La PrunelleRDC
  • Accueil
  • Politique
  • Sécurité
  • Env. & Santé
    • Environnement
    • Santé
  • Femme
  • Société & Culture
    • Société
      • Economie
      • Justice & Droits humains
      • Education
    • Culture
  • Portrait & Tribune
    • Portrait
    • Tribune
  • Sports
  • Nobel 2018

Sousrcrire à notre newsletter

Recevez les dernières nouvelles .

Tendance

Nord-Kivu : Les enseignants des écoles primaires publiques suspendent leur grève

29 janvier 2023

Nord-Kivu : Le Maire de Goma appelle à la vigilance pour prévenir d’éventuelles attaques terroristes

29 janvier 2023

Sud-Kivu : 8 projets des jeunes agripreneurs reçoivent des subventions de l’IITA

29 janvier 2023
Facebook Twitter Instagram
DERNIERES INFOS :
  • Nord-Kivu : Les enseignants des écoles primaires publiques suspendent leur grève
  • Nord-Kivu : Le Maire de Goma appelle à la vigilance pour prévenir d’éventuelles attaques terroristes
  • Sud-Kivu : 8 projets des jeunes agripreneurs reçoivent des subventions de l’IITA
  • RDC : Selon l’armée, le Rwanda prépare un autre massacre contre les Tutsis congolais au Nord-Kivu (Communiqué)
  • Guerre du M23 : La ville de Goma isolée du reste de la province
  • Le Pape François tranche : « Être homosexuel n’est pas un crime »
  • Bukavu : Une fille kidnappée depuis un mois, les ravisseurs exigent mille dollars
  • Campagne de solidarité nationale : le Sud-Kivu mobilise plus de 17.000$ et 24 millions FC
Facebook Twitter Instagram
La PrunelleRDCLa PrunelleRDC
  • Accueil
  • Politique
  • Sécurité
  • Env. & Santé
    • Environnement
    • Santé
  • Femme
  • Société & Culture
    • Société
      • Economie
      • Justice & Droits humains
      • Education
    • Culture
  • Portrait & Tribune
    • Portrait
    • Tribune
  • Sports
  • Nobel 2018
La PrunelleRDC
Home»« Élections de fin de règne en RD Congo, Un théâtre tragi-comique avec le peuple congolais comme spectateur-acteur »

« Élections de fin de règne en RD Congo, Un théâtre tragi-comique avec le peuple congolais comme spectateur-acteur »

0
By La PrunelleRDC on 22 novembre 2018 Non classé
Partager
Facebook Twitter LinkedIn WhatsApp

« Élections de fin de règne en RD Congo, Un théâtre tragi-comique avec le peuple congolais comme spectateur-acteur » c’est le titre d’une nouvelle Tribune du professeur Thierry Nlandu Mayamba, Professeur à la Faculté des Lettres à l’Université de Kinshasa et Membre du Comité Laïc de Coordination (CLC). Dans cette réflexion, le professeur Thierry Nlandu critique la classe politique Congolaise. Opposition comme Majorité au pouvoir. (Tribune)

« Élections de fin de règne en RDCongo, Un théâtre tragi-comique avec le peuple congolais comme spectateur-acteur »

Lorsqu’on analyse la scène politique congolaise de nos jours, on se retrouve comme sur une scène de théâtre où des acteurs et actrices, leaders politiques et d’opinions, toutes tendances confondues, interprètent une pièce tragi-comique écrite sous d’autres cieux et mise en scène par de multiples metteurs en scène qui ont tous pour point commun leurs intérêts pour la mime, les masques et les marionnettes. Les acteurs sont tous presqu’à la dérive et donnent l’impression d’avoir perdu chacun sa boussole allant dans toutes les directions sur l’espace scénique, les uns pour conserver, les autres pour conquérir un pouvoir qui, chaque jour ne semble plus ou pas encore à la portée de tous.

Sur le plan thématique, la pièce s’articule autour du combat pour une alternance pacifique hypothétique du pouvoir ; un combat qui n’a pour seul véritable objectif que le rejet de la démocratie de façade ou mieux du chaos érigé en système de gestion au pays des Bonobos, au cœur de l’Afrique Centrale. Dans ce pays, semble-t-il, le peuple et toute la communauté internationale conjuguent leurs efforts pour réaliser une fin de règne pacifique, dans la non violence.

