Accès Humanitaire

    La maladie à coronavirus, qui défraie la chronique à l’échelle mondiale, ne risque pas de s’arrêter au seul désastre lié aux milliers d’humains qu’elle emporte chaque jour. Le pire reste à venir, si on en croit les experts du domaine de la psychiatrie.

    De nos jours, la pandémie à COVID-19 semble être attribuée à une certaine catégorie de personnes, les autres se croyant totalement indemne. Cette perception des faits, qui n’est fondée sur aucune base scientifique, est récusée par le psychiatre Philippe Amani Busane de l’Hôpital de Panzi. Dans une analyse qu’il a partagée avec la rédaction de Laprunellerdc.info, Dr Philippe Amani démontre qu’aucune couche sociale n’échappe à la nocivité de la pandémie sur le plan psychique.

    Tant pour les malades que pour les non-malades, la pandémie présente des répercussions sur la santé mentale de la communauté mondiale, comme décrit par le psychiatre, dans cette Tribune.

    « Cette maladie est non seulement mortelle mais aussi, et surtout, elle a des conséquences graves sur le psychisme de l’homme. Malade ou pas malade, tout le monde est porteur des symptômes psychique liés au COVID-19. 

    Chez les non malades, les symptômes sont : la peur, l’insomnie, la fatigabilité, l’attitude figée sur un problème [aux désintérêts d’autres], la restriction alimentaire, l’anesthésie intellectuelle et plusieurs signes somatoformes. A force de suivre la télévision et d’écouter les émissions radio, de regarder les réseaux sociaux, bon nombre des gens, sans pour autant être malades, sans pour autant être physiquement en contact avec les personnes malades, commencent à développer des symptômes qui n’ont aucune explication biologique. D’autres personnes sont mentalement dissociées, on dirait eux n’existent pas dans ce monde. Cela s’explique par le refus de port des maques, le refus d’appliquer les mesures barrières. Les autres sont même devenus obsessionnels sans le savoir.

    Quant aux malades, ils courent un grand risque de développer la dépression sévère qui souvent se complique de  suicide, surtout  si l’annonce du diagnostic n’est pas bien fait. D’autres développent une dépersonnalisation en ayant l’impression qu’ils ne sont pas eux [qu’ils ont été changés]. Par moment c’est une déréalisation soutenu par un désespoir de vivre.

    L’annonce brutale du diagnostic est plus mortelle que le COVID-19 lui-même. Cette annonce bouleverse la vie des malades qui se voient candidat à une mort programmé. Elle stimule  la voie du stress en libérant les hormones des stress qui, à leur tour, inhibent notre immunité qui pouvait nous protéger de ce virus. Les contacts des malades quant à eux ne sont pas sortis de l’auberge car non seulement le stress va les envahir en affaiblissant leur système immunitaire, mais aussi ils vont subir l’impensable [suite au rejet communautaire] et risque d’un suicide samsonique très élevé.

    La voie d’issue pour contrer la prolifération des affections psychiques

    Le monde doit se réveiller et lancer déjà une prise en charge collective des manifestations psychiques jusque-là occultés car ‘le présent’ nous  annonce déjà des complications psychiatriques sévères dans l’avenir, avec des nouvelles nomenclatures. Le nombre de personnes qui restent avec des blessures psychiques, à cause de la perte des leurs, dépasse de très loin le nombre des décès que la presse nous présente régulièrement.

    Nous devons nous protéger tout en protégeant les autres. Il ne s’agit pas des gestes barrière seulement, mais aussi le respect de la dignité humaine en gardant le secret médical à qui de droit. Divulguer le nom et l’image  d’un malade, ou d’une personne contact dans la communauté, c’est une façon de le tuer avant  le COVID 19. Nous devons éviter de stigmatiser les malades et les personnes contacts car ils sont comme nous et ils n’ont pas voulu porter ce statut.

    Nous demandons aux prestataires de santé de se rappeler du serment d’Hippocrate et de ne pas  oublier qu’ils sont tenus par le secret professionnel, et qu’aller à l’encontre de cela les expose à des poursuites judiciaires »

    Dr. Philippe AMANI BUSANE,

    Médecin-Psychiatre,

    Chef de Service de Psychiatrie de l’HGR de Panzi

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