Plusieurs citoyens congolais, situés dans le territoire de Shabunda, en Province du Sud-Kivu, risquent de ne pas participer au vote ce 23 décembre 2018 faute de matériel électoral. A quatre jours de la tenue des élections, en RDC, plusieurs localités de ce vaste territoire n’ont reçu ni machine à voter, ni tout autre matériel constitutif des kits électoraux.
Selon des sources sûres, de la société civile, le déploiement des kits électoraux n’a toujours pas été effectué dans différents coins du territoire de Shabunda ; ce qui constitue un sérieux problème, si l’on peut tenir compte du temps qui nous sépare du jour des élections. A en croire, les infos, nous livrées par Joseph Mpeseni [président de la société civile, en territoire de Shabunda], l’entrepôt de la CENI à Shabunda a déjà réceptionné un lot important du matériel, mais la livraison vers les coins et recoins du territoire n’a toujours pas été effectuée.
Pour atteindre certains coins de Shabunda, il se nécessite un voyage allant jusqu’à près d’une semaine de marche. Dans cet immense territoire, pratiquement plus vaste que plusieurs pays entiers, le moyen de transport a toujours été une sérieuse pierre d’achoppement. Le moyen de transport le plus couramment utilisé, c’est bien le pied.
Compte tenu de cet obstacle, l’acheminement du matériel électoral s’annonce déjà difficile, si pas impossible.
« Les centres ne sont pas encore servis en machines et autre matériel électoral, sauf pour le centre de formation où on est en train de former les gens qui doivent qui doivent quitter le centre pour emmener le matériel à deux jours de marche, ce qui est pratiquement impossible, à l’allure où vont les choses », nous a signalé pour sa part Cyrile Bendera, président territorial de la nouvelle dynamique de la société civile.
Du coup, c’est l’incertitude qui gagne les cœurs des habitants de Shabunda. Ceux-ci voient s’approcher le délai du 23 décembre 2018, sans qu’un seul indice ne rassure de l’effectivité de la tenue de ce grand rendez-vous dans leur terroir. Un autre acteur de la Société Civile, qu’a joint votre rédaction, de Kigulube [un centre situé dans la partie Nord-Est du territoire de Shabunda] fait état d’un statuquo inexplicable au des bureaux de vote, et élucide le périlleux obstacle auquel se bute le processus dans ce territoire.
« La population vit dans l’incertitude des élections. Il y a des bureaux qui sont là-bas ; les agents des bureaux sont partis à Shabunda pour prendre le matériel, mais ils ne sont pas encore rentrés. Il n’y a pas de moyen de transport, il faut marcher dans la brousse pendant deux jours, vous passez dans la forêt pour atteindre les centres ; les formateurs viennent à pied aussi », s’exclame cet activiste de la société civile.
Et comme toujours la CENI [Commission Électorale Nationale Indépendante] ne cesse d’apaiser la population, lui faisant croire à sa ferme détermination de réussir l’organisation des élections, sur toute l’étendue de la république. Cependant, la mission se complique davantage chaque jour qui passe, car les kits électoraux sont constitués d’outils fragiles nécessitant un soin particulier en vue d’un acheminement sûr.
Rappelons que le gouvernement congolais, à travers la déclaration du Chef de l’Etat, avait affranchi le processus électoral de toute aide extérieure, au nom de la souveraineté.
Sans moyen logistique conséquents, la CENI se voit obligé de faire transporter le matériel par des moyens non rassurants, et moins efficaces, comme le transport à pied et à vélo. Aux élections précédentes, le transport des kits s’effectuait au moyen des hélicos de la MONUSCO capables d’atteindre les coins les plus inaccessibles.
Eut-égard à ce handicap, il se pose toujours la question de l’effectivité de la tenue des élections en date du 23 décembre. Et dans la mesure où celles-ci se tenaient, se tiendront-elles sur tout l’ensemble du territoire national ? A l’avis de certains pessimistes, la RDC risque de connaitre les pires élections de son histoire.
Par ailleurs, les parties prenantes au processus ne cessent de se mobiliser, écartant toute occurrence d’un scenario contraire. Mais, lisant les signes des temps, il y a lieu de s’imaginer les évènements qui se produiront au lendemain des élections.
Les prochaines heures, en diront peut-être mieux.