Accès Humanitaire

    Testé Positif du Coronavirus, Vidiye Tshimanga Tshipanda, Conseiller du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo s’est exprimé sur son test jusqu’à sa prise en charge actuelle.

    Dans un long message publié sur Facebook, Vidiye Tshimanga Tshipanda raconte plutôt une histoire stressante pour celui qui souhaite recevoir des soins et espérer échapper aux conséquences de cette ravageuse maladie. Il lance également un message d’encouragement et d’espoir en appelant les uns et les autres à « démystifier » Coronavirus. Laprunellerdc.info vous la propose en forme d’une tribune.

    « Patient COVID-19 positif : 

    ​Il me semble nécessaire qu’au regard de ma sortie récente, je puisse raconter mon histoire. Je le fait avec l’espoir qu’elle puisse aider nos compatriotes, à comprendre les enjeux de cette maladie ainsi que ses conséquences si une communication adéquate n’est pas mise en place a temps.

    Chronologie d’une surprise peu agréable

    Dimanche 15 mars 2020

    Le dimanche 15 mars, je suis attaqué par un rhume, une toux et des sueurs froides. Les deux jours qui suivront, je me sentirai faible et ayant des douleurs à la tête ainsi qu’aux articulations.

    Lundi 16 mars 2020

    Je me rends à une réunion le lundi 16 mars, à laquelle j’échange avec Jacques Ilunga et d’autres collègues. Vu que ce jour-là, quelques cas de covid-19 avaient été reportés à kinshasa, nous avons tous pris les dispositions du respect des consignes en terme de distanciation sociale pour ne pas trop nous exposer les uns aux autres.

    Mardi 17 mars 2020

    Le mardi 17 mars (J-1), par acquis de conscience, je prends contact avec l’INRB afin de me faire tester ainsi que les membres de ma famille.

    Jeudi 19 mars 2020

    L’équipe des épidémiologistes de l’INRB vient a mon domicile le jeudi 19 mars(J-3) et procédé, pour toute la famille, aux prélèvements sanguins, buccaux et nasaux.

    Vendredi 20 mars 2020

    Le vendredi 20 mars (J-4), je reçois l’information selon laquelle, mon ami et collègue a fait un malaise cardiaque et est admis à l’hôpital HJ à Limete

    Dimanche 22 mars 2020

    Le dimanche 22 mars (J-6), je reçois un appel téléphonique de l’épidémiologiste qui me rassure que tous nos tests sont négatifs et qu’il viendra me les remettre en main propre le lendemain le lundi 23 mars.

    Lundi 23 mars 2020

    C’est le lundi 23 mars (J-7), dans l’après-midi aux environs de 15h30 que l’épidémiologiste répondra à mon questionnement sur ce silence en disant que faute de véhicule, il était dans l’incapacité de venir me rejoindre a mon domicile afin de me remettre les documents contenants les résultats des tests.

    Enfin, il a réussi et moi je n’avais pas eu de choix que d’attendre vu les consignes de confinement.

    C’est moi-même, en lisant les résultats qu’il me remet, qui remarque que les miens sont positifs contrairement à ce qui m’avait été dit par téléphone.

    A la lumière de cette information, ma mise en quarantaine est décidée ​Ipso facto​ et mon dossier transmis à l’équipe de « prise en charge » des malades atteints du CoVid-19.

    Mercredi 25 mars 2020

    Pendant 48h, donc jusqu’au mercredi 25 mars (J-9), je n’ai aucune nouvelle de l’équipe de prise en charge.

    J’appelle à nouveau de ma propre initiative les numéros qui m ont été remis et c’est ce même mercredi à 22 h 30 finalement, que le médecin en charge vient me visiter pour auscultation, prise de tension, saturation d’oxygène dans les poumons ainsi que la température.

    Les paramètres étant rassurants, il me prescrit le protocole adopté par l’équipe de riposte, à savoir la Chloroquine et le Zithromax.

    Compte tenu du fait que mon cas ne semblait pas présenter de signes de complications ainsi que le temps déjà écoulé, mon isolement sera maintenu à mon lieu de domicile comme c’est le cas pour d’autres malades dont l’état ne nécessite pas impérativement l’hospitalisation.

    Cette mesure a pour but de maintenir la disponibilité des places sur les sites hospitaliers afin d’optimiser les chances de succès d’une prise en charge rapide des patients dont les cas présentent de vraies complications.

    Vendredi 27 mars 2020

    Ce n’est finalement que le vendredi 27 mars (J-11), à 21:30 que je reçois la cure de chloroquine et le zithromax.

