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    La onzième chronique « Mon Point de vue » de ce 24 Janvier 2022 et animée par le Révérend Nicolas Kyalangalilwa revient sur la difficulté pour les habitants de Bukavu et spécialement ceux du Quartier Nyalukemba d’accéder à l’eau et même à l’électricité. Une situation générale et généralisée sur l’ensemble de la République Démocratique du Congo.

    « Quand l’eau et l’électricité deviennent un luxe que beaucoup des Congolais ne peuvent se permettre !

    La RDC est un pays intéressant ! D’un côté elle est citée parmi les pays ayant presque tout le potentiel hydroélectrique du monde mais de l’autre coté la majeure partie de sa population (même urbaine) souffre pour avoir accès à de l’eau potable ou à l’électricité. 

    La RDC a un des fleuves le plus grand du monde (le deuxième au monde en terme de débit, c’est-à-dire le volume d’eau écoulé par unité de temps ou l’eau qui se déverse dans l’océan mesuré en mètre cube par seconde, après l’Amazonie au Brésil). Ce fleuve traverse le pays entier et est alimenté par une multitude des rivières et cours d’eau. A ceci, on ajoute le fait que la RDC est à cheval sur l’équateur, les pluies sont abondantes et donc l’eau est supposée être une denrée disponible tout le long de l’année (contrairement à des pays désertiques comme le Niger ou la Namibie).

    D’après un rapport de l’Unicef que nous avons consulté « La République Démocratique du Congo (RDC) possède plus de 50% des réserves d’eau du continent africain mais malgré ce potentiel fabuleux, 33 millions des personnes en milieu rural (soit 25-30 % de sa population) n’ont pas accès à de l’eau de qualité. Malgré des efforts continus, seulement 52% de la population a accès à un point d’eau amélioré. » Et cela théoriquement puisque beaucoup ont des robinets et des raccordements mais l’eau ne coule presque jamais dans leurs maisons (moi y compris) !

    Comment alors expliquer les milliers des filles et des femmes qui font la ronde très tôt le matin à leur risque et péril aussi bien dans les villes et les villages pour chercher de l’eau (qui souvent n’est même pas potable- d’où la prolifération des maladies hydriques) ?

    Pire, nous avons une société la REGIDESO, qui est sensée travailler à l’amélioration de ce secteur ? Tous ces agents et directeurs, ils sont payés pour quoi faire ? Si leur travail n’aboutit pas à l’amélioration de la déserte en eau potable, pourquoi continuent-ils à percevoir un salaire ? C’est important de comprendre que ce n’est pas l’eau qui manque dans notre pays. Nous en avons en abondance. Alors pourquoi, le taux de desserte est-il si faible ?

    Je crois que la réponse est simple, beaucoup ne font pas leur travail. Et personne ne les sanctionne pour leur paresse et manque d’efficacité.

    Il en est de même pour l’électricité. D’ailleurs certains ont surnommé la Société Nationale d’Electricité (SNEL) en Société Nationale Ennemie de la Lumière (SNEL)

    D’après un rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD) : « La principale ressource énergétique de la République Démocratique du Congo (RDC) est l’hydroélectricité…de par son potentiel (100.000 MW), la RDC est classée au 1er rang des pays africains et possède 13% du potentiel mondial en énergie hydraulique.

    Ces ressources sont un atout majeur pour l’approvisionnement en électricité du pays à moindre coût et lui confèrent une place stratégique sur la scène énergétique continentale.

    Malgré ces atouts, le sous-secteur de l’électricité (SSE) est faiblement développé. Le taux d’électrification (6%) est l’un des plus bas du Continent et le pays ne tire pas suffisamment d’avantages de ses possibilités d’exportation d’électricité.

    Cette situation résulte de la faible mise en valeur du potentiel hydroélectrique (3%), du faible niveau de développement des réseaux de transport et de distribution ; du délabrement des infrastructures par manque d’entretien et à cause des détériorations subies au cours des guerres survenues pendant la décennie 90 ; et de la mauvaise gestion du SSE et de la situation financière préoccupante de la Société Nationale d’Electricité.

    De fréquentes coupures d’électricité affectent négativement le fonctionnement des secteurs industriel et manufacturier. » Et cela malgré la libéralisation du secteur !

    On comprend donc vite qu’il y a beaucoup des gens au sein de ces sociétés (REGIDESO et SNEL) qui reçoivent des salaires exorbitants et qui ne produisent rien comme résultats.

     Il est peut-être temps de commencer à les rémunérer sur base des résultats. Il est peut-être temps que le peuple se lève pour réclamer son droit à l’accès à l’eau potable et à l’électricité. Ce ne sont pas les potentialités qui manquent ! Je parie aussi que vous qui me suivez en ce moment vous n’avez pas d’eau qui coule dans vos robinets ni de l’électricité en permanence dans vos maisons. Mais curieusement je n’ai pas encore vu le peuple organiser en association (Société Civile) ou les hommes politiques (élus du peuple) faire de ces deux problèmes sociaux leur cheval de bataille (peut être un sujet d’un autre numéro).

    Je n’ai pas vu des villes mortes ou des marches sur ces deux problèmes. Pourquoi ? Je n’ai pas vu des interpellations ou des révocations. Pourquoi ? Pendant ce temps tout le monde se fait à la nouvelle réalité (inclus nos dirigeants) achète des groupes électrogènes en provenance de Chine et conserve de l’eau dans des tanks ou bidons ! Pauvre peuple, d’où te viendra le secours ?

    Nicolas Kyalangalilwa

    Acteur de la Société Civile

    A propos de « Mon point de vue » 

    « Mon Point de vue » est une chronique d’analyse de l’actualité provinciale, nationale et régionale animée par Nicolas Kyalangalilwa, célèbre, fervent acteur de la Société Civile et diffusée sur la radio Jambo FM émettant sur 92.0 MHz à Bukavu au Sud-Kivu. Elle est diffusée tous les lundis, jeudis et dimanches à 20 heures 15. La rediffusion de ces épisodes se fait les mardis, vendredi et lundi à 8 heures du matin. LaPrunelleRDC vous les proposera également en écrit et en audio.

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