Accès Humanitaire

    Vous le savez, la communauté Banyamulenge s’est réunie dans un dialogue intracommunautaire dans la ville de Kinshasa. Un dialogue tenu du 13 au 15 février 2020 et organisé par la Présidence de la République à travers le Mécanisme National de Suivi de l’Accord d’Addis-Abeba.

    A l’issue de ces travaux, une déclaration a été rendue publique. Laprunellerdc.info vous propose l’intégralité

    Nous, membres de la Communauté Banyamulenge, provenant de tous les continents, réunis du 13 au 15 février de l’année en cours, dans la ville de Kinshasa, dans le Forum Intra-communautaire, sur invitation du Mécanisme National de Suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, en partenariat avec ADEPAE et Interpeace, et sous le haut patronage de son Excellence Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République, Chef de l’Etat, pour  réfléchir sur la crise sécuritaire et humanitaire qui prévaut dans les moyens et Hauts plateaux de Fizi, Uvira et Mwenga, Soucieux de la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans les moyens et hauts plateaux ; 

    Affirmant qu’il ne s’agit pas d’un conflit intercommunautaire ni d’une guerre interethnique, mais bel et bien d’une guerre menée par une coalition des groupes armés connus, structurés et équipés avec des objectifs macabres contre notre communauté ; 

    Convaincu que cette guerre planifiée et injuste vise clairement l’épuration ethnique et le déracinement de notre communauté de la terre de ses ancêtres ; 

    Vu le bilan extrêmement lourd en terme des pertes en vies humaines, des destructions méchantes, des habitations et pillages de la quasi-totalité du cheptel bovin sur l’échelle de trois territoires au niveau des hauts plateaux; 

    Considérant que les actes et faits rapportés relèvent de l’idéologie basée sur la haine ethnique, de la persécution et de la discrimination d’une minorité en violation de la constitution et des lois de la République ; 

    DEMANDONS CE QUI SUIT: 

    A. Au Gouvernement 

    1. Protéger et sécuriser la population civile constituée de ressortissants 

    de la communauté Banyamulenge ainsi que des autres communautés voisines ( Babembe, Banyindu, Bafuliru et Bavira); 

    1. Débloquer en urgence les moyens nécessaires en vue de l’aide 

    humanitaire pour secourir la population en détresse (nourriture, médicament et couvertures) et pour la reconstruction des infrastructures et la réinstallation des populations ; 

    1. Renforcer l’autorité de l’Etat dans les moyens et hauts plateaux de 

    Fizi, Uvira et Mwenga ( administration, police, armée, justice), objet à des conflits récurrents ; 

    1. Poursuivre en justice les auteurs des crimes et des propagations des haines ethniques, y compris dans les réseaux sociaux ; 
    2. Prendre des mesures interdisant la politisation de la question de la nationalité par les politiciens en mal de positionnement ainsi que la discrimination liée au faciès ; 
    3. Faire voter une loi qui renforce la criminalisation et la répression du tribalisme et de l’expression et de la propagation de la haine ethnique; 
    4. Mettre en place une politique claire et assumée de l’unité et de la  cohésion nationales en l’insérant dans le programme de l’éducation et favoriser la réconciliation entre les communautés locales; 
    5. Sensibiliser et désarmer les groupes armés locaux et installer un centre DDR dans les moyens et hauts plateaux de Fizi, Uvira et Mwenga; 
    6. Eradiquer les groupes armés étrangers notamment le RED TABARA FOREBU, FDLR et FNL et les rapatrier dans leurs pays d’origine ; 

    10.Réhabiliter les chefferies Banyamulenge créées respectivement le 06 octobre 1891, le 03 juin 1906 et le 02 mai 1910 supprimées par un décret colonial injuste du 05 décembre 1933 du Ministre L. FRANCK; 

    Relever et sanctionner les commandants des unités déployées au niveau local qui se sont illustrés dans la complicité avec les groupes armés contre la population civile dans les moyens et hauts plateaux de Fizi , Uvira et Mwenga; 

