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    Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix, appelle la population congolaise à ne pas tomber dans le « piège » des discours « discriminatoires », en ce moment où la RDC fait face à une nouvelle « agression » suite aux attaques des rebelles du M23, qui seraient soutenus par le Rwanda.

    Dans un tweet publié ce lundi 6 juin 2022, celui-ci a fait savoir que ces discours qui peuvent donner lieu à des actes de violence, ne feront que profiter au « ennemis » de la paix en RDC.

    Denis Mukwege rappelle que seule la justice élève une nation.

    «Face à la énième agression dont notre pays est victime, ne tombons pas dans le piège des discours discriminatoires, suprémacistes, ethnicistes, haineux ainsi que dans des violences qui ne profiteraient qu’aux ennemis de la paix en RDC et dans la Région des grands-lacs africains. Seule la justice élève une nation,» explique-t-il.

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    Signalons qu’après quelques jours d’accalmie, les affrontements ont repris ce lundi 6 juin 2022 entre les Forces Armées congolaises et le M23 en territoire de Rutshuru. Depuis fin mai dernier, le Gouvernement congolais accuse le Rwanda de soutenir ce groupe rebelle, pour déstabiliser l’Est de la RDC. Ce qui est à la base des fortes tensions entre les deux pays. Et pendant ce temps, les discours de haine et la stigmatisation de communautés liées à certains pays voisins se multiplient.

    Le M23, défait depuis 2013, accuse le Gouvernement congolais de ne pas respecter les accords de paix existants, qui prévoyaient notamment des amnisties pour les membres subalternes du groupe. Les tentatives régionales pour démobiliser les combattants du M23 ont échoué au cours des 10 dernières années. Le groupe a refait surface en novembre 2021, attaquant les Forces armées congolaises.

    Certaines organisations de défense des droits humains, à l’instar de Human Rights Watch, ont toujours déploré le fait que ces accords ne prévoyaient pas d’obligation de tenir pour responsables les auteurs des pires violations des droits humains. Pour elles, toute nouvelle série de pourparlers devrait porter non seulement sur la démobilisation des groupes armés, mais aussi sur les moyens de faire rendre des comptes aux auteurs de graves crimes commis dans le passé.

    «Les hostilités actuelles dans l’est de la RD Congo ne devraient pas dissuader l’administration Tshisekedi et les pays voisins de rendre justice pour les abus commis lors des précédents conflits armés sur le territoire congolais,» a déclaré Human Rights Watch, dans un communiqué publié le 1er juin dernier.

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    Cette organisation estime que le fait que les Gouvernements de la région n’aient pas chercher à obtenir justice pour les commandants de toutes les parties impliquées dans les atrocités passées, renforce l’inquiétude quant à la sécurité des civils lors des affrontements actuels.

    «HRW a précédemment documenté des crimes de guerre commis par les rebelles du M23 qui, soutenus par le Rwanda et l’Ouganda, s’étaient emparés de grandes parties de la province du Nord-Kivu en 2012. Le M23 avait brièvement pris la ville de Goma avant que les troupes gouvernementales, appuyées par l’ONU, ne repoussent ses combattants vers le Rwanda et l’Ouganda en 2013. Des combattants du M23 avaient sommairement exécuté des dizaines de civils, violé de nombreuses femmes et filles et recruté de force des centaines d’hommes et de garçons,» a notamment rappelé cette structure.

    Pour rappel, les autorités congolaises avaient émis en 2013 des mandats d’arrêt à l’encontre du colonel Sultani Makenga, qui aurait mené l’offensive du M23 en mai dernier, ainsi que d’autres commandants du M23. Mais le Rwanda et l’Ouganda n’ont jamais donné suite aux demandes d’extradition qui leur ont été adressées.

    Museza Cikuru

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