Deux jours après le drame qui s’est produit jeudi dernier dans les villages de Bushushu et Nyamukubi, en territoire de Kalehe au Sud-Kivu, une crise humanitaire et sanitaire se dessine. Ce samedi 6 mai 2023, LaPrunelleRDC.info a fait un constat amer sur les lieux du drame.
Sur le plan sanitaire, les rescapés, tous des blessés (légers et graves) qui ont été accueillis dans des structures sanitaires sont abandonnés à leur triste sort. À l’hôpital de Nyamukubi par exemple, le responsable de l’hôpital confirme avoir reçu plus d’une centaine de rescapés. Ici, 2 personnes y ont rendu l’âme. Elles n’ont pas survécu aux blessures.
Pour ce qui est de la prise en charge, Dr Bauma Michel-Ange, Médecin Directeur de l’hôpital PSME de Nyamukubi, indique que 102 rescapés ont reçu des soins d’urgence avec les quelques intrants qui étaient disponibles.
Pour la plupart de personnes internées dans cet hôpital, on note des fractures ouvertes et fermées. Certains sont dans le coma et d’autres cas sont tout simplement dans le traumatisme.
Pas assez de ressources
De la salle d’accueil jusque dans les services de prise en charge, en passant par le service des urgences, ce sont des rescapés allongés ici et là. Les quelques infirmiers disponibles tentent de s’occuper de ces derniers.
L’hôpital semble débordé. Des enfants, femmes et leurs maris qui sont arrivés dans cette structure n’ont reçu que les premiers soins. Dès lors, tout s’est arrêté. Certains rescapés sont entassés à 3 voire 4 sur un même lit. D’autres dorment à même le sol.
Le Médecin directeur de l’hôpital PSME explique cela par l’insuffisance des ressources (humaines et matérielles) pour la prise en charge des rescapés.
» C’est un événement imprévu. On ne s’y attendait pas. La grande difficulté est liée à l’insuffisance des ressources, » explique le Dr Bauma Michel-Ange.
Celui-ci indique qu’au-delà de ces centaines de rescapés internés, d’autres sont arrivés dans cet hôpital et sont répartis après avoir reçu des soins ambulatoires.
Aucune aide du gouvernement n’a jusqu’à présent été donnée à cette structure médicale privée qui prend en charge les rescapés. Le Gouverneur de province qui a visité Nyamukubi vendredi, ne s’y est même pas rendu.
Jusque ce samedi, seul l’ONG Médecin Sans Frontières a dépêché une équipe sur place. Cette équipe a procédé à l’identification des cas graves pour une probable évacuation vers Bukavu pour des soins appropriés.
Si pour l’hôpital de Nyamukubi la situation est très compliquée, pour l’Hôpital Général de référence de Kalehe, les médecins et les infirmiers s’en sortent. Ces derniers se mettent à l’œuvre pour tenter de sauver les vies des rescapés. On parle de plus de 50 rescapés qui y sont pris en charge. D’autres seraient entrain d’être évacués à Bukavu pour les soins appropriés.
Une crise humanitaire sans précédent
Le drame s’était produit le « jour du marché » à Nyamukubi. Ce qui a alourdit le bilan. Plusieurs personnes ayant perdu la vie dans ce drame, laissent derrière elles des enfants, femmes et époux sans moyens de survie. La pluie a tout emporté.
Les économies des habitants ont tout simplement disparu. Boutiques, maisons de commerce, champs et autres ont été complètement détruits.
Plusieurs écoles et églises complètement détruites. Des élèves et enseignants du milieu n’ont pas échappé au drame. À Nyamukubi, un chef d’établissement rencontré renseigne que 80% des élèves de son école sont morts dans ce drame. Plus de 10 enseignants disparus dans cette catastrophe naturelle.
Des villages presque effacés de la cartographie du territoire de Kalehe. Une bonne partie de la Route Nationale N° 2 est engloutie par les décombres des maisons et les pierres des rivières Nyamukubi, Cishova et Lwano. Un seul moyen reste pour le transport des personnes : le transport par pirogue.
Les rescapés passent la nuit à la belle étoile à la merci des intempéries. Sur place à Bushushu et Nyamukubi, aucun habitant ne sait se trouver même une bâche pour un abri provisoire.
D’autres témoignent n’avoir pas mangé depuis jeudi dernier, le jour du drame. Une vielle dame rencontrée sur le lieu avec son petit fils lui laissé par sa fille décédée dans ce drame, dit n’avoir pas réussi à trouver quoi mettre sous la dent, elle et son petit-fils de moins d’un an.
Cette situation expose les vies des rescapés, qui n’ont plus rien et qui nécessitent une assistance d’urgence. Elle laisse également ces derniers dans un désespoir. Ces derniers crient au secours des autorités tant nationales que provinciales et des humanitaires. Jusque ce samedi soir, les organisations humanitaires tardaient à se déployer sur place pour soulager la souffrance des victimes.
Un commentaire
Pingback: Kalehe : Plus de 220 morts enregistrés à Bushushu et Nyamukubi, le bilan pourrait s’alourdir