Le décor est planté. Les acteurs et actrices de tout bord s’agitent et prennent des positions courageuses. A droite, les églises organisent des marches pacifiques coûteuses en vies humaines et divers sacrifices. A gauche, les jeunes sont plus que jamais décidés à prendre leur destin en mains et sont transférés dans les prisons à tour de bras. Tous s’activent en vue d’arracher de leurs gouvernants l’organisation des élections transparentes et crédibles.

Mais, car il y a un mais, s’interroge le fou installé à l’arrière plan de la scène. « Comment obtenir ce genre d’élections lorsque celles-ci sont pilotées par les ténors d’un régime qui doivent céder un pouvoir conçu comme bien privé ? Comment faire fonctionner un outil démocratique comme « les élections crédibles » dans une démocratie de façade pour amener le changement qualitatif tant espéré ? ». Ces questions comme sans doute beaucoup d’autres tourmentent une démarche où la bonne foi des uns est souvent tournée en dérision alors que la ruse des autres apparaît comme réaliste et efficace!

Fatigués de jouer à l’accordéon, les dirigeants congolais, au pouvoir comme dans l’opposition ainsi que dans la société civile, ne savent plus ou pas où tourner la tête parce que non seulement, tiraillés entre la conservation ou la conquête du pouvoir ; mais surtout, parce qu’effrayés par ce peuple désormais debout qui, régulièrement abandonne sa position de spectateur pour interagir et changer le cours de la pièce. C’est, paraît-il parce qu’il se sent plus que jamais concerné par un processus électoral dont il ne veut plus être le dindon d’une nouvelle farce aux conséquences désastreuses pour ses filles et ses fils. Désemparés, les hommes et femmes politiques congolais vont dans tous les sens, dans des alliances qui se font et se défont sous le regard d’un peuple congolais amusé ; un peuple qui a cessé de croire en tous et qui est constamment en quête de leaders locaux nouveaux en qui faire confiance.

Dans cette tourmente sur le plateau, chacun joue sa partition dans l’espoir de sauver ce qui reste encore à sauver. Dans ce désarroi, chacun essaie de trouver ses marques ; de réajuster ses stratégies ; de ne pas trop se livrer ; de faire semblant d’être vrai et surtout de bonne foi ; de ruser, bluffer, contourner le peuple, ce souverain primaire qu’il faut perpétuellement caresser par le poil du dos avant de le rouler dans la farine lors des prochaines escroqueries électorales orphelines de la vérité des urnes. La mise en scène d’une pièce de cette qualité exige un directeur artiste de talent.

Certains analystes, critiques de théâtre, comparent cette situation à celle des  généraux d’armées rivales postés devant leurs cartes de stratégies militaires. D’autres, comme ce dramaturge de la mort, pensent que la scène offre un spectacle de mise à mort lente, avec des détours trompeurs pour rassurer la victime dans l’attente du moment propice pour porter le coup fatal ! Etrange jeu, digne de fin de règne en terre des bonobos ! C’est cette dernière scène non pascale qui me fascine et que je m’efforce de comprendre à travers le récit des derniers moments  de cette tragi-comédie.

  1. Les acteurs du clan au pouvoir  

Étrangement, la pièce ne met pas en scène des individus ni des personnes ; mais bien des masques qui, au fil des années de pouvoir, se sont constitués en une toile d’araignées, solidaires et complices dans les efforts pour conserver un pouvoir qui leur a toujours garanti des avoirs et du valoir au sein de la communauté nationale. Le dramaturge nous fait comprendre que l’on est en face d’un « conglomérat » de Congolais et Congolaises qui réalisent, aujourd’hui plus que jamais, que quitter le pouvoir c’est perdre tous ces avantages sans oublier les risques de devoir répondre devant la justice tant nationale qu’internationale de tous les odieux actes de l’ordre des droits humains et autres économiques qui ont émaillés leur exercice du pouvoir à tous les niveaux et dans des secteurs variés de la vie nationale.

