Accès Humanitaire

    Un contingent de l’armée burundaise est entré officiellement en RDC via le Sud-Kivu, depuis ce lundi 15 août 2022. Selon l’armée congolaise, ce contingent qui est venu dans le cadre de la mutualisation des forces dans le cadre de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC), a pour mission de traquer tous les groupes armés tant étrangers que locaux aux côtés des FARDC, afin de restaurer la paix dans la partie Est de la RDC.

    Ce déploiement soulève déjà des réactions et inquiétudes dans le chef des acteurs socio-politiques du Sud-Kivu. C’est par exemple Amos Bisimwa, militant prodémocratie, qui dit exprimer son regret de voir que la RDC accepte une nouvelle force militaire internationale sur son sol, pendant que la mission de l’ONU qui y est présente depuis plus de 22 ans, n’est pas arrivée à ramener la paix.

    «C’est une indignation et un regret total. C’est une honte pour le pays que la situation arrive à ce niveau. Il est vrai que depuis des années la RDC dans sa partie Est, connait une insécurité qui ne dit pas son nom. Et cela émane du manque d’un leadership responsable à la tête du pays. Nous avons eu à combattre le régime sortant et nous avons cru qu’avec l’avènement du nouveau régime, selon tous les discours notamment, état de droit, le peuple d’abord, il y aura un changement dans tous les domaines, en l’occurrence sur le plan sécuritaire. Mais au fur et à mesure qu’on évolue, on remarque que la situation s’empire. Nous sommes entrain de suivre religieusement la situation sécuritaire dans notre pays et il faut ne pas être congolais pour comprendre que la Monusco depuis qu’elle est au Congo, elle a échoué à sa mission. 22 ans ce n’est pas 22 mois, moins encore 22 jours. Notre Gouvernement qui a la tache de sécuriser l’intégrité territoriale a également failli. En même temps on demande que la Monusco parte, ce même Gouvernement est allé signer d’autres accords à Nairobi pour qu’il y ait une nouvelle force soi-disant régionale pour le retour de la paix. Les gens qui ont représenté la RDC à Nairobi devaient d’abord comprendre qu’on ne veut pas d’une force régionale alors qu’on a encore la Monusco. Parce que la présence de cette force régionale prouve à suffisance que la Monusco a échoué et elle devait partir,» regrette Amos Bisimwa.

    Cet acteur social trouve « humiliant et très risquant » pour la RDC d’accueillir une armée étrangère qui pourtant est « protagoniste » dans les conflits avec des groupes armés sur son territoire.

    Amos Bisimwa craint qu’en voulant résoudre le problème sécuritaire, la RDC n’en arrive au pire.

    «La honte pour mon pays, c’est de voir que c’est lui qui part chercher la solution sécuritaire au Burundi, et pourtant si la RDC était mieux gouvernée, c’est elle qui devait être la solution sécuritaire pour la région. Tout le monde maitrise bien les différents conflits dans les hauts plateaux de Fizi-Uvira, et quand on parle des groupes armés actifs dans cette partie, il y a des groupes armés burundais. Moi je ne sais pas quel sera le comportement de ces groupes armés vis-à-vis de cette armée burundaise déployée là, et qui combattent depuis longtemps cette armée burundaise. Notre Gouvernement, tellement il est naïf, a accepté que ces groupes viennent se battre sur le sol congolais. Je ne suis pas prophète de malheur, mais je suis en train de penser qu’on risque gros. Car en voulant résoudre le problème sécuritaire, on risque d’en arriver au pire,» alerte ce militant.

    Comme solution à l’activisme des groupes armés, Amos Bisimwa pense que la RDC devrait tout d’abord organiser son armée, pour qu’elle mène seule les combats contre les groupes armés qui endeuillent sa population.

    Ceci, selon lui, passerait par un bon encadrement des militaires engagés dans des combats, pour qu’ils soient à même d’en découdre avec les ennemis de la paix dans la région.

    «Nous ne cessons de dire entant qu’acteurs sociaux que la solution pour la situation de l’Est serait d’organiser notre armée. Qu’on ait une armée républicaine, bien armée, bien commandée et bien encadrée pour qu’elle parvienne elle-même à mettre fin à tous les problèmes au pays. Dans le cas contraire, ça sera de la distraction et rien ne sera fait,» suggère-t-il.

    Il faut rappeler que le déploiement de la force régionale en RDC avait été décidé à l’issue du 3ème Conclave des Chefs d’État des 7 pays membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) tenu le 20 juin dernier à Nairobi, et consacré à la situation sécuritaire à l’Est de la RDC.

    Celle-ci devra travailler pour le rétablissement de la sécurité, en coopération avec l’armée et les autorités congolaises, ainsi que le retour de la paix. La force régionale devra également coopérer dans la mise en œuvre du processus de désarmement et de démobilisation.

    Quelques jours seulement après l’annonce de ce déploiement, plusieurs organisations et personnalités ont exprimé leur désaccord, affirmant que les troupes de la Force Régionale « ne sont pas les bienvenues » sur le sol congolais.

    C’est le cas des organisations de la Société Civile du Sud-Kivu, qui ont estimé que ces armées déjà accusées de multiples atrocités dans l’Est du pays, ne sauraient y rétablir la sécurité par quelque moyen que ce soit.

    Ces dernières se sont opposé « avec force » au déploiement de cette force, affirmant que plusieurs armées opèrent déjà sous la Monusco, qui a pourtant prouvé ses « limites » à ramener la paix et la sécurité.

    Bertin Bulonza

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