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    «Il faut mettre fin à la violence. L’instabilité et les massacres à répétition ne peuvent rester sans réponse » c’est le énième appel pathétique du Docteur Denis Mukwege face aux violences et atrocités qui se poursuivent en Ituri (Nord-Est) Nord et Sud-Kivu (Est) et au Tanganyika (Sud-Est), de la RDC.

    Dans un communiqué rendu public ce mardi 19 mai 2020, Denis Mukwege constate que les massacres et les pillages se succèdent depuis le début de l’année «et la population fait face à une vague de violence particulièrement odieuse et brutale ».

    Chaque jour, des civils innocents sont décapités, des femmes sont violées, des villages sont incendiés, entraînant des déplacements massifs de la population de cette Province qui a déjà trop souffert de la guerre, regrette le Prix Noel Congolais de la paix.

    Pour illustrer la situation, Mukwege rappelle que dans la nuit de samedi à dimanche 17 mai, une vingtaine de personnes ont encore été massacrées à la machette à Djisa, en chefferie de Bahama Nord, dans le territoire de Djugu et parmi les victimes, on compte notamment des enfants, des femmes et des personnes âgées.

    «Ces tueries largement attribuées à la milice CODECO risquent de provoquer la formation de nouvelles milices d’autodéfense et d’attiser encore les violences intercommunautaires si les forces de sécurité nationales et de la MONUSCO ne parviennent pas à stabiliser la situation » alerte le Nobel de la paix.

    Au Nord Kivu, des milices poursuivent également leurs exactions «dans l’impunité ».

    Dans la foulée, rappelle-t-il, les ADF ont encore massacré 7 personnes ce dimanche 17 mai à Kokola, à proximité de Beni, où près de 1500 morts sont imputés à ce groupe armé depuis 2014. 

    Au Sud-Kivu, les armées rwandaises et burundaises se battent par groupes armés interposés dans les hauts-plateaux de Minembwe, détruisant tout sur leur passage.

    Et dans le Tanganyika, les Zambiens  qui, jusque-là, avaient entretenu de bonnes relations de voisinage avec  la RDC, à l’instar de nos voisins de l’Est, ont récemment envahi notre territoire avec des conséquences sérieuses pour notre population.

    Il faut mettre fin à la violence. L’instabilité et les massacres à répétition ne peuvent rester sans réponse. 

    Denis Mukwege demande aux autorités à démontrer également une réelle volonté politique pour mettre fin à l’insécurité dans l’Est et s’assurer que les crimes ne soient pas répétés, car, dit-il, la crise du Covid-19 ne doit pas nous faire oublier les atrocités qui se poursuivent dans l’indifférence à l’Est.

    «Il y a urgence pour nos autorités à démontrer également une réelle volonté politique pour mettre fin à l’insécurité à l’Est de la RDC, et prendre les mesures nécessaires pour prévenir la non répétition des violences à grande échelle que notre population subit depuis plus de 20 ans. Les solutions existent. Elles ont notamment été listées dans les recommandations du Rapport Mapping du Haut-Commissariat des Nations Unies publié il y 10 ans : établissement d’un tribunal international pénal pour la RDC et/ou de chambres spécialisées mixtes, mécanismes d’établissement de la vérité, programmes de réparation, et réforme profonde des secteurs de la sécurité et de la justice », appelle Denis Mukwege.

    Le Docteur Mukwege pense donc qu’il est temps est venu de déterrer le Rapport Mapping car les victimes d’aujourd’hui et d’hier ont droit à la justice, à la vérité, à des réparations et à des garanties de non renouvellement «face à ces atrocités qui doivent tous nous interpeller et qui doivent susciter des actions fortes des autorités congolaises et de la communauté internationale »

    Jean-Luc M.

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