« Nous sommes ici, pour nous rassurer que nos compatriotes ont eu droit à un enterrement digne« . Ces propos sont de l’Administrateur de territoire de Kalehe devant la presse ce samedi 6 mai 2023, peu avant l’enterrement de plus de 100 personnes décédées dans les inondations à Bushushu, dans deux fosses communes.
Ces même propos ont d’ailleurs été tenus par le Gouverneur de province du Sud-Kivu, vendredi 5 mai à Nyamukubi, également peu avant l’enterrement dans une autre fosse commune d’environ 70 personnes mortes dans les mêmes circonstances à Nyamukubi.
Triste réalité
En effet, après avoir passé deux jours d’exposition dans deux salles de classe à l’institut Bushushu, 110 corps des personnes mortes lors du drame de Bushushu ont été enfin enterrés dans deux fosses communes par les autorités locales , « sur ordre de la haute hiérarchie ».
La scène révolte des membres restés dans des familles: corps enveloppés dans des sacs, sachets puis entassés dans un grand trou. Pourtant, certaines familles se battaient toujours pour récupérer les corps de leurs membres pour un enterrement digne dans leurs familles respectives.
D’autres corps ont été enterrés dans les mêmes circonstances à Nyamukubi le vendredi, quelques heures seulement après le passage du Gouverneur dans la cité.
Enterrement digne?
Sur place à Bushushu, l’Administrateur du territoire a débarqué vers 14 heures locales avec une équipe de la Croix-Rouge et une autre de la division provinciale de la Santé. Accompagné par certaines autres autorités locales, celui-ci a ordonné la désinfection des corps, qui sera suivie d’un enterrement.
L’équipe de la Croix-Rouge ayant emballé les corps dans des sacs mortuaires, l’autorité territoriale a ordonné l’enterrement. Avant d’embarquer les corps dans un véhicule Fuso, plusieurs familles se sont interposées pour fustiger cet enterrement qu’elles ont estimé « indigne » de leurs membres.
L’administrateur a dû user de la force de son pouvoir pour pousser les familles à accepter sa décision, d’enterrer les victimes dans les deux fosses communes creusées par des engins de l’Office de route.
Les journalistes ont été formellement interdits d’accéder au lieu de l’enterrement par l’autorité territoriale. Il a d’ailleurs menacer d’arrêter journalistes récalcitrants. Pour nombreuses familles, l’enterrement « digne » promis par l’autorité provinciale, n’aura donc été qu’un leurre.
Entre-temps, des centaines de rescapés passent actuellement nuit à la belle étoile. Ces derniers ont tout perdu, lors de ce drame qui a emporté près de 3.000 maisons, fait plus de 220 morts, une centaine de blessés, et des hectares de champs dévastés.
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