Tout le comportement, dans cette œuvre théâtrale, est dicté par une peur réelle et terrible qu’essaie péniblement de voiler une arrogance démesurée embellie par des discours de fermeté, de non-ingérence, de souveraineté à jalousement protéger ; des harangues teintées d’un sarcasme trompeur et d’un cynisme machiavélique d’hommes et de femmes se débattant, impuissants, dans le marécage de fin de règne ; des êtres sans planche de salut, aspirés, petit- à- petit,  vers le bas par la vase aux odeurs bouse d’une fin tragique. Dans un permanent sursaut d’orgueil vanité des vanités, certains acteurs consciemment et d’autres malgré eux et surtout par peur du maître, veulent célébrer ces dernies instants de pouvoir comme une apologie d’un suicide dont la responsabilité sera portée par le peuple congolais, les opposants et la communauté internationale dans ses contradictions. Ce suicide en route se théâtralise comme un acte ultime de courage héroïque pour graver, de force, son nom à côté de ceux, prestigieux, de Kimpa Vita et de Lumumba avec la conviction d’entrer ainsi dans l’histoire de ce pays aux histoires imprévisibles et glorieuses parce que souvent dramatiques.

Comme dans un songe, ces acteurs, hommes et femmes à l’agonie ont à leur chevet tout un peuple fatigué qui implore Nzambi-a-Mpungu d’alléger leurs souffrances et de les rappeler à lui, dans son royaume. De temps en temps, ces derniers moments de vie au pouvoir sont rythmés par des sorties de coma dont le temps réel est plus court que le temps, long, que met le récit des actes post coma. La scène s’encombre alors de déploiements inutilement impressionnant d’une logistique électorale d’un autre âge, des gesticulations brodés de déclarations d’adhésion suivies immédiatement de démentis, de menaces et autres chantages ; tous des discours vides de sens parce qu’amputés de bonne foi ; tous des instants éphémères arides et de solitude où le clan au pouvoir tente désespérément de se donner un ballon d’oxygène et de revenir à la vie.

Le temps de l’illusion passé, la pièce  replonge dans ce long sommeil, moment solitaire sans quiétude dont les traces marquent, chaque jour davantage, des visages et des corps désarticulés parce que, quotidiennement, sans répits. Dans le couloir de la mort, le régime et ses animateurs arrivent visiblement agités devant la porte de la chambre d’exécution où la chaise électrique les attend à bras ouvert comme pour mettre fin aux promesses fallacieuses d’une meilleure vie après le pouvoir ! C’est le moment d’affronter cette dure réalité de la vie à laquelle font régulièrement face tous les animateurs de régimes autocratiques d’Afrique Sub-saharienne:

« Le Ciel ainsi que la vie heureuse et paisible après la présidence  se méritent ! Si le premier est conditionné par une bonne vie sur terre ; le second exige une gestion respectueuse de l’humain dans sa totalité durant l’exercice du pouvoir! C’est ce qui explique la joie et la fête qui, de nos jours, célèbrent les fins de mandats de certains hommes d’état africains  qui, dans l’exercice du pouvoir, ont compris que les coups d’état, les meurtres rituels, les assassinats à la Brutus, les guerres dites de libération, ne font plus partie de l’arsenal de moyens utilisés pour remplacer un ancien président ou changer un régime finissant en plein 21ème siècle ». (Crie avec ironie le fou toujours refugié dans son coin).

L’opposition : un protagoniste imprévisible

Le dramaturge présente une opposition qui procède masquée, à petits pas feutrés comme si elle réservait son énergie pour le sprint final. Elle ne veut pas se livrer complètement. C’est de bonne guerre ! Elle semble avoir enfin compris la stratégie du combat qui conduit, non seulement à la prise de pouvoir ; mais surtout à la mise à mort lente et coûteuse d’une démocratie de façade. Du moins, je l’espère.

Sa force, elle la tire de sa diversité, de son caractère pluriel qu’elle ne veut plus faire apparaître comme faiblesse. En effet, l’opposition réalise que cette pluralité lui donne aujourd’hui l’image d’un corps difficile à saisir, à manipuler, à dompter. Chaque jour, l’opposition prend, à son avantage, la forme d’une pieuvre aux bras multiples, tentaculaires avec un centre insaisissable. La pieuvre donne désormais du fil à retordre au pouvoir et au système qui est comme pris à son propre piège et à son propre jeu.

