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    Le monde entier a célébré ce samedi 23 mai 2020, la journée mondiale, des Nations Unies, pour l’élimination de la fistule obstétricale. A cette occasion, l’hôpital général de Panzi du Docteur Dénis Mukwege, spécialisé dans le traitement de la fistule, appelle au renforcement de la lutte, pour l’élimination de cette maladie.

    Au cours d’une conférence de presse tenue à Bukavu ce samedi, Mukwege rappelle les conditions difficiles que traversent les femmes qui sont atteintes, et qui sont par la suite délaissées par des proches, ou par la société.

    «En outre les conséquences physiques, des graves stigmates sociaux surgissent. Souvent la femme est abandonnée par son conjoint et sa famille. Elle tombe aussi dans un isolement social inhumain. A côté de la honte ressentie, l’insuffisance des moyens financiers ma fait sombrer dans la pauvreté. A ce lourd fardeau, s’ajoute le rejet de l’entourage, motivé par l’imaginaire collectif fortement marqué par le phénomène de la sorcellerie ?» dit-il dans le message lu par la Coordonnatrice du Programme Fistule à l’Hôpital de Panzi, Docteur Christine Amisi.

    Celle-ci indique que la plus part de victimes sont issues des catégories sociales les plus défavorisées, car en plus de vivre loin des centres de santé, souvent dans des zones rurales, elles n’ont pas le moyen financier pour se faire soigner.

    Une maladie traitable, pas fatale

    Au cours de cette adresse à la presse, le Docteur Mukwege rappelle que la fistule est une maladie évitable et traitable, si seulement la malade a eu accès à des soins obstétricaux, ou même préventivement, lutter contre la malnutrition et les grossesses précoces.

    «La fistule obstétricale est évitable et traitable. L’accès aux soins obstétricaux et préventifs d’urgence est indispensable pour la prévenir. De même la lutte contre la malnutrition et la réduction des grossesses précoces, constitue une importante stratégie, pour s’assurer que la femme est physiquement apte, à accoucher sans risque. Notre expérience suggère qu’il n’y a pas de fatalité. Il n’y a pas de raison pour une femme de subir des traumatismes de la fistule obstétricale. Ou de vivre dans l’indignité et l’isolement social engendré par ce problème.» dit-il.

     

    A l’hôpital de Panzi, et à la fondation Panzi, c’est depuis 1999 que l’on prend en charge les femmes affectées par ce handicap. Depuis 20 ans, 6.957 femmes, porteuses de fistules uro-génitales, dans 15 des 26 provinces, ont été soignées, sur les 42.000 malades.

    «Notre action s’articule autour de 3 axes : la sensibilisation, l’identification et la formation ; le traitement des femmes atteintes de la fistule uro-génitales et leur réadaptation ; la réinsertion dans leur communauté des femmes, ayant bénéficié de réparations.» a dit Docteur Christine Amisi.

    Puis vient la crise liée au coronavirus

    Cette année, la célébration de cette journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale, tombe dans un contexte mondial difficile, dominé par les conséquences physiques, sociales, et économiques, liées à la pandémie du coronavirus.

    Selon l’hôpital de Panzi, la quasi-totalité des pays qui, jusqu’ici soutiennent financièrement la lutte contre la fistule obstétricale et les réparations chirurgicales des femmes, connaissent ou connaitront dans les jours à venir, une crise financière qui limitera sensiblement leur capacité à subventionner cette lutte.

    «Malgré ce contexte international difficile, notre message d’aujourd’hui est d’appeler la communauté internationale, les pays donateurs, et l’ensemble des Etats du monde, à continuer considérer l’élimination de la fistule obstétricale comme une priorité, et un des indicateurs de la civilisation de notre monde.» dit le message du Docteur Denis Mukwege.

    Et l’implication de tous les acteurs

    En 2019, l’hôpital de Panzi a soigné 342 femmes, alors qu’en 2018, elle était à 452, et environs 700 en 2016. En cette année 2020, elle était en pleine campagne au Sud-Ubangi, mais ses équipes ont été ramenées alors qu’il y avait aussi des antennes au niveau de la Mongala pour aller réparer d’autres femmes malades.

    Selon le Docteur Mukwege, les Etats et l’ensemble de la société, devraient rester mobilisés sur l’élimination de toutes les formes de discrimination, à l’égard des femmes et des filles, l’élimination de la malnutrition et de la pauvreté féminine, la lutte contre le mariage et les grossesses précoces, l’accroissement de l’accès aux soins obstétricaux de qualité, l’accroissement de l’instruction et de la scolarisation des femmes, et des filles, le renforcement de l’autonomisation socio-économique de la femme, la formation des professionnels de santé et des futurs professionnels de santé sur la fistule obstétricale, ainsi que la sensibilisation et le renforcement de l’implication des médias, de la Société Civile et des communautés dans la lutte contre la fistule obstétricale.

    Signalons que pour ce 23 mai 2020, la célébration a été placée sous le thème « Mettre fin aux inégalités entre sexes, mettre fin aux inégalités en matière de santé, mettre fin à la fistule maintenant que cette journée a été célébrée. »

    Museza Cikuru

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