Accès Humanitaire

    Médecins sans frontières (MSF) a récemment annoncé qu’il ferme ses activités dans les localités de Nizi et Bambu, dans le territoire de Djugu en province de l’Ituri, suite à l’insécurité et l’impunité des attaques contre son Personnel. En réaction, le Gouverneur de l’Ituri parle d’un « chantage », de la part de cette organisation avec qui il travaillait pourtant en étroite collaboration.

    «Ma réaction ne peut être qu’une réaction de regret. Le MSF a toujours été un partenaire avec qui nous échangions habituellement. Non seulement je suis étonné, mais aussi le fait qu’ils annoncent comme ça avec autant de publicité qu’ils quittent Nizi. Je ne sais pas si c’est pour effrayer davantage notre population ou c’est pour résoudre le problème. Les humanitaires n’agissent pas comme ça. Ça c’est un chantage. Je travaille avec tous les humanitaires en étroite collaboration,» a déclaré le Lieutenant-général Luboya Nkashama Johnny à RFI.

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    La décision de MSF a été motivée surtout par l’attaque armée le 28 octobre 2021 contre son convoi entre les localités de Kobu et Bambu faisant des blessés. MSF a affirmé lundi dernier, qu’il avait aux autorités une enquête sur l’attaque ayant visé son équipe, mais aucune suite ne lui a été réservée.

    Mais le Gouverneur de province affirme avoir remis à MSF le rapport des enquêtes diligentées par l’armée après cette attaque. Selon lui, ce sont des miliciens CODECO qui étaient impliqués

    «Ils ont eu cette attaque et nous avons fait des investigations. Et je leur ai donné des résultats que j’ai eus jusqu’ici. C’était des hommes des CODECO. Nous devons créer de l’espoir pour ces populations-là,» a déclaré le Gouverneur militaire.

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    MSF a également dit être « profondément troublé » par le climat d’impunité qui règne aujourd’hui dans cette partie de la RDC. Selon lui, cette attaque de Nizi et Bambu est intervenue en octobre, alors que juin 2021, l’hôpital général de référence de la ville de Boga, soutenu par MSF, avait également été sévèrement endommagé après des combats urbains. Douze personnes y avaient perdu la vie, plusieurs bâtiments, dont l’unité de soins intensifs, avaient été incendiés, et la pharmacie et le stock médical pillés.

    «Ils parlent d’impunité. Comment voudraient-ils que moi je puisse punir les CODECO ? Je suis déjà entrain de les combattre dans cette contrée. Je ne comprends pas. Sauf s’ils nous disent que ce sont des militaires qui ont commis cette embuscade,» a déclaré le Gouverneur militaire Luboya Nkashama.

    L’autorité provinciale affirme que MSF a brossé une situation « apocalyptique », alors que la population déplacée est entrain de rentrer dans ces zones.

    Mais pour MSF, la situation est « intenable ». «Cette décision nous bouleverse, car elle va avoir des conséquences désastreuses pour une population dont les besoins sont aigus,» a reconnu MSF, qui insiste cependant que les risques sont tout simplement « trop élevés » pour ses équipes de retourner dans ces zones en confiance.

    Avant cette fermeture, MSF avait décidé de suspendre temporairement ses activités autour des localités de Bambu et Nizi en novembre dernier. Ce qui a fait que centaines de milliers d’habitants n’avaient déjà plus accès à l’assistance médicale et humanitaire. Plus de 470.000 personnes, parmi lesquelles près de 175.000 résidant à Nizi, 176.000 à Bambu et 120 000 déplacées internes, étaient bénéficiaires des activités de MSF dans cette région, depuis 2018.

    Elisha Kindy

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