La diversion est devenue une grande arme à la portée de tous dans ce processus électoral théâtre sans éthique et orphelin de la métaphore « libres, transparentes et crédibles » ! Ce qui se déroule ici est proche du célèbre dessin animé « Tom et Gerry » avec en finale la victoire de l’acteur qui sera non pas le plus fort physiquement ni financièrement ; mais plutôt maître de l’articulation et de la manipulation de la ruse.

Sans doute aguerris par les années passées dans le cercle du pouvoir inhumain, à l’école des coups tordus, la nouvelle-vieille classe d’opposants congolais, consciente qu’il y va de sa survie politique semble avoir réalisé que le temps était à la mise entre parenthèse des égos. En effet, les opposants, plus que jamais menacés par l’idée d’une transition citoyenne sans eux, s’interrogent et s’interpellent régulièrement ; gèrent tant soit peu les déclarations intempestives, contradictoires si pas conflictuelles des lieutenants et autres membres de leurs équipes respectueuses. Conscients des enjeux, ils cultivent calme, respect mutuel et discrétion pour ne plus se faire dévorer par un processus électoral carnivore où le slogan demeure : « manges ou tu te fais manger ».  Pourvu que ça dure !

J’ai comme l’impression de me trouver devant une opposition qui a appris de ses nombreuses erreurs du passé. Il n’est plus question d’aller au combat en ordre dispersé. Les opposants refusent de donner aux uns et aux autres le discours qui justifie leur défaite. Demain, qu’on se le dise, ce sera un corps à corps, un face à face : 1 contre 1. (« Ndooto ya baaba », s’esclaffe le fou qui, visiblement, n’y croit pas).

Dans cette perspective et puisque tout le monde veut relever les défis d’une parodie électorale avec ou sans machine à voter, l’opposition à des tâches urgentes à réaliser avec précaution, sagesse, stratégie et obstination. Elle doit aller au-delà des discussions techniques, logistiques, légales et autres pour se concentrer sur la mise en place de stratégies concrètes pour venir à bout de la fraude électorale qui profile à l’horizon. C’est alors que la pièce verse dans un didactisme instructif pourvu que les acteurs passent à la praxis. Les acteurs décident soudain et à 45 jours des élections de :

  • Désigner un candidat commun, exercice d’équilibriste qui exige talent et surtout respect de la parole donnée.
  • Fixer, au préalable, les règles à respecter scrupuleusement une fois le pouvoir conquis. Il ne s’agit pas seulement du programme commun ; mais surtout des quotas et critères de mise lors de la répartition des postes de responsabilité.
  • Comprendre que la force du pouvoir ainsi conçu réside dans son caractère pluriel, socle d’une démocratie respectueuse de notre diversité. Pour ce faire, chaque leader devra préparer, dès maintenant, ses différents lieutenants, bases politiques et sociales à  accepter les contraintes de cette nouvelle manière partagée de vivre le pouvoir. La retenue dans les déclarations, faits et gestes des uns et des autres doit être de mise. On est encore loin d’avoir gagné les élections.
  • Réaliser que le choix du candidat commun se fait à 45 jours du scrutin et pose  d’énormes problèmes de :
  • Communication avec le Congo profond pour faire connaître l’illustre candidat et avoir l’adhésion de l’électorat national. Il faudra une mobilisation et une campagne tout azimut.
  • Un réajustement de la campagne de chaque parti politique dont les leaders  devront porter le candidat commun tout en soutenant leurs propres candidats aux législatives et provinciales.  
  • Former les témoins des partis politiques pour les différents bureaux de vote dans les milieux urbains et ruraux. Afin de contrecarrer la fraude électorale dans nos campagnes, il faudra y déployer des témoins plus aguerris, plus alertes et professionnels venus des milieux urbains en association aux locaux.
  • Dresser une cartographie réaliste de répartition des témoins dans les bureaux de vote en ville et dans les milieux ruraux. Ce déploiement devra se faire selon les fiefs électoraux des uns et des autres avec, à titre d’exemple, en prenant les principaux partis de l’opposition et sans aucune prétention limitative quant à la présence des uns et des autres dans les différentes espaces électoraux en provinces:
  • UDPS : Kinshasa, Kasaï Oriental, Kasaï Occidental, Kongo Central
  • UNC: Nord Kivu, Sud Kivu, Maniema, Province Orientale
  • MLC: Kinshasa, Kongo Central, Equateur, Province Orientale
  • Ensemble : Katanga, Kinshasa, Kasaï Oriental 
  • ECIDE : Kinshasa, Bandundu, Kongo Central
  • Congo na Biso : Kinshasa, Bandundu
  • UREP-Nouvel Elan : Kinshasa, Bandundu