    Cauchemar du récit de la perte d’un ami (Vidiye Tshimanga Tshipanda)

    Le même vendredi j’apprends avec stupeur, que mon collègue Jacques est décédé. On m’apprend ce jour-là que pendant sa semaine de souffrance, il a été ballotté de l’hôpital ​HJ ​à celui du cinquantenaire, puis à Ngaliema . C’est le jeudi soir qu’il sera transféré dans un véhicule sans respirateur au CMK.​

    Malheureusement la situation irrécupérable vu l’état de détérioration de ses poumons, mon collègue et ami rendra l’âme le lendemain.

    On m’informe que l’une des causes du décès de mon ami et frère était que les équipes médicales sous-informées et craintives de la maladie COVID-19, ne se sont quasiment pas occupées de lui, ne lui donnant pas les soins adéquats.

    D’autres cas de décès de malades mal pris en charge m’ont été relatés.

    Samedi 20 mars 2020

    C’est ainsi qu’après toutes ces péripéties, je décide le samedi 28 mars (J-12), de rendre public mon diagnostic.

    Cette décision, j’ose espérer, permettra à nos concitoyens de prendre la mesure du risque que représente cette maladie.

    L’autre aspect de cette décision a pour dessein de démystifier et éviter que la peur et la psychose ne prennent le dessus sur la prévention, la prise en charge et le contrôle

    Samedi 28 mars 2020

    Le samedi 28 mars, une connaissance qui passait sa quarantaine aussi à son domicile est acheminée à l’hôpital CMK où on lui diagnostique après scanners, des lésions pulmonaires et il y est mis sous respirateur.

    Dimanche 29 mars 2020

    Le dimanche 29 (J-13), alors que je n’ai plus revu l’équipe de suivi car celle-ci est débordée par le volume de travail, je demande à mon médecin de prendre les dispositions nécessaires afin de faire les scanners de mes poumons.

    Vu que cette maladie sournoise n’est curable que lorsque l’on s’y prend à temps pour la contrer, je suis satisfait de ma décision malgré tout ce que cette pandémie peut amener comme questionnements quand on est un patient testé positif.

    Le CMK nous informe, le dimanche 29 mars, qu’ils ne font pas de scanners le dimanche sauf pour les urgences, mais que nous pouvons nous y rendre le lundi 30 (J-14).

    Lundi 30 mars 2020

    A 10:00 le lundi, l’ambulance vient me prendre à mon domicile et m’emmène à l’hôpital CMK. Arrivé au CMK, une responsable en panique, nous éconduit en clamant qu’elle me connaît et que le CMK refuse les cas atteints du COVId-19.

    L’ambulance m’emmène ensuite à l’hôpital HJ à Limete où les dispositions ont été prises afin de me faire passer ces fameux scanners. A l’HJ, en moins de 20 min tout était fait.

    Dès le 2eme jour de prise de la cure de chloroquine couplée au zithromax, mes essoufflements ont disparu et je me sens de mieux en mieux.

    Mardi 31 mars 2020

    Aujourd’hui, mardi 31 mars 2020 (J-15), soit 13 jours après avoir été testé positif au COVID-19 et au 4ème jour de ma médication, je présente tous les signes d’un bon rétablissement.

    COVID-19 Prévenir ou laisser mourir

    Malades et proches stigmatisés

    J’entends et je lis beaucoup de choses, sur mon cas, ainsi que sur d’autres. J’ai appris dernièrement que des familles sont pointées du doigt parce qu’il y aurait des personnes atteintes de ce virus chez eux.

    J’ai moi-même vécu l’expérience de mes collaborateurs, chauffeurs et relations, qui sont stigmatisés et même menacés dans certains cas.

    C’est le manque d’information qui entraîne ce genre de psychose et de panique. ​

    C’est ce même manque d’information ​qui entraîne que le corps médical, sous-informé et certainement sous-équipé, n’arrive pas à répondre avec sérénité à cette crise qui selon toute vraisemblance, prendra encore de l’ampleur.

    Nous ne devons pas craindre ce virus qui ne tue que moins de 5% de ses malades, mais par contre nous devons nous en préserver au maximum par des gestes simples, tel que tous ceux qui sont annoncés par le ministère de la santé ​en collaboration avec l’OMS.

