Expliquer aux femmes vendeuses des poissons frais le prescrit de la loi sur la vente de poissons qui est celui de l’incinération de tout lot de poisson qui connait une rupture de la chaîne du froid. C’est l’essentiel d’une rencontre organisée ce samedi 2 Mars 2019 dans la salle de réunion du PFCGL à La botte en commune d’Ibanda dans la ville de Bukavu.
Plusieurs participants ont relevé que la pénurie des poissons dans la ville de Bukavu est due au fait que les exportateurs préfèrent laisser les poissons à Cyangugu au Rwanda au lieu de les amener à Bukavu. Or, quand ces poissons traversent, ils rompent la chaîne du froid et deviennent nuisibles à la santé, rappelle l’État.
Au cours de cette rencontre, les responsables étatiques ont pris la résolution de les rencontrer et discuter avec ces entrepreneurs qui laissent leur marchandise au Rwanda pour épargner la population des retombées néfastes qui découlent de cet état « qui facilite le fractionnement et surtout la fraude ».
« …nous sommes en train de vouloir faire respecter la loi du pays qui demande à ce que la chaîne du froid soit respectée»
L’État veut faire respecter la loi
«Il y a une règlementation, il y a au fait une rupture de la chaîne du froid, ce que les mamans vendeuses des poissons ne comprennent pas. Dès que les poissons sortaient de la chaîne de froid, il y a la loi congolaise qui interdit que ça soient consommés, donc on les détruit car il y a des mesures d’hygiène qu’on doit faire respecter. Le ministre de la santé a expliqué les conséquences que ça peut avoir sur la santé publique, mais tout en respectant une sorte de démarche qui vise qu’ il y ait quand même du poisson sur le marché dans la ville de Bukavu» explique le ministre du Commerce Muller Ruhimbika
Pour le ministre de la santé et ministre de la l’Agriculture ad interim, la plus grande mesure d’hygiène qu’on doit respecter à la frontière en ce qui concerne ces poissons est de ne pas rompre la chaîne du froid.
« Plus la chaîne du froid est rompue, il y a risque que ces poissons soient avariés et ça un impact sur la santé de la population et c’est là que nous sommes en train de vouloir faire respecter la loi du pays qui demande à ce que la chaîne du froid soit respectée» insiste Vincent Cibanvunya.
Pour lui, l’Etat ne peut pas laisser la population consommer des poissons avariés car c’est pire pour la santé et plus couteux en termes des soins pour les habitants consommateurs.
Cibanvunya appelle à la conscience collective surtout à l’endroit des services aux frontières qui doivent agir pour faire respecter ces mesures.
«la facilitation du commerce signifie le respect des procédures et des normes ainsi que les infrastructures aux frontières»
Même son de cloche pour le Coordonnateur du Projet de Facilitation du Commerce dans la Région des Grands (PFCGL) qui estime également que cette mesure n’entrave pas le commerce dans la région car, dit-il, «la facilitation du commerce signifie le respect des procédures et des normes ainsi que les infrastructures aux frontières».
Célestin Buchekuderhwa ajoute que quand les lois congolaises interdisent quelque chose, le PFCGL ne peut pas aller outre. Ici, l’important est que le commerce se fasse sans tracasserie, fait-il remarquer.
Celui-ci révèle par ailleurs que le PFCGL prévoit construire une chambre froide et doter des panneaux solaires aux infrastructures frontalières pour lutter contre cette interruption de la chaîne du froid.
Il faut protéger les plus faibles
De son côté la société civile, estime que c’est une bonne chose d’avoir des lois qui protègent la population contre la maladie mais plaide pour des lois qui protègent les plus faibles.
« L’esprit des lois c’est pour protéger les plus faibles qui sont les veuves et les orphelins et aussi longtemps que ces femmes n’auront pas des sources des revenus protégés par l’état; notre combat nous aussi ne cessera pas là. C’est une bonne chose d’avoir de lois qui nous protègent contre toute forme des maladies mais aussi il est du devoir de l’Etat de mettre en place des lois qui protègent ces femmes qui doivent subvenir aux besoins de leurs familles, payer le loyer à la fin du mois, s’assurer que les enfants vont à l’école. Nous, nous avons choisi de discuter avec les services de l’Etat, ceux qui ont la charge de la province pour leur dire que c’est de leur devoir de s’assurer qu’il y a une solution qui, en même temps protège un grand nombre de la population, protège notre économie mais aussi prend soins des plus démunis» souligne Nicolas Kyalangalilwa, membre de la Société Civile du Sud-Kivu qui accompagnait les vendeuses des poissons.
Les petites commerçantes quant à elles demandent aux gouvernants de lever la mesure d’interdiction d’importation des poissons ayant rompu la chaîne du froid pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Madame Kubota, une vendeuse présente à la rencontre affirme que depuis que les services de l’Etat interdisent l’entrée des poissons en rupture du froid à partir du Rwanda, leurs conditions de vie vont de mal en pis.
Pour rappel, une vingtaine de femmes vendeuses des poissons frais étaient en sit-in la matinée de lundi 25 février 2019 devant un entrepôt de la Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA) à la place Mulamba, quartier Nyalukemba dans la ville de Bukavu.
Elles disaient manifester afin de réclamer leurs marchandises ravies le samedi 23 et dans la matinée du lundi 25 février par des agents de cette régie étatique. Une mesure plutôt légale, selon les officiels.
En attendant, la ville de Bukavu manque du poisson et toutes les parties promettent de poursuivre les discussions pour débloquer la situation en faisant respecter les lois Congolaises.