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    Me Néné Bintu, Vice-Présidente du Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu, dit avoir plusieurs inquiétudes, au sujet du processus d’enrôlement des électeurs, qui démarre le 16 février prochain en province du Sud-Kivu. Selon elle, au vu de multiples irrégularités constatées, la CENI risque de ne pas enrôler tous les électeurs.

    Elle l’a dit au sortir d’une réunion de concertation avec les forces vives et les partis politiques du Sud-Kivu, organisée à Bukavu ce jeudi par la CENI.

    Celle-ci dit être préoccupée par la durée de l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs, qui ne va durer qu’un mois, alors qu’en 2018, l’opération avait duré plus de 90 jours.

    «La CENI nous a dit que c’est au minimum 62 à 64 enrôlés par jour par centre. Pourtant moi je viens de Kalehe j’ai retrouvé des OPS qui m’ont dit qu’en 2018, il y en a qui enrôlaient jusqu’à 250 personnes par jour. Alors si on reste dans le minimum de 62 à 64 électeurs par jour, dans le Sud-Kivu, on ne va même pas atteindre 1 millions. Pourtant, nous sommes une grande force politique. Au niveau de l’Est, on a un grand poids politique. Et ça laisse croire aux rumeurs selon lesquelles on aurait diminué certains centres à l’Est au profit de l’espace Kasaï et d’autres provinces,» a-t-elle déclaré.

    Celle-ci dit être informée qu’il y a une application mobile qui va faciliter le pré-enregistrement, afin que les électeurs puissent rapidement se faire enrôler. Elle s’interroge tout de même sur comment la CENI va sécuriser cette application, vu que tout celui qui a un smartphone peut la télécharger, y compris les étrangers. «Comment on va détecter ces étranger au moment de l’enrôlement ou de l’enregistrement ? » s’interroge-t-elle.

    Et d’ajouter «Combien de nos concitoyens ont les smartphone dans les villages ? Ils sont très peu nombreux. On attend voir pour la première aire opérationnelle les résultats que ça va donner, mais il y a plus d’inquiétude,» indique-t-elle.

    Me Néné Bintu rappelle également que la plupart des écoles sont des centres d’inscription. Elle explique que c’est difficile de chasser les élèves pour occuper toutes les salles des centres afin d’accélérer l’opération d’enrôlement. «C’est ça la crainte que nous avons, parce qu’on risque de ne pas enrôler tout le monde. En février on sera en pleine période de cours. Les autres opérations d’enrôlement c’était en période de vacance. Est-ce qu’on aura suffisamment de l’espace dans les écoles pendant que les enfants étudient ? » demande-t-elle.

    La Vice-Présidente de la Société Civile du Sud-Kivu s’interroge également au sujet de l’enrôlement des Congolais de la diaspora.

    «La CENI n’a pas vraiment répondu à la question de savoir pourquoi elle a seulement sélectionnés 5 pays et pas d’autres. Parce qu’on a des congolais en Océanie, en Asie, et aucun pays de ces deux continents n’a été sélectionné. Il y a aussi des inquiétudes par apport à comment on va suivre cette opération. Parce que nous qui sommes des organisations nationales, nous n’avons pas la possibilité de nous faire accréditer pour aller suivre cette opération dans les 5 pays, pour savoir si toutes les normes sont respectées par rapport à ceux qui seront enrôlés. On sait aussi que la plupart des Congolais qui vivent là ont la double nationalité. La CENI dit que parmi les conditions il faut amener les passeports. Parce que si vous avez la double nationalité, vous n’allez pas jeter votre passeport congolais. Vous allez l’amener et on peut vous enregistrer, pourtant au sens de l’article 10 de notre constitution, vous n’étiez plus Congolais. Mais ils vont voter parce qu’ils ont eu la carte d’électeur,» déplore-t-elle.

    L’autre blocage, pour Néné Bintu, c’est l’insécurité dans l’Est de la RDC. Selon elle, les rebelles du M23 sont entrain de conquérir de plus en plus de nouvelles localités au Nord-Kivu, présentant également une sérieuse menace pour la province du Sud-Kivu. «Quelles sont les mesures que le Gouvernement a mis en place pour sécuriser l’Est de la RDC ? Voilà autant de préoccupations qui nous tiennent à cœur,» indique-t-elle.

    Celle-ci regrette enfin, le fait que dans la feuille de route de la CENI, c’était prévu qu’en décembre 2023 elle organise toutes les élections directes, le même jour, mais dans son Calendrier, elle fait savoir que le 20 décembre, il sera seulement question de la présidentielle, ainsi que les législatives provinciales et nationales. «La CENI a recalé les élections locales pour juillet 2024, alors que nous, on voulait qu’elle organise toutes ces élections en décembre prochain,» fait-elle savoir.

    Trésor Wilondja

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