Pour le professeur Philippe Kaganda de Bukavu, le prix Nobel attribué au professeur Denis Mukwege ne signifie pas qu’il vise désormais le siège présidentiel, parce dit-il, le prix Nobel est déjà au-dessus du siège présidentiel. Celui-ci estime par ailleurs qu’il n’est pas exclu que le docteur Mukwege serve les autres, si on le lui demande.
« Disons également que ce n’est pas l’occasion pour la communauté Internationale d’interpeller, de légitimer ou d’imposer la personne de Denis Mukwege pour diriger la République Démocratique du Congo. Je veux prendre les mots de celui qui n’est pas avec nous, Mupira qui disait la fois dernière, nous étions sur la Radio Maendeleo (Une radio de Bukavu) ; il y a combien des présidents qui se sont succédés sur le trône à travers le pays, combien d’entre eux ont reçu le prix Nobel ? Ça signifie que ce prix Nobel est au-dessus du siège présidentiel. On ne peut pas viser moins que ce que l’on est déjà, en d’autres termes si par ce prix Nobel on peut vous demander de servir encore les autres tant mieux, (parce que Mandela était là, Declercq était là. Et donc il ne faut pas faire des confusions, suivre des discours de détracteurs. Évidemment, entre l’obscurité et la lumière il y a une dualité persistante. Et à un moment il faut suivre le chemin de la lumière j’imagine. Et donc ça ce n’est pas un le véritable problème, notre engagement social et politique est ainsi tranché ! ».
Le professeur Philippe Kaganda rappelle la position de plusieurs professeurs lanceurs d’alerte sur des élections dans les conditions actuelles au pays. Il rappelle qu’il faut une transition citoyenne pour préparer les bonnes élections et éviter le pire dans l’avenir.
« On parle simplement d’une transition citoyenne. C’est une hypothèse mais si celle-ci se confirme, chacun d’entre nous sera responsable, et bien les élections organisées dans ces conditions, (soit d’ailleurs tel que nous y sommes, soit que ces élections n’auront pas lieu), même s’il y a eu des parades dans cette salles pour signifier que les élections sont incontournables à la date prévue. Soit que ces élections n’auront pas lieu, soit qu’elles vont se tenir dans les pires des conditions et nous serons dans la catastrophe. L’état ne peut pas chaque fois créer des conditions de son autodestruction, il faut qu’en un moment on prenne une option courageuse pour que finalement la société puisse se relever. Ça c’est le combat de tout le monde, ce n’est pas seulement le combat de Denis Mukwege, ce n’est pas le combat de ceux qui en parlent, ça doit être un combat collectif inspiré par ceci de force, que nous venons d’obtenir à travers ce prix Nobel obtenu par Denis Mukwege. En fin chers journalistes, agissez comme congolais, allons-y et accompagnons le prix Nobel de la Paix parce qu’il est le nôtre, nous sommes tous des Nobel. C’est une nouvelle identité positive” dit-il encore.
Les acteurs de la société civile du Sud-Kivu et la Dynamique des Professeurs lanceurs d’alerte ont félicité le vendredi 19 dernier, le Docteur Denis Mukwege pour le prix Nobel de la Paix lui octroyé le 5 octobre 2018 dernier.
Au cours d’une conférence de presse conjointe dans la salle Concordia de l’archevêché de Bukavu, les organisateurs avaient signifié qu’ils visaient à expliquer au peuple le sens de cette reconnaissance afin qu’il puisse s’en approprié.
Eric Shukrani