Les mauvaises langues chercheront la petite bête et accuseront l’opposition d’opérer sur base ethnique. Ce n’est nullement le cas. Réalisme politique oblige, chaque partie dispose d’un fief électoral où il est fort. C’est cela qu’il faut utiliser pour maximiser les chances de réussite. Et puis, comme mentionné ci-haut, rien n’indique que les uns et les autres n’ont pas de présence dans les espaces où cette liste ne les affecte pas.

    • Initier les témoins au bénévolat. Ceci sera sans doute la clef du contrôle du processus électoral et de la victoire finale. Fort des expériences du passé, les partis de l’opposition n’ont pas suffisamment de moyens financiers pour prendre en charge tous les témoins à travers le pays. Il faudra donc intégrer le bénévolat dans un contexte où le pouvoir va certainement recourir à l’argent pour « conditionner » les témoins. Bien plus, souvenons-nous de la pratique utilisée massivement lors des élections de 2011 lorsque des candidats fortunés ont fait le calcul du nombre de voix nécessaires pour se faire élire et les ont monnayées via un nombre important de témoins disséminés dans les bureaux de leurs circonscriptions électorales, à raison de 2 à 5 $ par témoin. Cette pratique risque de refaire surface et n’aura pour parade que la conscience des témoins. Or, faire appel à la seule conscience de ceux-ci sera un pari risqué. A titre dissuasif, il faudra, sans doute, songer à la création d’un Corps de Témoins Volontaires et Incorruptibles (CTVI).
  • Se préparer pour une période post électorale agitée, car à la proclamation des résultats, il est plus qu’évident que ceux-ci ne seront pas conformes à la vérité des urnes. Celui qui sera déclaré vainqueur ne sera pas celui que le peuple aura élu. En pareille circonstance, on connaît tous le schéma imposé par les adeptes d’« une paix sans justice ». Ce sera le moment du déjà entendu discours qui, à chaque élection voulue tumultueuse, invite toutes les parties au calme et à la sagesse en vue de constituer un gouvernement de large union nationale dont le dindon de la farce sera encore et toujours le peuple congolais. « Mais, ce peuple acceptera-t-il de se faire à nouveau flouer et rouler dans la farine comme hier? Ne risque-t-il pas de considérer les opposants comme des complices d’une parodie électorale dont le but final n’aura été que leur accès à la table du régime pour « manger » comme tous les autres? (se demande le fou dans un coin de la scène). Je  ne veux pas être prophète de malheur ; mais la non mise en œuvre de ces recommandations risque de causer la mort politique certaine de toute cette « jeune » génération politique de l’après Mobutu et Kabila père ».

Le peuple spectateur-acteur

Ce personnage est loin d’être naïf. Il apparaît appauvri, en lambeaux, au point où les politiciens pensent qu’ils peuvent éternellement le tromper. Erreur. Et malgré son comportement controversé lors des récentes et futures manifestations politiques, le peuple congolais  n’est pas dupe. Son seul malheur, à ce stade, c’est de continuer à croire en la dérision comme arme puissante pour descendre l’hypocrisie du pouvoir. De par sa culture tradi-moderne, le peuple congolais pense qu’il suffit de se moquer d’une personne pour que cette dernière, devenue la risée de tous, prenne conscience et change de comportement. C’est sans doute cette foi en la dérision qui justifie cette théâtralisation à ne pas en finir de l’espace politique où :

