Accès Humanitaire

    La rémunération du personnel académique, scientifique, administratif, technique et ouvrier de l’Université Catholique de Bukavu (UCB) est désormais prise en charge par le Gouvernement congolais.

    Un arrêté signé depuis mars dernier par le Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire (ESU) a rendu effective cette prise en charge, depuis le mois de juillet dernier, à travers le paiement des salaires des membres du personnel de l’UCB, par le Trésor public.

    Ce document consulté par Laprunellerdc.info, précise que cette prise en charge est liée au fait que l’UCB, institution de droit privé, fait face à des difficultés financières, vu que son financement dépend essentiellement du minerval des étudiants dont les parents arrivent « difficilement » à supporter le coût.

    L’UCB, classée par le Ministère de l’ESU parmi les meilleures universités du pays, compte également un grand nombre de ses enseignants, dont la prise en charge par les seuls parents d’étudiants pesait lourd, « dans un contexte de rétablissement après les conflits armés qui ont ravagé tout le pays, particulièrement dans sa partie Est ».

    Le Ministère de l’ESU a considéré que ces difficultés financières risquaient d’entraver la progression de l’UCB comme « pôle d’excellence » au service de la société, nécessitant par conséquence, l’appui financier de l’Etat congolais.

    Gestion par l’UCB

    La convention de collaboration signée en février dernier entre le Ministre de l’ESU Muhindo Nzangi et l’Archevêque François-Xavier Maroy, Président du Conseil d’Administration de l’UCB, indique que l’UCB demeure institution privée à caractère confessionnelle, bénéficiant des subventions de l’Etat.

    Le Gouvernement s’est donc engagé à octroyer des numéros matricules aux membres du personnel de l’UCB, qu’il devra mécaniser et rémunérer, conformément au grade de chacun. Il devra également accorder des frais de fonctionnement à l’UCB.

    En ce qui concerne la gestion, elle demeure sous la responsabilité de l’UCB. Le Gouvernement ne fera qu’entériner la nomination des membres du Comité de Gestion de l’UCB, nommés par son Conseil d’Administration, auquel participera un membre désigné par le Gouvernement.

    L’UCB reconnait que ce paiement des salaires des membres de son personnel est l’aboutissement final de plus d’une dizaine d’années d’efforts et de patience, qui ont vu de nombreuses correspondances adressées au Gouvernement à ce sujet par les membres des Comités de direction antérieurs ainsi que le soutien et les interventions de l’Archidiocèse de Bukavu, pouvoir organisateur de I’UCB, via l’Archevêque Maroy, qui s’est souvent impliqué lui-même, notamment par des contacts personnels.

    Baisse des frais académiques

    Dans un communiqué publié le 29 août 2022, le Recteur de l’UCB, M. Kanigula Mubagwa, a fait savoir que cette prise en charge de l’UCB par l’Etat va entraîner la baisse des frais académiques.

    «Bien que cette prise en charge soit en principe une excellente nouvelle pour l’Université, elle implique des changements et adaptations qui pourraient causer, pour certains membres de la communauté de I’UCB, un nombre de problèmes ou de difficultés. Plusieurs préoccupations sont exprimées par des membres du personnel, principalement ceux du corps académique. En effet, la prise en charge pourrait obliger l’UCB à procéder à une diminution des frais académiques payés par les étudiants â partir de l’année académique 2022-2023. Ce qui devra entrainer (à moins qu’il n’y ait un accroissement exceptionnel du nombre d’étudiants) une diminution des revenus à partir desquels sont payés les salaires des membres du personnel. II est donc très probable que ces salaires (ou « primes locales ») vont diminuer en comparaison avec ce qui est payé aujourd’hui par l’Université,» indique-t-il.

    Le Recteur indique que pour les personnes à présent exclusivement affiliés à l’UCB, cette diminution de la prime locale sera compensée par le salaire payé par l’Etat, qui va s’ajouter. Mais pour les personnes qui perçoivent déjà un revenu de l’Etat par leur affiliation hors UCB, la diminution de la part qu’ils percevaient de I’UCB entrainerait une diminution de leur revenu total.

    «Dès l’annonce de la « mécanisation » effective des membres du personnel de I’UCB par le Ministère du Budget, l’Université a dû procéder au choix (porté sur la Rawbank) d’une banque pour le payement des salaires, qui a déjà été communiqué au Ministère. Mais des erreurs sur la liste des membres du personnel ont été constatées, qui nécessitent correction,» indique le Recteur de l’UCB.

    M. Kanigula Mubagwa annonce qu’une « Commission de suivi de la prise en charge » est mise en place pour les corrections et ajustements à apporter d’urgence à la liste des membres du personnel. Mais aussi pour entrevoir des adaptations du minerval et des primes locales à la nouvelle situation (Ce dont il faudra tenir compte dans l’élaboration imminente du budget de l’année 2023).

    Celui-ci considère que la prise en charge de l’UCB par l’Etat permet de donner accès aux études à plus de candidats, et soulage également la situation financière « difficile » des familles. «Grace à elle, I’UCB peut envisager de continuer à se développer et à mieux remplir ses missions d’enseignement, de recherche et de service à nos communautés,» indique-t-il.

    Classée parmi les meilleures universités de Bukavu, l’UCB est également parmi les institutions les plus chères au Sud-Kivu. En G0, G1 et G2 par exemple, les étudiants ont payé cette année un peu plus de 600 dollars. En G3, c’est plus de 800 dollars pour certaines facultés, alors que d’autres ont payé près de 1.000 dollars. En L1, c’est autour de 800 pour certaines promotions, et 900 pour d’autres. Mais en L2, les étudiants des facultés comme le Droit, l’Économie et l’Informatique ont payé plus de 1.200 dollars, alors que d’autres ont payé un peu plus de 1.300 dollars.

    Museza Cikuru

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