Une leçon de manifestation pacifique. Voilà ce que l’on peut dire de la manifestation organisée ce mardi 5 mars par la population algérienne pour dire non au cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.
Elle répondait à l’appel des étudiants. Des cortèges sont arrivés de différentes facultés d’Alger et se sont réunis. Il y avait plusieurs milliers d’étudiants autour de la grande poste, qui protestaient pancartes à la main demandant un renouvellement des équipes dirigeantes du pays.
Ce qui était nouveau ce mardi, c’est que l’on voyait des enseignants aux côtés des manifestants. Une organisation de professeurs de l’université avait appelé les enseignants à se joindre au mouvement. Il y a eu donc des professeurs dans le cortège, dans le centre de la capitale.
Le chef d’état-major était en visite ce même jour à l’académie militaire de Cherchell et il a accusé ce qu’il appelle « certaines parties » de vouloir ramener l’Algérie aux années de « braise et de douleur », estimant que « certains étaient dérangés par la stabilité » du pays.
Une référence aux années 1990 et au terrorisme que les autorités lient souvent aux grandes manifestations d’octobre 1988 et aux demandes de changement de cette époque. Et il a assuré que l’armée était déterminée « à garantir la stabilité acquise ». C’est la deuxième fois qu’Ahmed Gaïd Salah s’exprime sur ces manifestations et il avait eu un discours similaire le 26 février dernier. Il s’agit d’un argument récurrent dans les discours depuis le début du mouvement, les autorités soulignant que les appels à manifester sont anonymes.
Le Premier ministre avait ainsi fait la comparaison avec la situation en Syrie, en estimant qu’un mouvement qui commençait avec des fleurs pouvait se terminer de façon dramatique. Et, à l’inverse, l’un des arguments des défenseurs du cinquième mandat, c’est aussi qu’Abdelaziz Bouteflika est celui qui a ramené la stabilité. Et Ahmed Gaïd Salah, 79 ans, fait partie du premier cercle de proches du président algérien.
Pourtant, c’est bien ce discours lié au risque pour la stabilité que dénoncent les étudiants qui ont manifesté ce mardi dans tout le pays.
A Alger, les étudiants ont affirmés à RFI qu’ils ne se laisseraient pas faire. « Nous ne sommes pas la Syrie, nous savons ce que nos parents ont vécu », expliquaient-ils.
Dans la capitale, la manifestation qui a réuni des milliers d’étudiants de différentes facultés a duré près de sept heures, le tout dans le calme et la bonne humeur.
Un élément important à signaler, les étudiants s’étaient organisés pour nettoyer les rues après le passage des manifestants une façon de prouver aux détracteurs des manifestations qu’ils sont engagés à ce qu’elles restent pacifiques.
Rappelons qu’Abdelaziz Bouteflika 82 ans a été victime en 2013 d’un grave accident vasculaire cérébral, il voit son état de santé se dégrader progressivement sa mobilité est réduite et il n’est quasiment plus en mesure d’effectuer des apparitions publiques.
Après 20 ans passés au pouvoir il est encore candidat à sa propre succession quand certains chercheurs disent de lui « incapable à gouverner. »
Thomas Uzima