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    Le Cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa se dit favorable au retour de la prise en charge des enseignants par les parents, vu que le gouvernement a du mal à honorer ses engagements dans le cadre de la gratuité. 

    Il a dit dimanche 22 novembre qu’il ne voit aucun inconvénients à ce que les parents financent lees études de leurs enfants.

    A la base de cette position de l’archevêque de Kinshasa, l’incapacité du Gouvernement à honorer ses engagements dans le cadre de la gratuité.

    « L’Eglise ne peut pas interdire aux parents de financer les études de leurs enfants. Ce n’est pas l’Eglise qui a demandé aux enseignants d’aller en grève », a déclaré hier dimanche 22 novembre, le cardinal Fridolin Ambongo, évêque de Kinshasa.

    Cette prise de position de l’Eglise catholique officialise ainsi la reprise de la prise en charge des enseignants par les parents. Au moins dans la capitale. Une pratique qui, depuis le début de l’année scolaire en cours, se faisait de manière quelque peu discrète dans la plupart de grandes écoles conventionnées catholiques. Pour cette année, le montant exigé aux parents oscille entre 200 et 250 $us. Soit, l’équivalent de 400.000 et 500.000fc, selon les écoles, a-t-on appris des sources qualifiées.

    Selon les informations parvenues à la rédaction de Forum des As, aucun de ces montants n’a été imposé aux parents. Bien au contraire. Ils ont été fixés de commun accord avec les gestionnaires des écoles concernées. La motivation, a-t-on appris, est celle de sauver l’année scolaire 2020-2021 de perturbations qui résulteraient d’une grève sèche du personnel du secteur de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST).

    Lire aussi: Bukavu-EPST : Adieu la gratuité

    D’aucuns pourraient donc se demander sur cette volte-face de l’Eglise catholique qui, il y a quelques semaines, s’était farouchement opposée à cette pratique avilissante de la prise en charge des enseignants par les parents, considérée par tous comme facteur aggravant de la baisse de la qualité de l’enseignement en RD Congo.

    Dans son argumentaire, le cardinal Fridolin Ambongo justifie ce changement de position de l’Eglise par le fait que l’Etat congolais ne respecte plus ses engagements pris pour soutenir la gratuité de l’enseignement de base dans tous les établissements publics. Par engagements, l’archevêque de Kinshasa parle de frais de fonctionnement qui, selon lui, sont soit libérés avec un grand retard, soit ne sont pas du tout payés.

    Vivement vraie gratuité

    Les propos d’hier du cardinal Ambongo font suite à sa déclaration de la semaine dernière, dans laquelle il dénonçait avec virulence, le non-paiement des enseignants. Malgré toutes les critiques parfois acerbes, allant jusqu’à l’accuser de vouloir torpiller la décision du Président Félix Tshisekedi sur la gratuité de l’enseignement de base, le cardinal Fridolin Ambongo a promis de continuer à s’exprimer à temps et à contretemps sur les sujets d’actualité de la RDC. Notamment, la question de l’éducation qui semble le tenir à cœur.

    A propos justement de l’éducation, l’évêque métropolitain a souligné, dans sa déclaration sus-évoquée, que l’Eglise catholique soutenait la suppression de la prise en charge des frais scolaires par les parents.  » Nous voulons une vraie gratuité qui ne va pas fragiliser le système éducatif et qui va payer correctement tous les enseignants. On ne veut plus entendre parler de nouvelles unités, des effacés, des mécanisés ou non mécanisés mais sans salaire. Il faut en terminer avec cela « , avait-insisté.

    Près de 100. 000 enseignants attendent d’être payés

    Selon des sources proches de la Coordination nationale des écoles conventionnées catholiques en RD Congo, l’absence de la prise en charge, par les parents, n’est pas compensée par l’État pour toute une partie des enseignants. « Bien pire, en milieu rural, les enseignants ont vu le maigre salaire prévu par la loi majoré de 25 dollars, contre 120 pour ceux des grandes villes », renseignent sous couvert de l’anonymat, les mêmes sources contactées par Forum des As.

    « Les salaires versés aux enseignants, et nous insistons là-dessus, ne doivent pas être le petit 120. 000 francs congolais qu’on leur donne maintenant, mais ça doit être ce qu’ils reçoivent maintenant plus ce qu’ils recevaient de la contribution des parents pour pouvoir tenir le coup. Et à ce prix nous soutenons la gratuité« , avait déclaré le cardinal Fridolin Ambongo, cité la semaine dernière par notre consœur RFI.

    On rappelle que depuis le 12 octobre dernier, date de l’ouverture de l’année scolaire 2020-2021 en RD Congo, de plus en plus d’enseignants des écoles publiques sont en grève pour, notamment, exiger d’être pris en charge sur les listings de paie.

    Plus de 100 000 d’entre eux attendent d’être payés par l’État, selon les chiffres avancés par le Syndicat des enseignants du Congo (SYECO) et n’ont reçu aucun salaire depuis la rentrée. Une situation qui indigne donc le cardinal Ambongo qui demande à l’État congolais de prendre ses responsabilités.

    Créé cardinal le 5 octobre 2019 par le pape François, l’archevêque de Kinshasa s’affranchit ainsi du devoir de réserve et affirme avoir son mot à dire sur les affaires du pays. « Ma nomination comme cardinal ne change pas la nature de ma mission. Je reste prêtre, je reste évêque et la dimension prophétique liée à ma mission est intacte. Un cardinal doit être la voix de ceux qui souffrent. Il doit parler quand il le faut. Le devoir de réserve ne s’applique pas à un prêtre ou à un évêque. Le devoir de réserve concerne les diplomates », avait-il conclu.

    Avec Forum des As / MCP, via mediacongo.net

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