Accès Humanitaire

    Radio Maendeleo a réuni ce mardi 12 octobre 2021 des journalistes, autorités provinciales et urbaines à Bukavu au Sud-Kivu. Dans une table ronde, ces derniers ont échangé autour de la question liée à l’accès à l’information publique.

    Dans son mot, Raïssa Kasongo, Chargée des Programmes chez Radio Maendeleo, a rappelé que l’accès à l’information se fonde sur l’Article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui garantit à tous le droit de chercher, de recevoir et de répandre les informations et les idées, par quelque moyen que ce soit. Elle cite également l’article 24 de la constitution de la RDC, qui consacre le droit d’accès à l’information comme un droit humain, en disposant que «Toute personne a droit à l’information».

    A en croire la modératrice du jour, en mettant autour d’une même table les journalistes et les autorités, Radio Maendeleo a voulu que ces derniers discutent sur le bien-fondé de l’accès à l’information publique, et comprendre pourquoi certaines informations à caractère public sont souvent tenues secrètes.

    Plusieurs journalistes responsables des médias ont au cours de ces assises, donné des témoignages sur l’accès difficile à l’information, dans l’exercice de leurs fonctions. C’est entre-autres Justin Kyanga, Directeur de la Radiotélévision Vision Shala, Honneur-David Safari, Journaliste au média en ligne LaprunelleRDC.info, mais aussi Thaïs Bagula, Directeur de Radio Maendeleo.

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    Thaïs Bagula, explique par exemple que les journalistes ont difficile à accéder aux informations d’état, notamment en ce qui concerne l’exécution du Budget. Selon lui, les informations diffusées sont très souvent liées à seulement ce que les autorités ont accompli.

    «C’est vrai que nous diffusons des informations des bourgmestres, le Gouverneur a fait ceci… On a besoin de ces informations. Mais il y a une catégorie d’informations que nous n’avons pas, c’est par rapport à l’exécution du budget. C’est vrai, on nous invite lorsqu’il y a des réunions, des forums, où l’on se parle des priorités. Mais lorsqu’il faut évaluer qu’est-ce qui a été fait et ce qui n’a pas été fait, combien on a récolté car le budget est une provision, personne n’est capable aujourd’hui de vous dire que la commune de Bagira par exemple, a prévu ça et a déjà réalisé ça. Plutôt on vous brandit les quelques actions qui sont déjà réalisées» explique-t-il.

    Honneur David Safari, a quant à lui estimé que toutes les rédactions sont devenues des « rapporteurs », parce qu’elles n’accèdent pas à la bonne information.

    «Les rédactions ne savent plus regarder ces informations officielles et les critiquer. Aujourd’hui, nous nous contentons de ce qui est donné par des Cellules de communication, et nous diffusons cela. Toutes les personnalités publiques et politiques ont déjà quelque chose qu’elles appellent cellule de communication et les journalistes ne peuvent pas aller plus loin que ce que ces Cellules ont pondu parfois accompagné des injures. Nous demandons l’information aux autorités mais nombreuses ne sont pas du tout prêtes. Le traditionnel refrain secret d’Etat ou la hiérarchie, Kinshasa n’a pas autorisé arrive» déplore-t-il.

    De sa part, Justin Kyanga a estimé que le droit d’accès à l’information devrait être clarifié par les législateurs, parce que les autorités déclarent très souvent qu’il y a des informations que les journalistes doivent avoir et celles auxquelles ils ne doivent pas accéder.

    «C’était une occasion de plus de devoir nous remettre en cause nous journalistes, mais aussi essayer de comprendre les raisons qui font que les dépositaires des pouvoirs publics par moment, sont réticents pour mettre à la portée des journalistes l’information correcte, sur la manière dont la cité est conduite. Et là ça pose réellement problème pour le droit d’accès à l’information consacré par la constitution. Nous avons compris qu’il y a par moment des raisons valables qui peuvent faire qu’une autorité soit réticente de mettre une information à la portée des médias,» estime-t-il. 

    Mais le Coordonnateur de la Cellule de communication du Gouvernorat de province du Sud-Kivu, Désiré Kyakimwa, rassure que tant que l’information restera publiquement consommable, il n’y a pas de quoi la retenir.

    «Nous devons savoir de quelle information nous avons besoin, et qu’avant de chercher cette information, vous-même vous devez savoir pourquoi devrions-nous avoir cette information? Est-elle publiquement consommable ? Si les autorités publiques ne vous donnent pas cette information-là, faut-il s’en prendre à elles ? Si certaines autorités sont réticentes à livrer certaines informations, c’est parce qu’elles estiment que ces dernières ne sont pas publiquement consommables. Parce que cette information peut, au lieu de résoudre un problème ou changer un comportement, risque de créer davantage de problèmes et de confusions,» explique-t-il.

    Et au Chef de bureau a.i de la commune d’Ibanda, Aristide Barhigenga, de reconnaitre qu’il est important pour les journalistes de faire un travail de qualité, et aux autorités de laisser à la presse l’accès aux informations, à temps réel.

    «Je ferai davantage pour restituer ces échanges. Ça nous a ouvert des horizons pour qu’à la prochaine les activités évoluent normalement. Il y avait crise de confiance de part et d’autre, et dès lors qu’on a aplani les vues, je pense que désormais le journaliste devra savoir quand il va vers l’autorité, comment se comporter et l’autorité n’aura pas le peur et la crainte de mettre à la disposition des médias et des journalistes, l’information. Nous devons collaborer,» ajoute-t-il.

    Signalons qu’au cours de cet atelier tenu à l’hôtel Delicia à Bukavu, les participants ont proposé des stratégies à développer, pour que les journalistes aient un accès facile à l’information publique.

    Cette acticité entre dans le cadre du projet visant à contribuer à la gouvernance démocratique au Sud-Kivu, que Radio Maendeleo exécute depuis 2017, grâce à l’appui de 11.11.11 Belgique.

    Abiud Olinde

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