Accès Humanitaire

    Muyange est un village situé dans le groupement de Miti, territoire de Kabare au Sud-Kivu. Limité par le Parc National de Kahuzi Biega et le village Chombo d’un coté et le village de Miti de l’autre coté; ce village abritant plus de cinq mille habitants est dirigé par une femme appelée Furaha Kasula.

    Furaha Kasula fait partie des rares femmes cheffes de villages dans le territoire de Kabare. Sa particularité est que son accession à ce poste, relève d’une grande résistance et résilience de sa part.

    Alors qu’un de ses frères appelé Jean-Marie Kasula régnait déjà illégalement sur le village Muyange, Furaha Kasula, la seule enfant biologique de Kasula est revenue prendre le pouvoir laissé par son père.

    Tout a commencé quand Furaha Kasula a perdu son mari. Celle-ci est venue demander à son frère; un terrain sur lequel elle pourra vivre elle et ses enfants après le décès de son mari. Jean-Marie Kasula, « l’usurpateur » a fait fi à cette demande et a tout simplement renvoyé sa sœur retourner dans la village de son feu mari.

    Furaha Kasula s’est aussi  indignée de voir son frère Jean-Marie, « souiller » le nom de son père par sa gestion « chaotique » axée sur des intimidations et violations des droits humains. Elle a alors pris tout son courage et a commencé sa lutte jusqu’à être reconnue cheffe du village Muyange. 

    « Je suis arrivée à Muyange en 2017 quand j’ai perdu  mon mari et que je ne pouvais trouver où élever les enfants. Je me suis dit de rentrer dans le village que mon père avait laissé et demander un champ à mon frère pour y passer le reste de mes jours, » dit-elle.

    Furaha va poursuivre son combat contre l’injustice et l’oppression. Trois ans plus tard, la fille unique de Kasula va récupérer son pouvoir et va être reconnue cheffe du village de Muyange; habité en majorité par des peuples autochtones. 

    Pendant ce temps, Jean-Marie Kasula est arrêté et condamné à 15 ans  de prison par la cour militaire du Sud-Kivu, en février 2020. Trois griefs étaient retenus à sa  charge de ces prévenus. Il s’agit notamment de la création d’une association pour commission des infractions contre les éco-gardes dans le PNKB, résumé en “Association de malfaiteurs”, la détention de munitions de guerre, pour avoir été attrapés avec une arme et 68 minutions, ainsi que l’introduction dans le parc pour y cultiver et couper des arbres pour la fabrication de la braise et des planches, résumé en “Destruction méchante.

    Lire aussi: Kabare: Kasula et 5 de ses coaccusés actifs dans le PNKB condamnés à 15 ans de prison

    Fin juillet 2021, cette peine est réduite à 15 mois servitude pénale que Chance et ses co-accusés avaient déjà purgés. Il seront donc libérés

    Et jusqu’à ce jour, Jean-Marie Kasula vit dans le village Muyange, sous la responsabilité de sa sœur Furaha Kasula. 

    Furaha Kasula qui a réussi à briser le mythe, reconnait tout de même que ça n’a pas été facile d’y arriver . Elle a eu à faire face à une forte résistance d’autres hommes et même des femmes. Ceux-ci pensent qu’une femme ne peut pas diriger, surtout pas dans leur culture.

    « Il est vrai que je suis aujourd’hui la cheffe de ce village. Tout au début, ceux qui croyaient déjà en mon frère ne m’ont pas rendu la tâche facile; mais je me suis battue, surtout avec les conseils des autres, j’ai réussi à asseoir mon pouvoir jusqu’aujourd’hui » dit-elle à Laprunellerdc.info.

    La cheffe de Muyange appelle d’autres femmes, surtout celles des milieux ruraux à venir au bout de leur peur, ou encore toutes les coutumes rétrogrades qui ne favorisent pas leur participation à la gestion de la chose publique. Elle n’a pas raté de remercier les chefs qui ne se sont pas laissés ni intimider ni corrompre, en lui rendant ce qui lui revenait comme héritière.

    Analphabète, Furaha Kasula regrette son cas et plaide pour la scolarisation des filles

    « Je ne connais ni lire ni écrire. Voyez vous ce que cela implique dans ma vie en tant que Cheffe? Je regrette que mon père n’ait pas eu la possibilité de me faire étudier, » regrette Furaha avant de lancer un appel pathétique à tous les parents de toujours mettre en avant plan la scolarisation des enfants filles.

    La non scolarisation des enfants pygmées et des filles en particulier, reste un grand frein à au leadership féminin, dans les milieux ruraux particulièrement alors que cette minorité traverse des durs moments.

    Judith Maroy 

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