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    Le prix Nobel de la paix 2018, a fustigé le fait qu’à l’instar d’autres pays, la RDC ne bénéficie pas jusqu’à ce jour, de tous les efforts des Nations-Unies dans la mise en place des mécanismes de la justice transitionnelle.

    Le prix Nobel congolais Denis Mukwege l’a dit à l’occasion du dialogue interactif renforcé sur la situation des droits humains en RDC, tenu ce mardi 5 octobre 2021 à Genève.

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    Pour lui, la situation des droits humains en République Démocratique du Congo (RDC) est l’une des pires au monde. Il rappelle que personne ne peut dire qu’il ne sait pas ce qui se passe en RDC depuis 25 ans.

    Dans son mot, le Dr Denis Mukwege a fait observer que dans des nombreux pays, notamment le Rwanda, la Sierra Leone ou encore la République Centrafricaine, les Nations Unies se sont pleinement investies dans la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle.

    Parlant des droits de l’Homme en RDC, le prix Nobel 2018, rappelle que le Rapport Mapping sur les violations les plus graves des droits humains et du droit humanitaire commises en RDC entre 1993 et 2003, publié par le Haut-Commissariat il y a déjà 11 ans, a décrit des atrocités qui défient l’imagination et heurtent profondément la conscience humaine, à travers des massacres à grande échelle.

    « Des incendies de villages, des pillages et des viols commis avec une extrême violence. Tous ces crimes de guerre, ces crimes contre l’humanité demeurent très largement impunis », s’est indigné « l’homme qui répare les femmes ».

    Il a rappelé que diverses résolutions du Conseil de sécurité ont mis en lumière que la culture de l’impunité a été et reste l’un des principaux obstacles à l’instauration de la paix en RDC. Selon lui, cela s’explique en grande partie, par la perpétuation des atrocités de masse jusqu’à ce jour dans les Provinces du Kivu et de l’Ituri.

    « Quand va-t-on briser ce cycle infernal de la violence et de l’impunité en RDC ? Quand va-t-on mettre en place dans ce pays les différents mécanismes de la justice transitionnelle à même de traiter ce douloureux héritage de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire ? A l’instar de n’importe quel peuple, les victimes congolaises n’ont-elles pas droit à la vérité, à la justice, à des réparations et à des garanties de non-renouvellement des atrocités, en conformité avec les recommandations formulées dans le Rapport Mapping ? », s’interroge Denis Mukwege.

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    Pour ce faire, le Dr Denis Mukwege a invité les Nations-Unies, la MONUSCO et le BCNUDH à apporter un soutien effectif aux autorités et à la Société Civile congolaises afin d’adopter et de mettre en œuvre » sans plus tarder une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle ».

    Selon lui, cette stratégie devra prendre en compte l’intervention de nombreux pays tiers dans les conflits armés qu’a connus la RDC et qui priorise la lutte contre l’impunité par la mise en place de mécanismes internationaux et/ou internationalisés de poursuites et de jugements des crimes les plus graves commis depuis les années 90 et par des garanties de non-répétition des atrocités telles qu’un assainissement profond des secteurs de la sécurité et de la justice. 

    Avant que ces mécanismes de justice transitionnelle ne soient établis, Mukwege propose que les membres de ce conseil soutiennent sans plus tarder la mise en place d’une équipe d’enquêteurs intégrées au BCNUDH, comprenant entre des experts en anthropologie médico-légale, pour exhumer les nombreuses fosses communes afin de collecter et préserver les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés en RDC.

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    Il souhaite également que le renouvellement du mandat de la Monusco soit mis sous le signe de soutien à la justice transitionnelle.

    Bertin Bulonza
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