Accès Humanitaire

    Les violences commises à l’encontre des femmes et des filles, qui constituent déjà l’un des problèmes les plus graves auxquels nos sociétés font face en temps normal, s’aggravent lors des situations d’urgence, quelle qu’elles soient. La pandémie de COVID-19 ne fait pas exception.

    Les chiffres dépassent presque l’entendement ; avant même la COVID-19, quelque 243 millions de femmes avaient été victimes de mauvais traitements par un partenaire au cours de l’année écoulée.

    Il est presque certain que ce nombre est sous-évalué — selon les estimations, moins de 40 % des femmes porteraient plainte ou chercheraient de l’aide après une agression. De plus, le nombre de cas a augmenté en raison de répercussions sociales, psychologiques et économiques de plusieurs mois de confinement.

    La France et Chypre enregistrent une augmentation de 30 % du nombre de cas signalés depuis mars.

    Par exemple, à Singapour, un pays où l’épidémie a été contenue relativement rapidement, avec moins de 60 000 cas et 28 décès, les signalements de violences ont tout de même augmenté de 33 %.

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    Même les meilleurs systèmes de santé peinent à faire face à cette recrudescence, et les refuges pour les victimes de violence domestique sont proches de la saturation. Les difficultés sont d’autant plus grandes que les ressources généralement allouées à la lutte contre ce fléau sont réaffectées à la réponse à la COVID-19. Le coût, si l’on ne prend en compte que l’aspect financier, est estimé à 1 500 milliards USD — et le compteur continue de tourner alors que la pandémie se poursuit.

    Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé à un « cessez-le-feu » des violences domestiques face à une « horrible flambée mondiale ».

    « J’ai demandé qu’il soit mis fin à la violence. Partout. Maintenant. Mais la violence ne se cantonne pas aux champs de bataille. En fait, de nombreuses femmes et filles se retrouvent particulièrement exposées à la violence précisément là où elles devraient en être protégées. Chez elles », a-t-il déclaré.

    Les violences fondées sur le sexe ne sont pas seulement évitables ; il est possible de créer un monde sans violence dans lequel chacun a un rôle à jouer.

    Les 16 jours d’activisme pour mettre fin à la violence faite aux femmes, organisés par l’ONU du 25 novembre au 10 décembre, auront pour thème : « Orangez le monde : financez, intervenez, prévenez, collectez ! ». Cette campagne mettra en lumière l’ampleur de ce problème trop souvent ignoré, et fournira aux gouvernements et aux communautés des pistes pour intégrer des moyens d’action efficaces de lutte contre ce fléau dans leurs plans de réponse à la COVID-19.

    « Nous sommes alarmés par l’augmentation du nombre, pourtant déjà trop élevé, de cas de violence fondée sur le sexe depuis le début de la pandémie partout dans le monde », a déclaré Mirjana Spoljaric Egger, Championne internationale de l’égalité des sexes du PNUD, Sous-Secrétaire générale de l’ONU et Directrice du Bureau régional pour l’Europe et la Communauté d’États indépendants du PNUD.

    « La campagne des 16 jours de cette année est cruciale pour garantir que cette flambée mondiale reçoive l’attention nécessaire et pour sensibiliser à l’urgence de la situation. Nous n’avons plus de temps à perdre — la prévention et la réponse aux violences fondées sur le sexe doivent être intégrées efficacement dans les efforts de lutte contre la COVID-19. »

    Le PNUD recommande vivement l’adoption de politiques assorties d’engagements financiers à long terme pour l’aide aux victimes ainsi que pour les forces de police et la justice. Nous travaillons avec plus de 80 pays pour mettre fin et répondre à l’augmentation du nombre de cas de violence contre les femmes et les filles. Il s’agit notamment de veiller à ce que les besoins des victimes soient satisfaits et à ce que les femmes participent aux processus qui permettront de reconstruire en mieux, afin que leurs préoccupations, leur expertise et leurs opinions soient prises en compte à tous les niveaux de la réponse à la pandémie de COVID-19.

    Le Malawi, dont la riposte a été couronnée de succès, a notamment pris des initiatives pour favoriser l’autonomie financière des femmes. Le pays a mis en place des transferts en espèces, des allègements fiscaux, des formations pratiques et des dispositifs pour encourager les entreprises.

    Le Liban emprunte une voie similaire en intégrant la prévention des violences fondées sur le genre dans des programmes « travail contre rémunération ».

    Au Mexique, le PNUD, en collaboration avec ONU Femmes, a mis en place une ligne téléphonique et des plateformes en ligne pour venir en aide aux femmes vulnérables dans des centres LUNAS, des refuges où les femmes peuvent recevoir des allocations mensuelles et, le cas échéant, s’éloigner de leur agresseur.

    Au Botswana, les efforts déployés par la collectivité au sens large portent leurs fruits. Des chefs de tribu, des enseignants, des agriculteurs et des infirmiers du pays sensibilisent et conseillent le gouvernement au sujet des difficultés et des besoins de leurs villages.

    Le PNUD et ONU Femmes ont lancé le COVID-19 Global Gender Response Tracker. Cet outil recense plus de 2 500 mesures prises dans 206 pays pour répondre directement aux problèmes de sécurité économique et sociale rencontrés par les femmes, ainsi que des mesures pour lutter contre les violences fondées sur le genre. Jusqu’à présent, il en ressort que, même si de nombreux pays considèrent les besoins des femmes comme une priorité dans leur lutte contre la COVID-19, la plupart n’en font pas assez et environ 20 % des pays n’agissent pas du tout.

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    « Nous avons constaté que face à la COVID-19, la plupart des initiatives des pays intégrant la dimension de genre se concentraient sur la lutte contre les violences commises à l’encontre des femmes et des filles. C’est un bon début, mais ce n’est clairement pas suffisant », déplore Raquel Lagunas, la Directrice par intérim de l’Équipe Genre du PNUD. « Les gouvernements doivent renforcer les services de prise en charge des cas de violence fondée sur le sexe, les considérer comme essentiels et les intégrer dans leurs plans nationaux de relèvement, déployer à grande échelle des programmes et des politiques tenant compte de tous les aspects de la problématique, favoriser la participation active des femmes et leur donner des responsabilités. »

    La note de synthèse du PNUD sur les violences fondées sur le genre à l’heure de la pandémie de COVID-19 (Gender-based violence and COVID-19) propose d’autres mesures que les organismes de l’ONU, les gouvernements et d’autres partenaires peuvent prendre pour prévenir et répondre aux violences fondées sur le sexe dans le contexte de la COVID-19.

    Avec ONU Développement

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