Accès Humanitaire

    11 mois après la mise en place de l’état de siège, qui ne devrait initialement durer que 30 jours, le Gouverneur militaire de l’Ituri déclare que seulement « 60% » des objectifs assignés à cette mesure exceptionnelle ont jusqu’ici été atteints, dans sa province.

    Dans un entretien avec Top Congo ce jeudi 14 avril, le Lieutenant-général Luboya Nkashama a déclaré que seule la première phase des opérations a déjà été terminée.

    Selon le Gouverneur militaire, cette première phase visait à chasser l’ennemi de son centre d’intérêt. «Dans la première phase, nous avons pris les grands axes et pris les grandes agglomérations et localités,» indique-t-il.

    «Et là nous sommes dans la 2ème phase. Il s’agit ici de poursuivre l’ennemi en profondeur,» affirme-t-il.

    Le Lieutenant-général Johnny Luboya affirme que ce n’est qu’à la 3ème phase que l’armée passera à la stabilisation de la province, et sécuriser la population.

    «Dans la 3ème phase, nous devrions contrôler et stabiliser la province, sécuriser la population,» indique le Gouverneur, qui s’est dit satisfait par le bilan des actions jusqu’ici réalisées.

    Lire aussi Ituri : une nouvelle incursion des ADF fait 8 morts à Mangina-Pori

    Pour le Gouverneur militaire, les tueries qui continuent à être enregistrées actuellement sont une sorte de « chantage » de la part des miliciens, qui sont pourchassés par l’armée.

    L’autorité provinciale affirme que les responsables de l’état de siège travaillent actuellement sur 2 dimensions : c’est notamment les opérations militaires d’un côté, la et gestion de la province de l’autre.

    «Le grand problème que nous avons, c’est de faire comprendre à la population les opérations. Parce que si elle n’est pas informée des opérations, c’est difficile qu’elle apprécie le travail que nous sommes en train de faire. Quelles sont les conséquences quand vous commencez à poursuivre l’ennemi en profondeur, quand vous l’avez chassé de son centre d’intérêt ? Il devient faible. Il n’a plus de moyens. Et donc, il va vous faire un chantage. Ça se passe partout au monde. Vous pouvez prendre le cas de l’Afghanistan, Irak, c’est comme ça. Et quand on parle d’ennemi ici, il est souvent question des étrangers, les ADF que nous sommes venus combattre et nous sommes en train de les défaire. Mais de l’autre, nous avons aussi des groupes Congolais qui font d’ailleurs, bien plus de mal. Il y a notamment les CODECO. Nous les combattons en même temps que nous dialoguons avec les communautés à travers entre autres de la Task force. La finalité, c’est l’organisation d’un grand dialogue entre les communautés pour essayer de résoudre les problèmes notamment fonciers qui ont toujours existé ici, qu’on ne peut pas résoudre par les armes,» a dit le Gouverneur.

    Depuis le 30 novembre dernier, des opérations conjointes ont été lancées par les Forces Armées de la RDC et celles ougandaises (UPDF) pour faire face aux rebelles ougandais ADF au Nord-Kivu et en Ituri. Mais selon les forces vives locales, cette mutualisation n’a pas permis d’arrêter les tueries des civils, qui sont de plus en plus récurrentes dans la zone.

    Lire aussi Opérations conjointes contre les ADF: les FARDC-UPDF se livrent aux travaux de construction des routes

    Selon le Gouverneur de l’Ituri, l’armée ougandaise fait ce qu’elle peut. Mais le grand travail reste aux Forces Armées congolaises.

    «La mutualisation revêt plusieurs dimensions. Elle peut s’effectuer sur le plan logistique, opérationnel et de renseignement. Dans le cas d’espèce, nous avons une mutualisation sur le plan opérationnel et de renseignement. L’ennemi est chez nous. C’est pourquoi nous nous engageons avec beaucoup de vigueur. Vous ne pouvez pas demander, même dans le cadre d’une mutualisation des forces, à votre ami de faire plus que vous, chez vous. Les FARDC nécessitent beaucoup de moyens pour recruter et acheter du matériel. Mais nous sommes l’armée congolaise. Avec peu, nous pouvons faire beaucoup,» lâche-t-il.

    Félix Tshisekedi a décrété l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu depuis le jeudi 6 mai dernier pour mettre rapidement fin à l’insécurité devenue grandissante dans les deux provinces. Des autorités civiles ont rapidement été remplacées par celles militaires dans les deux provinces.

    Lire aussi L’Ituri et le Nord-Kivu en état de siège : les craintes ! 

    11 mois après, députés et Société Civile du Nord-Kivu et de l’Ituri demandent la requalification des objectifs de cette mesure exceptionnelle, et sa délimitation dans le temps. Plusieurs sources attestent que peu d’opérations militaires ont été menées depuis l’entrée en vigueur de l’état de siège [comparativement à la période d’avant], alors que la sécurité des civils s’est nettement dégradée dans les deux provinces.

    Mais en septembre 2021, Félix Tshisekedi avait déclaré devant l’ONU, que l’état de siège ne sera levé que « quand les circonstances qui l’ont motivé disparaîtront ».

    Museza Cikuru

    Share.

    Leave A Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.