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    La plénière de ce mardi 3 novembre 2020 à l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu aura marqué l’histoire des députés provinciaux, surtout en ce qui concerne la situation sécuritaire qui prévaut en province, mais aussi l’état de lieu de vente des maisons de l’Etat dans la ville de Bukavu.

    Pour ce mardi, après avoir adopter l’interpellation du député Alimasi Mathieu adressée au ministre provincial de l’intérieur sur l’installation des animateurs de la commune rurale de Minembwe, en lieu et place du Gouverneur de province, les élus provinciaux se sont également opposés contre à l’interpellation de leur collègue Homer Bulakali adressée au Gouverneur Théo Ngwabidje, sur la situation sécuritaire en province et sur la vente des maisons et parcelles de l’Etat.

    Laprunellerdc.info revient ici sur la situation qui a prévalu à l’hémicycle provinciale ce mardi et qui a abouti au rejet de l’interpellation du député Homer Bulakali adressée au Gouverneur de province, sur l’insécurité devenue grandissante en province, mais également sur la vente des maisons de l’Etat.

    Il est environ 15 heures 30 minutes, le président du bureau de l’organe délibérant invite l’auteur de ladite Interpellation au perchoir comme le prévoit le règlement d’ordre intérieur, afin que celui-ci motive son initiative, pour obtenir l’accompagnement de ses pairs.

    Le député Homer Bulakali monte au perchoir, et peint un tableau sombre de la situation sécuritaire en province et cite quelques maisons de l’Etat déjà spoliées en plein centre ville de Bukavu, parmi lesquelles le bâtiment abritant la Division Provinciale de l’Economie.

    Pour cet élu de la ville de Bukavu, le Gouverneur étant la personne qui oriente la politique générale de gestion de la province, doit coûte que coûte se présenter devant les élus pour fournir des explications sur les cas d’insécurité qui sont actuellement signalés partout dans la province, avec l’activisme des groupes armés. Tout ça, regrette Homer Bulakali, malgré les moyens financiers réservés pour la rubrique sécurité et dans les fonds secrets de recherche dans le budget annuel 2020.

    Après l’intervention de l’auteur, le président du bureau permanent de l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu, le Pasteur Zacharie Lwamira invite les députés présents d’apporter leur appréciation à l’initiative de leur collègue. S’en est suivi un débat houleux, des réactions vont dans tous les sens.

    Certains soutiennent l’initiative avec des amendements, et d’autres s’y opposent carrément prétextant que sur le plan sécuritaire le Gouverneur n’est pas la personne qu’il faut pointer, plutôt son ministre de l’intérieur, celui-ci étant le ministre sectoriel.

    Une probable corruption est évoquée

    Les députés opposés à cette initiative soulèvent l’article 180 du règlement d’ordre intérieur de l’Assemblée Provinciale qui prévoit que pour une matière qui n’engage pas la politique générale du gouvernement, l’action du député doit s’adresser à un ministre sectoriel.

    Les autres qui soutiennent l’action démontrent que la question de sécurité et vente des maisons de l’Etat touche directement la politique générale du gouvernement et maintiennent leur souhait de voir Théo Ngwabidje venir devant eux pour des explications.

    Le débat semble houleux et le bureau soumet l’action au vote des députés provinciaux. L’auteur de l’interpellation se retrouve seul contre tous et vote pour son action, pendant que les autres votent à l’unanimité contre l’interpellation. L’interpellation est ainsi rejetée sous la désolation de l’auteur et du public venu en masse pour suivre le débat.

    Lire aussi: Dossier Minembwe: les députés provinciaux décident ce mardi sur l’interpellation ou non de Lwabanji et Ngwabidje

    Reprenant la parole, le député Homer Bulakali crie à la corruption. Celui-ci dit avoir été contacté plusieurs fois pour surseoir son initiative, mais s’y est opposé. Une intervention qui ne rencontre pas l’assentiment de ses collègues qui lui exigent de retirer ses allégations, qui selon eux ternissent leur image.

    Les esprits  surchauffés, seul contre tous, Homer Bulakali est contraint de retirer ses paroles devant des collègues déjà surchauffés. Un député propose même que Homer Bulakali soit déféré devant le procureur général pour y être entendu. Une proposition que l’élu de Bukavu qualifie d’intimidation et refuse de céder. Il maintient son action et promet d’y apporter des corrections pour la faire revenir 48 heures après.

    L’interpellation du Gouverneur est-elle vraiment à craindre ?

    Après toutes ces tractations, la séance est levée. Le public venu assister au débat sort de la salle très démotivé à cause du comportement affiché par les députés provinciaux. Le débat se poursuit jusqu’à l’extérieur cette fois avec des députés et des personnes venues juste suivre le déroulement de la plénière.

    « Pourquoi ont-ils peur d’inviter le Gouverneur ? Une Interpellation est différente d’une motion, pourquoi nos députés doivent agir comme cela? » se questionne un participant.

    Plusieurs autres personnes ayant pris part au déroulement de la plénière se posent la question de savoir si réellement les élus provinciaux n’ont pas la même perception sur la situation sécuritaire qui prévaut en province, caractérisée par des attaques nocturnes, des kidnapping, enlèvements, tueries et autres. Et s’interrogent sur la vraie raison du refus d’inviter le Gouverneur de province devant l’organe délibérant.

     » Qui ne voit pas ce qui se passe réellement ? Interpeller le Gouverneur est-il devenu un pêché ? » se lamente un activiste prodémocratie ayant assisté également au débat.

    Lire aussi: Affaire Minembwe: l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu décide d’interpeller le ministre de l’intérieur en lieu et place du Gouverneur

    Pour l’instant personne ne sait la suite des événements, mais visiblement une certaine opinion voudrait que le chef de l’exécutif provincial vienne s’expliquer sur toutes ces questions d’actualité mais les élus en ont décidé autrement.

    Surtout que la province est actuellement en proie à l’insécurité qui ne dit pas son nom, où des personnes sont fusillées, d’autres visitées nuit et jour. Sur le plan sécuritaire, les signaux sont au rouge.

    L’interpellation a certes été rejetée, mais l’auteur ne désarme pas. Il a promis d’y intégrer des modifications et revenir 48 heures après pour déposer de nouveau son document pour interpellation.

    Bertin Bulonza

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