    • Le « tshipoyi » est semblable au catafalque et accueille tout celui qui peut payer. Il sert de moyens de transport aux différents cadavres (pardon candidats). « C’est tout comme s’exclame un spectateur ». Ce véhicule est toujours décoré de manière circonstancielle, aux couleurs des candidats et au rythme de leurs arrivées sur les sites des campagnes.  Les transporteurs veillent à collectionner les pagnes et T-shirts aux effigies des uns et des autres. Ces outils de travail sont des atouts majeurs de ce peuple d’humoristes affairistes qui a beaucoup appris du caméléon de chez lui. Ce sont ces apparats qui donnent la couleur du jour à l’unique véhicule et aux transporteurs fonctionnaires du coin pour créer l’illusion de la représentativité des militants dont ont besoin les candidats en campagne.
    • Le chant unique à la gloire du candidat, traduit dans toutes nos langues est semblable à ce cantique religieux qui ne varie pas dans son contenu. Seul son rythme est insolite et opportuniste, à chaque fois coloré par fidélité au contexte de son exécution du jour ou du moment. Seul le nom de celui dont on célèbre les fausses promesses doit être inséré, avec précaution,  dans les couplets. Malicieux et rusé à souhait, ce peuple-griot connaît et maîtrise la biographie de chaque candidat pour lui rendre honneur et surtout reprendre l’argent qu’il lui doit.
    • Le pagne en décomposition des mères aux visages moqueurs s’arrache de leurs bassins pour s’étaler volontairement à même le sol. Des scènes d’une théâtralité dont seuls les corps de nos sœurs sont capables. Ces corps se tordent jusqu’au sol comme des lianes soucieuses de créer la fiction du don de leur sève, larme affectueuse qui ôtera la crasse à ces belles chaussures des candidats qui s’acharnent, en vain, de  refuser de porter la couleur de la poussière qui, au quotidien, crie la détresse des Marie Madeleines de nos périphéries urbaines et rurales.
  • Les railleries dans les réseaux sociaux, fruits d’une créativité sarcastique sont à vous couper le souffle. L’inventivité est à la taille de la souffrance des sans voix. Les jeunes en action sont d’une maîtrise inouïe. Ils manient cette nouvelle technologie avec dextérité et excellent dans l’art et l’activisme politique. Ils ont compris que la dérision seule ne suffit pas pour déboulonner les canards politiques d’aujourd’hui, ces hommes et des femmes aux plumes imperméables aux érosions corporelles causées par l’ironie. « Dès lors, que faire ? », s’interroge le fou d’un air provocateur

Du mariage théâtre de dérision et activisme politique

La fin de la pièce est étrange comme d’ailleurs la fin de chaque règne au pays du majestueux fleuve Congo. Mais ce qui est plus surprenant, c’est le personnage du fou, son costume et sa posture sur scène. Il porte un masque cubique de couleur blanche et noire ; forgé par l’artiste sans brevet Mukutu et non Picasso.

Le fou est assis sur la rampe à l’avant scène. Aucune crainte de se faire électrocuter. Cet arsenal de théâtre n’est plus usité faute d’électricité. Le fou est au cœur du dernier tableau, entre le public et les acteurs sur scène. Son regard virevolte dans toutes les directions. Le masque le lui permet. Devant lui bouillonne un fut rempli d’eau et de feuilles de Nsanda, cet arbre ancestral de la réconciliation par la vérité. Ce n’est pas la potion magique du Druide d’Astérix ; mais c’est tout comme. Une goutte, une seule dans les deux yeux de chaque acteur sur scène comme dans le public et c’est la transe :

  • Les experts formateurs nationaux des églises et des organisations de la société civile révèlent aux différentes hiérarchies que les règles et la déontologie de l’observation électorale telles que définies dans les manuels de ceux qui financent cette opération, ne sont efficaces que dans des contextes à démocratie réelle et non de démocratie de façade ni de dictature. Aussi, aux différents chapitres de ces manuels, les experts congolais ajoutent désormais le chapitre sur la responsabilité de l’observation électorale dans le rétablissement de la vérité des urnes. En effet, face aux escroqueries électorales répétées de 2006 et 2011, l’observation électorale au Congo doit éviter d’être taxée de complice. L’observation électorale ne rassemble plus les données pour des conclusions tièdes, alambiquées et surtout hypocrites qui donnent bonne conscience en se réfugiant derrière cette belle phrase, expression d’une irresponsabilité cynique et surtout criminelle : « notre rôle est d’observer et de dresser un rapport d’observation! ».

