différentes guerres du Congo. Aucune résolution de ces pseudo Assemblées du peuple n’a été prise pour chercher la vérité, punir les coupables et réconforter les victimes. Les discours ne tarissent points, mais les actions ne sont point au rendez-vous. On vit comme si un certain 24 Août 1998, personne n’a perdu sa vie sauvagement ! Laissée à elle-même, quand est-ce que cette population guérira de son mal ?

    En attendant, Kasika pleure ses morts encore une fois en cette journée du 24 Août 2021, pour la 23ème fois ! Et Dieu seul sait combien de temps encore avant que ses morts ne reposent en paix.

    Lire aussi: 17 ans après le massacre de Gatumba: les Banyamulenge réclament la fin du «génocide» contre eux

    Une chose est certaine, ce pays n’aura de paix réelle que quand ses morts auront été honorés, les coupables punis, la vérité mise à nue et c’est alors que les âmes des massacrés reposeront en paix.

    Avant cela, niez si vous voulez, faites taire les gens si vous le pouvez, oubliez si cela vous convient, dépensez ce que vous voudrez, décrétez autant des régimes spéciaux que vous voudrez, montez autant des programmes que votre imagination vous permettra, changez autant des régimes que vous voudrez mais la paix ne sera pas au rendez-vous. Le sang innocent des morts crie vengeance et demande justice.

    « Le sang souille le pays ; et il ne sera fait pour le pays aucune expiation du sang qui y sera répandu que par le sang de celui qui l’aura répandu. » (Nombres 35 :33). Telle est la loi de la nature !

    Rév. Kyalangalilwa M Nicolas »

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