Plusieurs acteurs politiques du Sud-Kivu ont une lecture différente de la déclaration de l’Union Africaine demandant à la Cour Constitutionnelle de la RDC de suspendre la proclamation des résultats de la présidentielle en attendant l’arrivée de sa délégation à Kinshasa. Au cours de l’émission « Tribune du Changement » de la radio Svein, émettant de Bukavu ce samedi 19 janvier plusieurs acteurs se sont montrés très critiques à l’égard de cette demande de certains chefs d’Etats Africains.
Le premier à s’exprimer c’est Christopher Bisimwa Safari Président Fédéral de l’ARC et membre du camp Lamuka de Martin Fayulu. Lui salue cette déclaration de l’Union Africaine, même s’il pense qu’on ne devrait pas en arriver là si la CENI avait dit le « vrai vainqueur » de la présidentielle.
«La déclaration de l’UA est responsable et nécessaire dans la consolidation de la paix et la concorde dans le pays et aussi longtemps qu’il y a des gens qui veulent voler les voix du peuple. Personnellement je ne suis pas content que l’UA puisse s’ingérer dans les affaires du Congo. Mais il n’y avait pas d’autres moyens étant donné que nous avons été floués par la CENI. » dit-il.
Georges Musongela élu député provincial et Secrétaire Exécutif adjoint en charge du processus électoral de l’UNC estime pour sa part que ce n’est ni à l’Union Africaine ni à l’Union Européenne, moins encore à la SADC de répondre aux revendications de Lamuka.
«Même si l’UA proclamait aujourd’hui Martin Fayulu président, cette décision n’aura aucun n’impact aussi longtemps que les institutions légalement établies ne l’ont pas proclamé. Je me demande qu’adviendrait-il si la cour constitutionnelle proclamait Fayulu vainqueur. Lamuka va-t-il refusé le résultat en attendant la décision de l’UA ? » s’interroge Georges Musongela.
Elie Habibu communicateur du FCC en province et responsable d’une structure réunissant des politologues en province, regrette le fait que des candidats à la présidence de la RDC soient fabriqués à l’extérieur.
Il ne s’étonne tout de même pas de cette immiscions de certains chefs d’Etats Africains dans les affaires internes de la RDC car, dit-il, « les opposants ont passé tout leur temps à discréditer les institutions du pays à l’extérieur ». Il cite notamment la CENI et la Cour Constitutionnelle
« La déclaration de l’UA ne viole pas seulement la souveraineté de la Cour Constitutionnelle, elle viole également la charte de ladite organisation qui stipule que la constitution d’un pays est au-dessus de la charte. Nous, nous somme défenseurs de la souveraineté de notre Etat. Le recours de Lamuka a été introduit à la Cour Constitutionnelle et pas à l’UA ni à l’UE. De ce fait, ces autres institutions sont non saisies.» tranche ce politologue.
Même son de cloche pour le politologue Théodore M’seme, porte-parole de la Fédération de l’UDPS Bukavu. Il dénonce également le deux poids, deux mesures dans la considération des problèmes des Etats.
Il considère que la Martin Fayulu de la Coalition « Lamuka » n’a jamais voulu les élections mais se bat pour le retour de Moise Katumbi. C’est pourquoi, dit-il, il n’est pas venu avec les preuves à la Cour Constitutionnelle.
« L’UA est un conglomérat des dictateurs qui ne font que se soutenir. Pourquoi on n’avait pas vu l’UA se lever au Gabon quand Jean Ping revendiquait la victoire ? Pour quoi ne l’a-t-on vu au Congo Brazaville, au Rwanda avec Victoire Ingabire et Jeanne Rwigara ? » s’interroge-t-il sous un ton sévère.
L’Union Africaine a appelé jeudi 18 janvier 2019 dans la soirée, à la suspension des résultats définitifs notamment ceux de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018 en RDC.
Une déclaration intervenue à l’issue d’une réunion consultative de haut niveau réunissant les chefs d’État et de gouvernement à Addis-Abeba, pour procéder à un échange de vues sur la situation en République Démocratique du Congo (RDC) à la suite des élections législatives présidentielle, nationales et provinciales du 30 décembre 2018.
La réunion était présidée par le président de l’UA Paul Kagame, à laquelle assistaient une dizaine des chefs d’État et des gouvernements ou leurs représentants de la SADC, de la CIRGL et d’autres parties prenantes du continent Africain.