Non ! Lors des élections de ce décembre 2018, l’observation sort de sa prison-tanière déontologique classique, non opérationnelle dans notre pays. Son rôle est celui d’observer, de rassembler les résultats, de rendre compte et de proclamer les vrais résultats parce que forcée par l’ampleur de la fraude. L’observation refuse d’être muette et aphone comme en 2006 alors qu’elle affirmait détenir les preuves de la victoire de celui que le peuple avait réellement élu.

En action, les observateurs relèvent le défi des élections libres et transparentes. Ils refusent que cette opération ne soit perçue comme une parmi les nombreuses interventions humanitaires qui, de nos jours, sont souvent de vastes affaires, un business. Ils disent non à une observation électorale qui permet aux uns et aux autres, nationaux comme étrangers, de se faire plein les poches pour la St Sylvestre et les fêtes de Bonne Année au détriment d’un peuple, à chaque fois empêché de porter au pouvoir celui ou ceux qu’ils ont réellement élus!

  • Pour les activistes pro-démocratie, jeunes comme vieux, actifs au sein de nos nombreuses structures, la goute magique semble avoir ôté la paille et la poutre des yeux des uns et des autres. Tous ont compris leurs tâches. Et la vérité des urnes éclate au grand jour. Les axes de leurs animations actives ne sont autres que : la conscientisation non violente active du peuple et la création d’un centre parallèle de traitement des résultats qui a facilité la publication des vrais résultats.
  • Conscientisation non violente active de la population

Cette stratégie fait comprendre à la population que sa dérision perd de son effet face à la corruption qui la pousse à remplir les stades et à voter de manière irresponsable. Un stade vide est plus fort que des railleries dont se moquent éperdument les hommes et les femmes du pouvoir. Etrange, le refus des pagnes, de la boisson, du sel, sucre, etc. perturbe plus que toutes les pointes dans les réseaux. Le peuple affronte le pouvoir sur son propre terrain celui de la quête de la popularité par l’achat permanent de sa présence sur les lieux de ses meetings. La population a compris qu’à chaque meeting, des instructions sont données aux cameramen afin qu’ils balaient sans zoomer les pourtours des stades où la population est nombreuse. Le seul son audible est celui de la tribune des officiels sans oublier celui des instruments de musique qui finissent par rythmer les agitations et les colères des va-nu-pieds dans les pourtours pour leur donner des allures de mouvements de danse à la gloire du candidat qu’ils ne portent pas.  C’est alors que la dérision du peuple se retourne contre lui. Il suffit de suivre les commentaires d’autosatisfaction des organisateurs après les manifestations pour s’en rendre compte.

Le travail de conscientisation à réaliser est énorme. S’interdire de transformer leurs espaces en sites de campagnes électorales devient une urgence pour les réseaux sociaux des activistes pro-démocratie. Tous attendent que les sermons de nos hommes et femmes d’églises deviennent, comme hier récent, des outils puissants de cette conscientisation pour atteindre, dans un bref délai, le résultat du « non collectif » qui remet chaque candidat à sa place.

  • Création d’un centre parallèle de publication des résultats

Des jeunes volontaires des mouvements citoyens et des églises, bien coordonnés, montrent qu’ils sont capables d’organiser et de faire fonctionner ce centre, encadrés par les experts électoraux aujourd’hui nombreux dans les organisations de la société civile et églises. Ce travail nécessite une logistique que les uns et les autres apportent de leurs différentes structures juste le temps des élections.