    Lire aussi: ”Cette maladie n’est ni une honte ni une fatalité”, Vidiye Tshimanga Tshipanda atteint du Covid-19 insiste sur l’information et la prévention

    Mon récit n’a pas pour objet de jeter la pierre au système de santé de la RDC, ni même aux institutions qui ne tarissent pas d’efforts afin de répondre avec résultats à cette pandémie,​ ni d’ouvrir les hostilités​ ​avec qui que ce soit​. Mais plutôt de conscientiser nos compatriotes afin que les gestes intelligents et constructifs soient posés.

    Je tiens fermement à tirer la sonnette d’alarme afin que les mesures d’information soient prises et que chacun de vous se fasse le relais de ce combat.

    Le taux de pénétration de l’Internet et des médias est très faible dans notre pays, même dans une ville comme Kinshasa. ​

    « Véhiculer la bonne information », conseille Vidiye Tshimanga Tshipanda

    Je vous invite donc en tant que citoyens, à vous mobiliser afin de véhiculer la bonne information.

    Certains hôpitaux refusent de participer à la lutte contre ce fléau, souvent de peur de faire fuir sa clientèle. Cela est contraire au serment d’Hypocrate et ne pourra que contribuer à creuser un fossé entre les populations.

    Je sais pertinemment bien que je suis un privilégié vu mon statut et mon parcours. ​Il est tout aussi vrai et connu,​ que les hommes ont tendance à profiter des événements graves pour déstabiliser ou tirer des avantages​ de la situation et alimenter des agendas​ politiques.

    Dans, le cas présent a mon humble avis, il est temps que tous les congolais tournent leurs regards sans agendas cachés en faisant front commun au Covid-19 via l’unité et la cohésion.

    A cet effet, certains présidents étrangers, dans des pays bien mieux préparés que le nôtre, parlent d’une guerre contre ce virus. Il est connu que lorsqu’une nation va en guerre, il n y a plus de tribus, plus de différences, plus de partis. Nous devons être UN face à l’adversaire.

    Ce fléau a été rendu public en décembre 2019 par la Chine , mais nous savons qu’il faut remonter à plusieurs semaines auparavant.

    Lire aussi: Coronavirus : Vidiye Tshimanga, un des conseillers spéciaux de Félix Tshisekedi testé positif à Kinshasa

    Pendant 4 mois au moins, la Chine infectée a eu des interactions avec le monde entier et en particulier avec notre pays la RDC. Combien de commerçants chinois, congolais ou autres ont fait des allers retours Chine-RDC pendant cette période?

    Aujourd’hui les États Unis dénombrent bien plus de cas que la Chine qui a trouvé la réponse à cette épidémie. De même la France, l’Italie, la Belgique, l’Afrique du Sud , et tant d’autres pays sont touchés par ce fléau. Tous ont eu des interactions avec notre RDC.

    Ne nous voilons pas la face. En Europe on fait plus de 16.000 tests par jours dans certains pays comme l’Allemagne. Chez nous en RDC notre capacité de test ne dépasse pas les 150 par jours dans les meilleures conditions.

    Cela sous-entend clairement que le nombre de cas en RDC doit être bien supérieur à ce qui est annoncé avec toute la bonne volonté à ce jour.

    Les points encourageants, c’est d’abord le fait que plus de 95% des malades vont se soigner comme pour une mauvaise grippe.

    Il ne faudra donc répondre avec force que pour moins de 5% des infectés.

    Vidiye Tshimanga Tshipanda: “assumons-nous et affrontons cette bête!”

    Pour éviter les cas graves, il faudra prendre des dispositions plus drastiques pour les personnes à risques ayant des complications tels que les diabétiques, asthmatiques, obèses et toute autres personnes souffrant de maladies qui affaiblissent les défenses immunitaires.

    Il faut aussi savoir que plus tôt est soignée la maladie et plus nos chances de nous retrouver dans les 95% de cas bénins sont grandes.

    Alors au lieu de se cacher, au lieu d’avoir honte, assumons-nous et affrontons cette bête!

    J’ose me dire et partager avec vous ma réflexion que​, même si ce n’est pas encore vérifié scientifiquement, ​le fait que​ nos populations ​ont​ été exposées depuis la tendre enfance au paludisme et à ses médicaments tels que la chloroquine, il se pourrait que nos organismes soient plus résistants au Covid-19 que d’autres.

    Ce serait là un beau clin d’œil du Seigneur pour nos populations​ qui ont connu déjà bien trop de maux​.

    Voilà, j’espère que ma santé sera rétablie au plus vite et que je pourrai enfin témoigner avec un test Négatif.

    Que Dieu nous guide et nous protège.

    Vidiye Tshimanga Tshipanda »

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