Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a organisé ce vendredi 19 mars 2021 à Bukavu, une conférence en ligne sur la protection de la population civile en temps de conflit dans le contexte Covid-19. Au cours de cette conférence, différents intervenants ont noté que les violations du Droit International Humanitaire (DIH), sont de moins en moins poursuivies en cette période de Covid-19.
L’un des orateurs, Professeur Thomas Furaha, qui a parlé de l’impact du Covid-19 sur le respect du DIH pendant les conflits armés, rappelle que le contexte de cette pandémie a conduit plusieurs états à adopter des mesures de confinement général; interdisant des rassemblements des personnes, et de fois confiner des individus à domicile.
«Dans ce contexte, la diffusion du DIH même au sein des Forces armées s’est beaucoup estompée. Des écoles et universités ont été fermées pendant des longues périodes, il était devenu difficile de diffuser le DIH au sein des couches estudiantines. Nous savons que les violations du DIH sont faiblement poursuivies en contexte normal. Ce qui fait que le contexte du Covid-19 ne pouvait que donner un coup d’accélérateur, évidemment en arrière, à cette obligation qu’ont les Etats,» dit-il.
Le Professeur Thomas Furaha ajoute en plus du manque de volonté politique, les difficultés même pour les juridictions de fonctionner, étant donné que certaines étaient réduites en cette période, à s’occuper du strict minimum.
«Ce sont les hommes, les femmes, et les enfants pris au piège des conflits armés, qui sont les plus vulnérables face à cette pandémie en cours. Le respect du DIH contribuerait efficacement à réduire les souffrances des populations, et à limiter les conséquences humanitaires des conflits,» dit-il.
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Egalement, le Professeur Pierrot Chambu a estimé que plus les parties aux conflits armés ne respectent pas le DIH, plus la pandémie aura des conséquences néfastes sur la situation des personnes protégées.
Au cours de cette vidéo conférence diffusée en direct à la Radio Maendeleo et à la radio Universitaire à Bukavu; cet Orateur a rappelé certaines règles du DIH, notamment le fait qu’il interdit aux acteurs armés d’attaquer les réserves d’eau; que les organisations humanitaires impartiales comme le CICR ont le droit d’offrir leurs services pendant le conflit armé; ou encore que les civils déplacés ont droit d’être accueillis dans des conditions satisfaisantes.
«Mais le contexte de Covid-19 peut poser un sérieux problème d’accès aux soins de santé des personnes victimes de viol pendant le conflit armé. Alors que les règles du DIH protégeant les civils ne peuvent faire l’objet d’aucune dérogation. Et même une situation de pandémie mondiale ne peut être considérée comme un motif d’y déroger,» a-t-il dit.
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Quoi qu’il en soit, le CICR continue d’initier des actions visant à promouvoir le Droit international humanitaire, allant de la sensibilisation à des formations.
«Le CICR a un mandat de promotion, diffusion et développement du DIH. A ce titre, nous avons le service consultatif en DIH qui est chargé de soutenir les autorités nationales à la mise en œuvre du DIH. Ces autorités, c’est l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Nous publions aussi des fiches techniques, des lois modèles pour la mise en œuvre nationale des traités de DIH; et nous menons des études de compatibilité des lois nationales avec le DIH , en soutien aux Etats. Le CICR organise aussi des formations d’experts en DIH, et soutient l’enseignement du DIH dans les universités (concours de plaidoiries, séminaires de haut niveau),» a dit Claudine Mushobekwa, du Service consultatif en DIH au sein du CICR/Sud-Kivu.
Marcellin Chira du CICR, ajoute que suite aux différentes mesures restrictives qui ont été mises en place par le Gouvernement en cette période de pandémie; le CICR a mené des sensibilisations auprès de différentes unités des FARDC et de la PNC sur le respect du DIH; mais aussi auprès des acteurs non-étatiques à Salamabila (Maniema), Fizi et Uvira (Sud-Kivu) notamment.
Museza Cikuru