Le dernier tableau de cette tragi-comédie se joue à un rythme effréné. Il est difficile à comprendre parce qu’il n’a ni unité d’action, ni d’espace, ni encore moins de temps. Mais le fou reste imperturbable. Soudain tout son corps prend la forme d’un point d’interrogation comme pour nous interroger sur le sens profond de ce que nous venons de vivre de manière prémonitoire et que nous allons vivre en live ce 23 décembre 2018. Brusquement, le fou quitte sa posture et l’avant scène. Il sautille comme un singe dans l’allée centrale de la salle, direction sortie. Il est dans la foule. C’est comme si il veut rompre la séparation de l’imaginaire et du vrai, mariant le vide qui sépare l’acteur du public pour donner ainsi naissance à ce théâtre de la vie, une véritable et surprenante fiction-faction.

Thierry Nlandu Mayamba, 

Professeur à la Faculté des Lettres à l’Université de Kinshasa

Membre du Comité Laïc de Coordination

Partager…


  • Facebook


  • Whatsapp


  • Twitter


  • Linkedin

Share. Facebook Twitter LinkedIn Email WhatsApp
Add A Comment

Leave A Reply Cancel Reply

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Les plus lus

Goma: le Président Tshisekedi arrive chez-lui comme sur un territoire ennemi!

6 octobre 2020Updated:6 octobre 2020

Massacres à l’Est de la RDC: pour Vincent Karega, l’AFDL, le MLC et le RCD sont des premiers responsables, le Rwanda n’a été qu’un renfort

29 août 2020Updated:29 août 2020

Union « sucrée »: la liste des politiques qui refusent de rester au chômage s’allonge

13 décembre 2020Updated:13 décembre 2020

RDC: le Gouvernement Sama Lukonde est là, voici les 56 membres

13 avril 2021Updated:13 avril 2021
Tendance
Actualités
29 janvier 2023

Nord-Kivu : Les enseignants des écoles primaires publiques suspendent leur grève

29 janvier 2023

Le Syndicat des Enseignants des Ecoles Primaires Publiques du Nord-Kivu (SYNEEPP), vient de suspendre le…

Nord-Kivu : Le Maire de Goma appelle à la vigilance pour prévenir d’éventuelles attaques terroristes

29 janvier 2023

Sud-Kivu : 8 projets des jeunes agripreneurs reçoivent des subventions de l’IITA

29 janvier 2023

RDC : Selon l’armée, le Rwanda prépare un autre massacre contre les Tutsis congolais au Nord-Kivu (Communiqué)

28 janvier 2023
Suivez nous
  • Facebook 16.8K
  • Twitter 5K

Sousrcrire à notre newsletter

Recevez nos derniers articles.

A PROPOS DE LA PRUNELLE RDC

Le média en ligne LaPrunelleRDC.info est un média de l’Asbl La Prunelle RDC. Il est basé à Bukavu, Sud-Kivu (Est de la République Démocratique du Congo). Depuis 2017, il donné l’actualité générale de l’ancien Kivu et de la RDC avec un focus sur les questions de la Bonne Gouvernance, les Droits Humains, la Démocratie et la promotion de la femme et du Jeune.

Avec un grand réseau des correspondants à travers la RDC et l’Afrique, LaPrunelleRDC.info fait de l’information vraie et vérifiée son crédo avec une spécialité : la participation communautaire à l’information.

 

Articles Recents

Nord-Kivu : Les enseignants des écoles primaires publiques suspendent leur grève

29 janvier 2023

Nord-Kivu : Le Maire de Goma appelle à la vigilance pour prévenir d’éventuelles attaques terroristes

29 janvier 2023

Sud-Kivu : 8 projets des jeunes agripreneurs reçoivent des subventions de l’IITA

29 janvier 2023
Les plus lus

Goma: le Président Tshisekedi arrive chez-lui comme sur un territoire ennemi!

6 octobre 2020

Massacres à l’Est de la RDC: pour Vincent Karega, l’AFDL, le MLC et le RCD sont des premiers responsables, le Rwanda n’a été qu’un renfort

29 août 2020

Union « sucrée »: la liste des politiques qui refusent de rester au chômage s’allonge

13 décembre 2020
© laprunellerdc 2023 .
  • Accueil
  • Contactez-nous
  • Notre Equipe

Type above and press Enter to search. Press Esc to cancel.