Accès Humanitaire

    Le Gouverneur militaire de l’Ituri, Lieutenant-Général Loboya Nkashama Johnny, qualifie d’ultracrépidarianisme, le comportement de ceux qui parlent de l’echec de l’état de siège, sans être au courant des efforts qui sont fournis.

    Lors d’un briefing spécial sur l’état de siège, organisé ce mardi 17 avril à Kinshasa, celui-ci a reconnu que l’état de siège n’a pas rétabli totalement la sécurité. Mais selon lui, on ne peut pas pour autant parler d’un «échec,» au vu des avancées qui ont été notées.

    Le Gouverneur militaire estime que les propos du Dr Denis Mukwege, qui a récemment parlé d’un échec de l’état de siège, sont « durs et trop forts ». Car pour lui, la situation sur le terrain s’est améliorée, comparativement à celle d’avant.

    «Les gens qui parlent souvent ils ne s’intéressent pas à la situation sur terrain. Ils sont à un certain niveau. C’est vrai, nous n’avons pas tout fait. Mais est-ce qu’il faut pour autant parler d’un échec ? Moi, quand je suis arrivé à Bunia, deux semaines avant, on se promenait avec des têtes des morts Le Dr Mukwege est un monsieur très respectable, mais je suis sûr qu’il ne le sait pas. Oui certains moments on peut donner des conseils, mais parler de l’échec, je ne sais pas. Je les laisse dans leur propre appréciation. Mais pour une guerre qui dure 20 ans, nous avons encore besoin du temps. L’état de siège est là parce qu’il y avait un problème. Il y avait même un problème dans le commandement. Vous voyez que depuis que nous sommes là nous sommes entrain d’arrêter tous ces officiers-là qui vendaient des armes, et d’autres qui s’amusaient à jouer aux coupeurs de route. Mais dire que nous avons échoué, je crois que c’est quand même dur, c’est trop fort. Nous avons besoin de l’accompagnement,» a déclaré le Gouverneur militaire.

    Le Lieutenant-Général Loboya Nkashama reconnait que « c’est vrai il y a des souffrances atroces ». « C’est vrai les tueries, ça fait mal ». Mais pour lui, le peuple congolais doit demeurer « fort et uni ».

    Pour rappel, le 10 mai dernier, le prix Nobel de la paix, Dr Denis Mukwege, avait demandé aux autorités congolaises de prendre acte de « l’échec » de l’état de siège, suite à la « détérioration » de la situation sécuritaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Des tueries, qui selon lui, ne peuvent plus durer.

    «Les derniers massacres de masse ayant fauché la vie à plusieurs dizaines de personnes respectivement à Mongwalu le dimanche 8 mai et au camp de déplacés de Lodda près de Fataki ce lundi 9 mai 2022 dans le Territoire de Djugu en Ituri sont insoutenables et démontrent une fois de plus que la stratégie militaire soutenue par le gouvernement congolais depuis un an est incapable de protéger les civils et de prévenir la répétition des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. L’augmentation des violations des droits humains, le nombre croissant de victimes parmi la population civile, l’extension des zones d’instabilité et la recrudescence du dynamisme de certains groupes armés tels que le M23 depuis l’entrée en vigueur de l’état de siège censé renforcer la protection des civils, neutraliser les groupes armés et pacifier les Provinces meurtries doivent impérativement amener les autorités congolaises à revoir en urgence la gouvernance sécuritaire et la diplomatie régionale,» a-t-il déclaré.

    Depuis sa mise en place le 6 mai 2021, l’état de siège a été maintes fois prorogé par les autorités congolaises, en dépit des alertes des personnalités et organisations de défense des droits humains qui n’ont cessé d’exiger sa levée. Ceci, suite aux « multiples violations » des droits de l’homme dans ces deux provinces, en plus du fait que selon elles, cette mesure exceptionnelle n’a pas su rétablir la sécurité pendant toute une année.

    Lire aussi RDC : Mukwege constate l’échec de l’état de siège et s’exprime sur les consultations de Nairobi (Déclaration)

    Les récentes données collectées par le Baromètre sécuritaire du Kivu, par exemple, attestent que plus de 2.500 civils ont été tués dans les provinces de l’Ituri et du Nord Kivu, entre avril 2021 et avril 2022. Ce qui équivaut à près du double des tueries documentées l’année précédente, avant l’état de siège.

    Museza Cikuru

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