Accès Humanitaire

    Depuis mercredi dernier, le quartier Nyalukemba a instauré un système de distribution des « Jetons » pour tous les visiteurs (congolais ou étrangers); afin de lutter contre l’insécurité actuellement grandissante dans la ville de Bukavu.

    Selon Déo Kurasa, chef de ce quartier, cette distribution de jetons qui est gratuite; permettra à identifier les visiteurs pour pouvoir repérer parmi eux, les personnes qui insécurisent les habitants dans la ville.

    «Après analyse de la situation sécuritaire au sein de notre quartier, nous avons jugé bon de contrôler le mouvement de la population. Parce que tous ces criminels passent la nuit dans nos avenues, dans nos quartiers. C’est ainsi que nous avons instauré un système des jetons pour les visiteurs. Si un visiteur arrive chez quelqu’un, il le présente auprès du chef d’avenue; qui va lui donner gratuitement un jeton où l’on écrit le nom, le lieu de provenance, le motif de la visite… Nous voulons savoir qui est dans notre quartier, puisque c’est la même chose pour les étrangers. Même s’ils sont en règle avec la DGM, nous devons savoir ils sont chez qui, et qu’est ce qu’ils font chez nous.» dit-il.

    Dans une interview accordée à Laprunellerdc.info ce vendredi 19 février 2021; celui-ci affirme que les visiteurs qui n’ont pas ce jeton, seront considérés comme des criminels. Il appelle donc la population à s’approprier cette initiative.

    «Tout visiteur ou étranger qui sera attrapé dans notre quartier sans avoir été enregistré dans notre avenue, sera considéré comme un criminel. La sécurité est une affaire de tout le monde, c’est pourquoi nous avons voulu impliquer la population, qui en est la première victime. Je souhaiterais que tous les autres chefs de quartier emboîtent le pas; puisque je suis sur que cette initiative peut sensiblement diminuer la criminalité urbaine. Je demande également aux services de sécurité, aux cadres de base, et à la population de s’en approprier, pour ne pas être considéré comme complice de l’insécurité dans notre quartier,» indique Déo Kurasa.

    « Plutôt la collaboration »

    En réaction, Arnold Nyaluma, Avocat et Professeur de Droit de l’Université catholique de Bukavu; reconnait que c’est dans les prérogatives des autorités locales, notamment les chefs d’avenues et les chefs de quartiers; de recenser et d’encadrer la population. Celui-ci appelle tout de même à la collaboration avec la population, dans l’application de cette mesure.

    «Chaque congolais a le droit de circuler sur l’ensemble du territoire national et de s’établir où il veut. Mais la sécurité et l’ordre public permettent que l’autorité municipale a le droit, non pas d’autoriser le séjour; mais d’être informé du séjour de telle ou telle autre personne au sein de son entité. Dans la situation sécuritaire actuelle, je crois que ce qu’il faut mettre en avant; c’est pas de menaces pour ceux qui n’auront pas fait de déclaration; mais une collaboration, pour savoir exactement qui habite chez qui, et il s’adonne à quoi,» dit-il à Laprunellerdc.info.

    Celui-ci indique que le chef de quartier ne peut pas empêcher à un congolais de s’établir où il veut; vu qu’il a tout simplement le droit de savoir qui est dans son entité.

    «Il n’a pas non plus le droit d’arrêter quelqu’un parce qu’il a séjourné dans un quartier; mais dans ses compétences s’il a l’impression qu’il est en face d’un cas suspect; il peut plutôt en référer aux autorités judiciaires, ou encore aux services d’immigration, pour les étrangers,» suggère-t-il.

    Arnold Nyaluma pense qu’au regard de la situation sécuritaire actuelle à Bukavu, toutes les mesures tendant à résorber l’insécurité; bien évidement dans le respect des droits humains, sont à encourager. «Mais ce sont des mesures qui doivent aller avec la collaboration de la population. On doit éviter d’utiliser la force, et faire davantage participer tout le monde.» dit-il.

    Museza Cikuru

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