    1. Poursuivre pénalement et juger en chambre foraine les auteurs des viols et assassinats commis dans les moyens et hauts plateaux par certains éléments des FARDC; 
    2. Reconstruire les villages incendiés qui se chiffrent à plus de 200, soit plus de 7000 maisons, y compris, les écoles, centres de santé, hôpitaux, les églises et toutes les autres infrastructures publiques : 
    3. Localiser le cheptel pillé encore détenu dans divers lieux et saisir les vaches qui sont vendues notamment sur les marchés de KABAMBARE, SALAMABILA, KINDU, LUGUSHA, KAMITUGA, MISISI, MUTAMBALA, KILEMBWE et les restituer aux propriétaires ; 
    4. Démanteler les réseaux mafieux et sanctionner les administratifs et les officiers impliqués dans le commerce des vaches pillées ; 
    5. Procéder à l’indemnisation et au dédommagement du préjudice subi par la population du fait du pillage systématique du cheptel évalué à plus ou moins à 125.852 têtes de bétail tuées ou emportées à ce jour; 
    6. Installer de manière effective les animateurs de la commune de Minembwe et autres nouvelles entités du Sud-Kivu à l’instar des villes de BARAKA, UVIRA et KAMITUGA dans le but de renforcer l’autorité de l’Etat; 
    7. Organiser des réunions tripartites HCR-Pays d’accueil-RDC pour le  rapatriement des membres de notre communauté réfugiés dans les pays voisins; 
    8. Mettre en place un programme et des projets de développement dans l’espace de moyens et hauts plateaux de Fizi, Uvira et Mwenga, intégrant toutes les communautés et visant à lutter contre la pauvreté; 
    9. Assurer l’urbanisation de la commune de Minembwe et la réalisation des routes reliant les trois Territoires. 

    B. A la Communauté Banyamulenge 

    1. Mettre en place des structures de concertations régulières en interne ainsi qu’avec d’autres communautés (BARZA INTERCOMMUNAUTAIRE) en vue de prévenir tout différend qui pourrait compromettre la cohabitation pacifique des communautés ; 
    2. Mettre fin aux divisions internes qui nuisent à l’harmonie entre membres de la communauté. Ce dialogue intracommunautaire témoigne de notre volonté d’y parvenir et baliser ainsi le dialogue futur avec les autres communautés ; 
    3. Promouvoir et soutenir les projets de développement d’intérêt commun en vue de consolider la cohabitation pacifique entre les communautés ; 
    4. Eviter la globalisation en cas de fautes commises par un membre d’une autre communauté ; 

    C. Aux Communautés voisines: 

    1. La commune de Minembwe relève de la loi. Elle ne peut être une justification à la guerre en cours. Elle ne doit plus être évoquée dans nos dialogues visant la paix et la cohabitation pacifique entre les communautés voisines. Dans tous les cas, les Banyamulenge ne peuvent pas répondre des décrets du Gouvernement; 
    2. Mettre en place des structures de concertation régulière avec d’autres communautés (BARZA INTERCOMMUNAUTAIRE) en vue de prévenir tout différend qui pourrait compromettre la cohabitation pacifique des communautés ; 
    3. Promouvoir et soutenir les projets de développement d’intérêt commun en vue de consolider la cohabitation pacifique entre les communautés ; 
    4. Eviter la globalisation en cas de fautes commises par un membre d’une autre communauté; 

    D. La Communauté Banyamulenge tient à faire les mises au point suivantes : 

    1. Elle ne soutient ni de loin ni de près un groupe armé. C’est à tort qu’on lui impute le groupe Gumino qui n’est qu’un groupe des militaires qui attendent la réinsertion au sein des FARDC ;
    2. Le groupe dit TWIRWANEHO (Auto défense) n’est qu’une organisation spontanée des jeunes et vieux dévoués à s’auto-défendre après avoir constaté la complicité et/ou l’inaction des FARDC déployées à Minembwe pour leur assurer la sécurité; 
    3. La désertion du col. RUKUNDA Michel des forces régulières relève d’une décision personnelle et ne peut être imputé à sa communauté. D’ailleurs plusieurs autres officiers des communautés voisines ont déserté avant et après lui sans que cela ne soit imputé à leurs communautés ; 
    4. La communauté Banyamulenge s’engage à participer au processus de sensibilisation dans le but d’obtenir un cessez-le feu immédiat afin de donner la chance au dialogue et la paix ; 
    5. La communauté Banyamulenge réaffirme son engagement, dans l’intérêt de la paix, de dialoguer avec les communautés voisines. Elle tend la main aux groupes armés locaux et les communautés dont ils sont issus. Elle sollicite au Gouvernement d’organiser ce dialogue ; 
    6. Elle s’engage à proposer un plan de sortie de crise ; 
    7. La communauté Banyamulenge réitère sa loyauté légendaire à la République et à toutes ses Institutions et s’engage à oeuvrer pour le rétablissement de la paix et de la sécurité, en particulier, elle renouvelle sa confiance dans les FARDC et s’engage à coopérer pour le retour de la paix. 

    Fait à Kinshasa le 15/02/2020 

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