La situation est confuse ce matin du jeudi 11 octobre 2018 dans la chefferie de Nindja en territoire de Kabare.
En cause : une vive tension s’observe dans le chef des habitants qui s’opposent à une réinstallation de Freddy Bataona Nanindja comme Mwami et chef de chefferie en remplacement de son demi-frère Marcel Munganga Cihugo ca Nanindja en place depuis plus d’un an.
Selon des informations sur place, des habitants en colère ont coupé plusieurs ponts et se trouvent dans la rue depuis 3 jours depuis l’annonce de la nouvelle. Ils disent vouloir le calme et la paix dans leur chefferie.
Toujours selon nos sources, l’équipe envoyée par le gouverneur Nyamugabo est déjà au niveau des fermes d’Itara. D’autres éléments sont déjà à la résidence du Mwami en train de se confronter avec d’autres habitants, renseigne, Paulin Bacishoga, secrétaire administratif de la chefferie.
D’autres militaires sont venus du côté de Mugaba en provenance de Nyamarhege dans la chefferie de Ngweshe.
Le gouverneur suspecté de jouer un sale jeu
Beaucoup d’activistes de la société civile accusent l’actuel gouverneur du Sud-Kivu de vouloir conquérir l’électorat à Ninja au lieu d’être du côté de la population. Celui-ci se serait entendu avec un ancien élu de la place pour qu’il l’aide à avoir plus d’électeurs en échange de l’installation du Mwami Freddy.
Un autre problème selon les acteurs de la société civile, c’est le refus de l’actuel chef de coutumier d’adhérer dans la plateforme présidentielle, le FCC. Marcel Nanindja a toujours considéré selon ses proches que le pouvoir coutumier est apolitique et devrait le rester. Et cela, Claude Nyamugabo ne le supporte pas, dénoncent ces acteurs.
Crainte de l’avènement du phénomène Kamuina Nsapu dans le Sud-Kivu et appel au dialogue
Des acteurs de la société civile disent craindre que cette crise ne s’aggrave dans cette chefferie qui a connu des turbulences depuis plusieurs années.
« La chefferie de Nindja risque de connaitre le phénomène « Kamuina Nsapu » à la veille des élections. Et surtout en ce moment où le gouvernement national est en train d’actualiser la liste de chefs coutumiers en vue de la cooptation de certains d’entre eux comme députés provinciaux » alerte un activiste des droits de l’homme.
Dans une déclaration, la société civile noyau territorial de Kabare, s’est « catégoriquement » opposée à cette nomination « dans le souci de préserver la paix et la cohabitation pacifique dans la chefferie de Nindja », car dit-on, il n’est pas opportun de prendre des décisions importantes comme celle-là en cette période cruciale pour l’organisation des élections en RDC.
« Nous demandons au gouverneur Claude Nyamugabo d’organiser un dialogue entre les deux personnalités et frères précités et surtout qu’il reste neutre comme un parent, avant que le sang ne coule encore sur Nindja » recommande la société civile.
Ruberwa tranche pour Freddy Bataona
Se référant à l’arrêté du vice-premier ministre de l’intérieur du 26 octobre 2016, Azarias Ruberwa, l’actuel ministre de la Décentralisation et Réformes Institutionnelles écrivait à Freddy Bataona que c’est celui qui revêtait la qualité du chef de chefferie.
“Il ressort de tout ce qui précède que conformément aux dispositions légales, c’est vous qui revêtez la qualité de chef de chefferie d’autant plus que l’arrêté du vice-premier ministre, ministre de l’intérieur et sécurité dont il est question ci-avant n’avait pas été abrogé et demeure en vigueur. Du reste, il ne peut qu’abroger des agissements débordants du Gouverneur de Province. Il y a donc lieu que le Vice-premier ministre, ministre de l’intérieur et sécurité que j’ai saisi par ailleurs ainsi que le gouverneur de province du Sud-Kivu, à qui je réserve copie de la présente, constatent avec nous-mêmes votre statut et que vous soyez installé par les services de l’État qui relèvent de leur compétence” écrit Azarias Ruberwa.
Le silence du côté de l’autorité provinciale inquiète
Aucune réaction ne vient de l’autorité provinciale depuis plus de 48 heures déjà, s’inquiètent les défenseurs des droits humains.
Malgré les diverses sollicitations de Laprunellerdc.info, Claude Nyamugabo n’a pas dit mot.
Nos efforts pour joindre Freddy Bataona ont également été vains, mais un de ses plus proches collaborateurs renseigne à Laprunellerdc.info que « que tout ce qui se raconte sur les réseaux sociaux est faux » sans en dire plus. Il estime par ailleurs que ces agitations dans sa chefferie ne vont pas traîner à se calmer.
Selon lui, la population ne peut pas s’opposer au retour du Mwami « qu’elle réclame depuis trop longtemps ».
Pour rappel, un conflit de pouvoir oppose deux frères depuis plusieurs années après la mort du Mwami Nanindja Maheshe Alexandre. Il s’agit de Freddy Batona Nanindja et Marcel Munganga Cihugo Ca Nanindja. En Avril 2017, l’ancien gouverneur du Sud-Kivu Marcellin Cishambo a procédé à l’installation du deuxième comme le chef de chefferie. Depuis, une accalmie apparente règne dans cette contrée.